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En grève le 8 mars, pour leurs droits

On était au rassemblement organisé à Marseille.

Par
Ouissem
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Ce lundi 8 mars 2021, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, iels ont décidé de faire grève. Colleuses d’affiches, étudiant.e.s, militant.e.s anti-raciste, lesbiennes, femmes et hommes trans, réfugié.e.s… Toutes ces personnes, rassemblées sur le Vieux-Port de Marseille, ont demandé à ce qu’on respecte leurs droits. Tous leurs droits. Nous étions sur place pour écouter, mais surtout relayer leurs revendications. Sans filtre.

Pour un plan féministe de transformation

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« Construire des stratégies communes pour lutter contre l’exploitation de nos vies et de nos corps. Depuis des années, la lutte se construit par-delà les frontières. Le mot d’ordre de la grève est passé de la Pologne à l’Argentine et aujourd’hui résonne à Marseille. Notre appel est le résultat d’un travail collectif de réflexion sur un système capitaliste, patriarcal, impérialiste et hétérocentré. Nos revendications sont transversales. Durant la pandémie, notre travail a été essentiel. Aujourd’hui, nous sommes absentes de notre travail pour crier haut et fort nos revendications. »

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« Les féministes s’organisent pour lutter contre le patriarcat. Nous proposons dès à présent la mise en place d’un plan féministe de transformation et de reconstruction sociale. Cette année 2021 est marquée par la libération de la parole des victimes d’inceste et révèle les violences sexuelles systémiques de la sphère familiale qui est aussi le lieu des violences conjugales. »

« Nous demandons la démission de Gérald Darmanin, accusé de viol d’abus de pouvoir envers les femmes, responsable de l’oppression policière, à l’initiative d’une pensée idéologique raciste. Nous nous opposons à l’offensive sécuritaire du gouvernement. Nous exigeons le retrait de la loi sécurité globale. »

Les refugiées, premières victimes du patriarcat

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« Nous, demandeuses de papiers ou réfugiées, sommes les premières victimes de ce système patriarcal. Je travaille de 6h à 17h30. Un travail de 11h à 12h par jour, 6 jours sur 7, pour 30 euros la journée. Je suis considérée comme une employée polyvalente : je fais le ménage, la vente, les courses, la préparation des repas. Je fais tout ça pour 30 euros et je n’ai pas une seule heure de pause. Je suis victime de facteurs de vulnérabilité qui laissent les employeurs nous exploiter, nous les femmes. J’en connais des tas de femmes dans cette situation qui n’ont pas les moyens et sont dos au mur. Le 8 mars me permet de parler au nom de toutes ces femmes qui cherchent une vie stable et digne. Nous nous joignons pour la première fois à un appel transnational à la grève le 8 mars. »

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« Nous, lesbiennes et trans, avons promis de ne pas lâcher. Nous sommes le 8 mars 2021, et nous avons tenu parole. Aujourd’hui, nous faisons grève pour avoir le choix de faire des enfants. En 2021, la PMA sera enfin ouverte, mais ce ne sera pas l’année où elle sera ouverte pour tou.te.s. L’Etat a voulu passer par une loi bioéthique pour nous donner accès au droit, mais nos droits ne sont pas une question de société. Ce n’est pas une question débattue dans une assemblée hétéro pendant 2 ans. Deux années de haine lesbophobe et transphobe. »

« Le patriarcat n’a plus de raison d’être »

« En tant qu’homme trans, je tiens à rappeler que le 8 mars, c’est aussi une journée pour nos droits. Si je suis là aujourd’hui, c’est parce que mes droits et mes chances ne sont pas les mêmes qu’un homme cis. Je ne laisserai personne dire le contraire. C’est aussi pour représenter les personnes non-binaires qui existent, elles sont légitimes dans leur identité de genre. »

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« Mes amies se sont fait menacées aujourd’hui, elles se sont faites agressées sexuellement, elles ont reçu des mains au cul. On en a marre que les hommes se permettent de nous toucher, de nous dévisager, de nous insulter, de nous menacer, de nous frapper. J’ai vécu une agression sexuelle au sein de l’IEP, soit disant l’élite. Ce sont les pires porcs que je n’ai jamais vu. Ça suffit ! Le patriarcat n’a plus de raison d’être, le patriarcat doit brûler. »

« Nous nous revendiquons d’un féminisme anti-raciste et en cela, nous dénonçons l’instrumentalisation d’un féminisme à des fins islamophobes contre les femmes qui portent le voile. Nos choix de vie ne doivent pas être un prétexte à produire de la violence et de la stigmatisation de la part du gouvernement qui fait du voile un problème public. Nous exigeons l’abandon immédiat du projet de loi contre les séparatismes qui n’est qu’un épouvantail pour stigmatiser les personnes de confession musulmane. Nous ne voulons plus d’une police coloniale et raciste. Nous revendiquons un féminisme anti-carcéral. »

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« Pendant un siècle, nous avons été privées de la langue des signes. Un siècle d’interdiction et de privation. Nous souhaitons la reconnaissance pleine et entière de la langue des signes. Nous avons le droit d’être pleinement citoyen.ne.s. Et pour nous, femmes sourdes, c’est encore plus compliqué. Je suis victime de viol, je vais voir la police pour porter plainte, on va me dire : on va passer par l’écrit ou démerde toi. Je dois payer de ma poche l’interprète ?! C’est aussi une forme de violence. »