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7 films que vous avez peut-être ratés en septembre
En cette rentrée marquée par les pénuries (de chauffage, de moutarde, de fun), l’offre ciné est plus riche que jamais. Que ce soit en salles ou en streaming, les productions présentées dans les grands festivals comme Cannes ou la Mostra commencent à atterrir sur nos écrans. Et étrangement, une grosse partie de ces sorties ont un point commun: leur aspect clivant et la détestation, parfois préemptive, qu’elles ont attiré. Hé oui, LA tendance de l’automne 2022, c’est de décider si les films sont bien avant même de les avoir vus – ça, et le col roulé. Certes, beaucoup de films dans cette liste appartiennent à la catégorie « ça passe ou ça casse ». Mais vous savez quoi ? Il n’y a rien de mieux que de se faire son propre avis !
À voir en salles
Si vous voulez voir la machine à ragots de la décennie… Don’t Worry Darling
C’était le meilleur feuilleton de l’été : que s’est il passé sur le tournage de Don’t Worry Darling, deuxième long métrage de l’actrice et réalisatrice Olivia Wilde ? Entre sa romance illicite avec l’acteur Harry Styles, le remplacement de dernière minute de Shia LaBeouf, ou encore le conflit mystérieux avec l’actrice principale Florence Pugh, qui a refusé de promouvoir le film, les coulisses de la production fascinent la presse et les amateurs de ragots depuis de nombreuses semaines.
Cela ne devrait en aucun cas vous dissuader de voir le film, qui contient lui aussi son lot de rebondissements et de mystères. Don’t Worry Darling se déroule dans une communauté faussement idyllique de Californie, où les femmes sont au foyer tandis que les hommes travaillent sur un projet énigmatique. Cette dystopie inventive, dont il vaut mieux ne rien révéler, permet une nouvelle fois à l’incontournable Florence Pugh d’étaler tout son talent. Et confirme qu’Olivia Wilde, toute accablée qu’elle est par la presse people, est une réalisatrice à surveiller.
Si vous voulez un film qui ne méritait vraiment pas un tel bad buzz… Rodéo
Beaucoup ont condamné le film de Lola Quivoron avant même qu’il ne sorte… Pourtant, ce premier long métrage acclamé à Cannes est un des meilleurs projets français de l’année (et contrairement à ce qui en a été dit, ne parle pas vraiment de rodéo urbain).
Julia est une jeune femme amatrice de vitesse et d’adrénaline, qui vole des motos et tente de se faire une place dans un milieu résolument masculin. Lola Quivoron développe une atmosphère sombre et envoûtante, et dresse le portrait d’une héroïne fascinante, loin des clichés, incarnée par une Juliet Ledru magnétique. Un film qui mérite bien mieux que la polémique qui l’a entouré.
Si vous voulez une dinguerie queer et engagée… Feu Follet
C’était une des offrandes les plus délicieusement tarées du festival de Cannes : ce film de João Pedro Rodrigues suit le fils du roi du Portugal qui, en pleine prise (ou crise) de conscience écologique, décide de devenir pompier. Une fois dans la caserne, le jeune homme développe une attirance pour l’un de ses camarades… Entre science fiction, érotisme queer, pamphlet politique et comédie musicale, Feu Follet est un ovni qui joue avec les frontières et les limites du genre pour notre plus grand plaisir.
Si vous voulez de l’humour scato… Sans filtre
La deuxième Palme d’or de Ruben Ostlund (après The Square) a fait hurler de rire une bonne partie du public cannois avec son humour bête et méchant. On y suit un couple d’influenceurs qui décident de participer à une croisière pour ultra-riches… Jusqu’à ce que tout tourne mal. Soyez prévenus : cette farce anti-capitaliste ne fait pas vraiment preuve de subtilité. Son point d’orgue ? Une longue séquence scato aussi délirante que répugnante.
Si vous voulez un film qui met tout le monde d’accord … Les Enfants des Autres
Après son superbe Une fille facile, Rebecca Zlotowski confirme un peu plus son statut de réalisatrice française incontournable. Son nouveau long métrage s’intéresse à la figure de la belle-mère, souvent caricaturée ou sous-représentée au cinéma. Rachel, quarante ans et sans enfant, tombe amoureuse d’Ali et développe par la même occasion une relation complice avec la petite fille de 4 ans de ce dernier.
Le film explore avec délicatesse les nombreux enjeux du rôle souvent ingrat de la belle-mère : jouer un rôle maternel pour un enfant qui n’est pas le sien, tout en restant une « figurante » qui devra s’effacer et disparaître de la vie de l’enfant en cas de rupture. Alors que Rachel s’interroge sur son propre désir de maternité, le film propose une réflexion plus large sur la filiation sous toutes ses formes: profs, amis, famille, bref, toutes celles et ceux qui sont un jour amenés à incarner une figure parentale. Un film magnifique qui souligne une fois de plus le talent sans limite de Virginie Efira.
Mieux que l’algorithme
Si vous avez juste envie d’un peu de calme… Redécouvrez les films de Kelly Reichardt sur OCS
Après vous être arraché les cheveux devant les films très clivants de cette liste, rien de tel qu’une petite séance de méditation forestière en compagnie de Kelly Reichardt. À travers ses œuvres, cette cinéaste indé explore comme aucune autre le territoire de l’Amérique de l’Ouest. En ce moment, OCS met en avant une grande partie de sa filmographie : l’occasion de (re)découvrir le western aride et féminin La Dernière piste, de vous laisser porter par le road movie mélancolique Old Joy ou encore de vous émouvoir devant le lien puissant entre une jeune vagabonde jouée par Michelle Williams, et son adorable chien (Wendy et Lucy).
Bonus streaming…
Blonde (Netflix)
Le hot topic du moment, c’est ce faux biopic de Marilyn Monroe, réalisé par Andrew Dominik (L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford) et adapté du roman tout aussi sombre et corrosif de Joyce Carol Oates. Blonde réimagine le destin de cette sex symbol américaine à travers un montage kaléidoscopique, oppressant et parfois choquant. Son propos violent met en exergue l’objectification et l’exploitation subies par l’actrice au fil de sa vie et de sa carrière. Une immense expérience de cinéma (qu’on aurait bien aimé voir… au cinéma).
Athena (Netflix)
Ce nouveau projet de Romain Gavras (Le Monde est à toi), co-écrit par Ladj Ly (Les Misérables) remixe les codes du film de guerre et de la tragédie grecque, pour raconter le soulèvement d’une cité suite à une énième affaire de violence policière. C’est un film rentre-dedans, aux ficelles parfois grossières et aux personnages (notamment un dealer hystérique) parfois crispants. Mais c’est aussi et surtout une œuvre spectaculaire et follement intense, faite de plans séquences époustouflants et d’images indélébiles qui subliment la colère des protagonistes. Comme Blonde, le film aurait vraiment mérité d’être diffusé sur grand écran pour être apprécié à sa juste valeur.