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Sexisme et fêtes de famille : le guide de survie

Une pro de la punchline nous aide à trouver les mots justes.

Par
Pauline Allione
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C’est probablement entre les toasts au saumon et le foie gras que les premières remarques sexistes risquent de fuser. « Toujours pas casée toi ? ; Et les enfants, c’est pour quand ? ; T’aurais pu t’épiler quand même ! ; Deux parts de bûche, t’es sûre ? » Mettons la scène sur pause un instant : vider votre coupe de champagne sur la cravate bariolée de cet oncle ne vous apportera rien d’autre qu’une brève satisfaction et une anecdote marrante à raconter. Pour le faire taire sans déclencher une troisième guerre mondiale, mieux vaut miser sur une punchline aiguisée. On a demandé à Marion, la créatrice du compte Instagram Punchlinettes, de nous apprendre l’art de remballer les sexistes en quelques mots.

UNE RÉPARTIE AFFUTÉE

On a tous déjà connu cette frustration, après une engueulade ou une remarque dans la rue, de ne trouver les bons mots que bien plus tard. Même celle qui tient les commandes de Punchlinettes : « J’ai beau réfléchir toute la journée à des punchlines pour la communauté, je n’ai pas un sens de la répartie naturellement, et il m’arrive de sécher ». Preuve en est que la répartie n’est pas innée, mais peut se travailler.

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Sur Instagram, Marion propose régulièrement un exercice dans lequel chacun peut imaginer la meilleure punchline à répondre à une remarque. « On peut chercher un jeu de mots, un synonyme ou un antonyme, souligner le côté paradoxal de la phrase… » avance la pro du phrasé anti-sexiste. L’exercice est plus simple par écrans interposés, puisque l’écrit laisse le temps de la réflexion et la possibilité d’effacer et de recommencer. Une marge d’erreur précieuse qui n’existe pas IRL, mais « plus on s’entraîne, plus on sera à l’aise si ça arrive un jour », assure Marion.

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TROUVER L’INSPIRATION

Une bonne punchline, c’est aussi une punchline inspirée. « L’idée c’est de répondre avec sarcasme, donc on peut chercher ça dans des films, des livres, des tweets… Les gens sont très drôles sur Twitter ! » L’inspiration est partout, et pas uniquement dans les sujets directement liés au féminisme : l’objectif est de décontenancer l’auteur de la remarque, pas de l’éduquer. Cependant, l’amener à réaliser qu’il est relou constitue déjà un premier pas.

Les relous de nos familles font d’ailleurs tous les mêmes réflexions, ce qui permet finalement de mieux se préparer à ces moments-là. À Noël dernier, la créatrice de Punchlinettes remarquait ainsi la récurrence de trois thèmes dans les témoignages qu’elle a reçus. « On m’a beaucoup parlé de sujets d’actualité, et de comparaisons sur les droits des femmes entre différents pays ainsi que du corps féminin, avec des remarques sur l’épilation, ou cet oncle qui fera un commentaire sur la poitrine plus développée de sa nièce. Sans surprise, les témoignages les plus fréquents concernaient « les femmes célibataires ou les couples sans enfant ». Mais pour faire comprendre à ses proches qu’on est très bien seule, mieux vaut éviter la sortie de route.

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POUR ÉVITER LE FLOP

« C’est celui qui dit qui est », ça n’a jamais marché, même pas en primaire. On évite donc de renvoyer les mêmes arguments à son interlocuteur, sous peine de tomber dans un débat stérile. Mieux vaut également s’abstenir d’énoncer des généralités, qui vont à l’encontre de la lutte contre le sexisme dont le but est justement d’en finir avec les stéréotypes. Même chose pour les attaques liées « au corps, à l’intelligence et aux parties génitales » qui vont seulement créer un cercle vicieux, avertit Marion.

La répartie anti-sexisme ne repose pas non plus sur les mères. Si le show américain Yo Mama a fait des vannes commençant par « et ta mère » sa spécialité, n’oublions pas que les mères sont d’abord des femmes et qu’elles ne méritent aucunement ce flot d’insultes gratuites. D’ailleurs, on évite les insultes de façon générale, « d’autant que beaucoup sont étroitement liées au sexisme » souligne Marion. Mais ça, si vous ne voulez pas que le réveillon dégénère, vous savez déjà qu’il vaut mieux s’en passer.

Drop the mic.

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