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Sibyllin est un artiste engagé dans la valorisation de la langue corse mais aussi de toutes les langues « minoritaires ». D’autres causes lui tiennent également à coeur, il les exprime désormais en slam. Son dernier titre Sans contact interroge poétiquement et sobrement notre nouvel ordinaire depuis un an de pandémie. Si vous ne le connaissez pas encore, c’est normal: vous êtes au bon endroit.
Félicitations pour ton titre Sans contact et son clip qui connaissent un beau succès !
Merci ! C’est une chanson slam sur l’émergence de cette société sans contact qui anime en ce moment notre quotidien. Ça a parlé aux gens mais c’était un pari à petite échelle. Au final, ça a pu rayonner largement par l’intermédiaire du web et des réseaux sociaux. C’était une grande surprise et une grande satisfaction. Toucher les gens, c’est le but de la musique.
Peux-tu nous parler un peu de ton parcours musical ?
Moi, je suis passionné par la musique depuis mon plus jeune âge. J’aime beaucoup MC Solaar, Ben Mazué, Grand Corps Malade, Yseult, Angèle. J’ai commencé à chanter tardivement. Arrivé à l’université, un ami m’a initié aux chants traditionnels corses. Ça a été une révélation et j’ai fait partie de différents groupes de musique corse. J’ai même sorti un album avec le groupe Vogulera où je me suis beaucoup investi dans l’écriture des textes et la composition.
Comment as-tu découvert le slam ?
Je suis venu au slam naturellement. J’ai voulu tenter l’expérience en 2019 avec un premier titre sur le thème des incendies en Amazonie, Pray for Amazonia. Un cataclysme écologique qui m’a touché et pour lequel de nombreuses personnes se sont insurgées sur le web. En fait, ça m’a incité à m’exprimer en poésie. La forêt amazonienne brûlait et les médias étouffaient un peu l’affaire. Je voulais éveiller les consciences et favoriser les questionnements. Et ça a fait mouche. C’était un peu mon baptême de feu dans le slam, c’est le cas de le dire ! Je ne m’attendais pas à cet accueil.
J’ai ensuite écrit un texte sur les soignants que j’ai également partagé, En première ligne, en hommage au personnel. Ça a énormément touché les gens aussi. Après cela, je n’avais pas d’autres choix de refaire un slam avec une musique et c’est comme ça que Sans contact est né.
Comment t’y prends-tu pour écrire et composer ?
Au niveau de l’écriture, c’est très simple : quand j’ai quelque chose en tête, j’essaie vraiment de le mettre sur papier le plus vite possible. Quand j’ai un déclic, je mets à profit ma nuit voire deux, pour laisser libre cours à l’inspiration. J’essaye d’écrire simplement, avec des mots, des rimes, que tout le monde peut s’approprier. Cela vient très souvent de l’actualité, ça part des déceptions ou de situations qui m’interpellent. Je fais en sorte que ce soit le plus spontané possible, je ne surfais pas mes textes, j’essaie qu’ils soient les plus bruts et authentiques possible.
Au niveau musical, personnellement, je joue de la guitare et du piano. Pour Sans contact, je me suis entouré de musiciens et d’un compositeur, Jonathan Paldacci. Je trouve que le piano et le violon se marient très bien avec le slam. On a voulu proposer quelque chose d’efficace puisque le titre ne dure que 2mn45. Un slam de plus de 4mn est difficilement audible et peut paraître monocorde. Là, on a voulu faire quelque chose de court sans pont musical au milieu, aller droit au but. Sobre mais intense dans l’émotion et le message que l’on voulait délivrer.
Est-ce que la pandémie t’a permis d’écrire d’autres textes ?
Oui j’en ai d’autres sur le grill. Je voudrais faire un EP dans les mois qui viennent, si possible. Il y a d’autres sujets que je voudrais explorer. J’ai aussi des collaborations qui se dessinent avec d’autres artistes. D’ici quelques jours, je vais sortir une reprise de la chanson Nous de Julien Doré. J’ai l’honneur de faire ce duo avec une artiste bretonne, Maela Le Badezet. Elle à la harpe et moi à la guitare. Après, j’ai une autre collaboration en discussion avec un slameur suisse que j’aime beaucoup et qui a une actualité débordante. J’espère que cela va se concrétiser. On a réussi avec Sans contact à nouer des contacts un peu partout ! C’est très enthousiasmant et ça me motive pour l’EP.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
On espère que pour cet été Madame Bachelot va mettre en place des mesures pragmatiques et volontaristes pour redonner toute la place que doit avoir la culture dans la vie des gens. La culture, c’est quand même l’imaginaire, le rêve, le divertissement. Tout ça nous manque. On ne peut pas rester toute notre vie chez nous pour regarder la TV ou jouer à des jeux de société. Un bon concert, une bonne pièce de théâtre, c’est revigorant et ce sont des éléments indispensables dans la vie de la plupart des gens. Pour beaucoup, la culture est la nourriture de l’esprit.
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