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Entrevue : Grand Corps Malade – Le slameur de ces dames
«Vous êtes infiniment plus subtiles, plus élégantes et plus classes que la gente masculine qui parle fort, prend toute la place. Et si j’apprécie des deux yeux quand tu balances ton corps, j’applaudis aussi des deux mains quand tu balances ton porc», slame haut et fort Grand Corps Malade. Un peu de lumière dans le brouillard de 2020. C’est la sensation qu’on a en écoutant son dernier album, Mesdames. Un vibrant hommage «à celles qu’on aime trop». Interview.
Est-ce que cet album “Mesdames” aurait pu sortir avant 2020? Pourquoi?
Oui, il aurait pu sortir bien avant 2020. Je n’ai pas attendu les mouvements comme #MeToo ou #BalanceTonPorc pour être profondément choqué par les inégalités hommes/femmes. Adolescent, je me souviens avoir été choqué d’apprendre que les femmes n’avaient obtenu le droit de vote qu’en 1944, le droit d’avoir un compte en banque qu’en 1965, etc. J’ai grandi en ayant conscience de ces inégalités. Évidemment, ce n’est pas anodin que mon album sorte après tous ces mouvements: ça nous a tous interpellés dans le bon sens, secoués dans nos habitudes. On s’est aussi remis en question et interrogés.
Comment avez-vous choisi les femmes qui vous accompagnent sur cet album?
C’était avant tout un choix d’éclectisme, j’avais envie d’avoir des femmes très différentes les unes des autres. Elles n’ont pas le même âge, pas le même profil, pas le même métier: il y a des chanteuses mais aussi des comédiennes et des musiciennes. Le but c’était d’avoir un beau panel diversifié.
Quel est le titre dont vous êtes le plus fier sur cet album?
Mais mon petit chouchou c’est peut-être celui avec Suzane: on a fait un clip très rigolo en plus. Je trouve que c’est une chanson qui a du sens et en même temps elle n’est pas que premier degré. Elle prend le contre-pied en se jouant des clichés hommes/femmes, et tout ça sur une musique de Mosimann que je trouve imparable.
Est-ce qu’on peut vous qualifier de féministe? Votre dernier album aussi?
Que pensez-vous des affaires qui entourent Moha La Squale et Roméo Elvis? Serait ce le début du #metoo dans la chanson française? Êtes-vous surpris par ces révélations?
Qu’est-ce que 2020 et la pandémie vous inspirent ?
Et puis «Confinés», où je reviens sur le confinement de manière plus légère en comparant mon ressenti de père de famille quadragénaire à celui d’une adolescente de 15 ans.
À part ces morceaux là, je ne sais pas si de cette pandémie va me naître une nouvelle inspiration. Moi, pour l’instant, c’est surtout de l’inquiétude que ça m’inspire. Quand est-ce qu’on va revivre un peu normalement? Quand est-ce qu’on va avoir le droit de refaire des concerts avec des gens debout pour faire la fête tous ensemble?
Dans l’industrie musicale, il y a énormément de métiers qui souffrent: les artistes, les musiciens, les techniciens, etc. Il y a plein de gens qui souffrent en ce moment et qui vont continuer à souffrir si ça ne redémarre pas.
Est-ce que vous avez des projets pour la suite, malgré tout ?
On est en train d’organiser des concerts et une tournée en 2021, quand même. Même si c’est flou et hasardeux.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la prochaine décennie ?