.jpg)
L’histoire incroyable de Maxime : « Ils ont intercepté un colis de cocaïne en provenance de Guadeloupe, au nom de ma mère »
Cette fois, c’est Maxime, 28 ans, qui nous raconte la perquisition rocambolesque dont il a été victime. Et comme d’habitude, si vous aussi avez vous-même vécu une histoire incroyable, qu’il s’agisse d’un braquage sanguinolent (mais qui finit bien), d’une lune de miel chaotique ou d’un voyage complètement loufoque, n’hésitez pas à nous écrire à [email protected] (à l’attention d’Anne-Laure Mignon). Nous nous ferons une joie de la retranscrire – avec humour – dans nos colonnes.
**
C’était début mai. 6h30 du matin, je me fais réveiller brutalement par la sonnette de mon appartement. « Hein ? Qui cela peut-il bien être à une heure pareille ? ». Ça sonne une seconde fois. Puis une troisième. Et une quatrième. « Ok, je vais ouvrir ! » J’enfile mon peignoir la tête complètement dans le pâté (en plus je m’étais couché assez tard la veille) et je vais ouvrir.
Là, quelle n’est pas ma surprise de me retrouver face à trois gendarmes ainsi qu’un maître-chien et son malinois (un genre de Berger Allemand). Incompréhension totale. « Suis-je toujours dans mon rêve ? »
Apparemment pas. Ils me saluent, se présentent et me montrent leur carte de police, me précisant qu’ils sont là parce qu’ils ont intercepté un colis de cocaïne en provenance de Guadeloupe, au nom de ma mère. « Un quoi ? ». Je suis complètement abasourdi. Il est 6h30. J’ai encore les yeux qui collent.
« ÇA FERA UN BON EXERCICE POUR LE CHIEN »
Je les invite à rentrer et je vais réveiller ma mère – qui dort comme un loir avec ses boules quiès -. Elle se lève, complètement hallucinée également, et nous rejoint en pyjama dans l’entrée. Là, ils lui répètent le motif de leur venue. « C’est une blague ? ».
Elle plaide l’erreur. Redemande à voir leur carte de police – sachant que même s’ils lui avaient présenté de fausses cartes, elle n’aurait pas été en mesure de le savoir. Bref, ils commencent à l’interroger : « Quand avez-vous été en Guadeloupe pour la dernière fois et pour quel motif ? ». Ce à quoi elle répond : « Il y a plus de quinze ans pour les vacances ». Ils nous expliquent ensuite qu’ils vont procéder à une perquisition.
Toujours sous le choc, on acquiesce. On leur signale avec ma mère qu’ils vont trouver du cannabis dans ma chambre (je suis un fumeur régulier). Ils m’invitent donc dans un premier temps à aller le chercher. Puis non, finalement, ils me stoppent avant que j’y aille. « Ça fera un bon exercice pour le chien ».
« JE SERAI LE PIRE TRAFIQUANT DU MONDE SI JE N’AVAIS QUE 30 GRAMMES DE WEED CHEZ MOI »
À peine arrivé dans ma chambre, le malinois repère toute ma fumette en deux minutes. En même temps, je ne cache pas ma came. Tout est dans un bocal sur mon bureau. Ils saisissent donc mes 30 grammes mensuels de beuh (je venais de faire mon stock) et continuent à fouiller ma chambre. Ils saisissent un reste de shit, une pipe qu’un pote m’avait offert, mon grinder, mes liquides de cigarette électronique et un téléphone cassé.
Ils m’ont un peu fait chier à ce sujet d’ailleurs. Comme si c’était complètement anormal de garder un téléphone “de secours”. Sur le reste de shit aussi, ils avaient l’air de débarquer complet. L’un d’eux m’a carrément agressé comme si j’étais l’ennemi public numéro 1 parce qu’il pensait que c’était une « pilule de drogue ». Il a fallu que son collègue intervienne pour l’avertir que non : c’était juste un micro bout de shit arrondi.
Sur le contenu de mon téléphone aussi – que l’un d’eux examinait pendant la perquisition – ils ont été assez relou. Je devais me justifier à chaque texto envoyé ou reçu comme si j’étais le plus gros dealer d’île de France. Alors oui, je suis un gros fumeur, mais quand même les gars, je serai le pire trafiquant du monde si je n’avais que 30 grammes de weed chez moi… Puis, autre truc perturbant, à côté de leur interrogatoire, ils n’arrêtaient pas de faire des compliments sur notre appart, notre déco ou sur mon chat « trop mignon ». C’était trop bizarre. Ça me mettait hyper mal à l’aise.
Vers 8h-8h30, ils finissent de fouiller ma chambre et m’annoncent que je vais partir avec eux en garde à vue pour possession de cannabis. Ils ont l’air d’avoir complètement laissé tomber cette histoire abracadabrantesque d’enveloppe de cocaïne. Quand je leur pose la question d’ailleurs, l’un d’eux me balance qu’il pense que ce serait un de mes dealers de weed qui aurait peut-être utilisé le nom de ma mère (qui n’est même pas le même que le mien) pour faire passer la cocaïne via notre boîte aux lettres. Hein ? La pire hypothèse jamais formulée. Déjà aucun dealer ne connaît mon nom, alors celui de ma mère… En plus, mes plans ne trempent pas dans le business de la poudre blanche. Bref, deep down, je pense qu’ils ne s’attendaient pas du tout à trouver un jeune homme et sa mère, tout ce qu’il y a de plus normal et qu’ils ne savent plus vraiment quoi dire.
« LA POLICIÈRE ME CUISINE COMME SI J’ÉTAIS UN GROS POISSON »
Ils me laissent prendre une douche et m’emmènent au poste. Je suis encore un peu sonné de tout ce qui vient de se passer. Une question me taraude aussi : vais-je pouvoir aller au taff ? prévenir mon patron ? (Je suis en CDI). Ils n’ont pas la réponse.
Il doit être 9h30 quand on arrive au commissariat et que je livre ma première déposition. Le policier est cool. Je réponds à toutes ses questions. Depuis combien de temps est-ce que je fume ? Avec quelle régularité ? Est-ce que je consomme d’autres drogues ? Puis lorsque l’interrogatoire se termine, ils prennent mes empreintes, vident mes poches, retirent mes lacets de chaussures (c’est la procédure habituelle) et m’emmènent en cellule. Ils téléphonent ensuite à mon chef pour lui dire que je ne viendrais pas aujourd’hui. Un appel horriblement froid. « Bonjour, c’est la police. Maxime est avec nous. Il ne viendra pas aujourd’hui. Bonne journée ». On aurait dit que j’avais tué quelqu’un. Heureusement que mon patron est du genre cool et super-compréhensif, parce que ce coup de fil aurait pu me foutre sacrément dans la merde.
Bref, je reste plusieurs heures en GAV pendant qu’ils épluchent mon portable. Vers 11h-12h, ils me font remonter de la cellule pour une deuxième déposition. Cette fois, la policière est beaucoup moins sympa. Elle me cuisine comme si j’étais un gros poisson. Ce qui me faisait doucement sourire : en garde à vue avec moi il y avait une meuf de 15 ans qui avait poignardé un mec, deux mecs qui s’étaient battus et avaient envoyé un autre type dans le coma et un autre accusé de braquage à main armé. Et c’était à moi, 28 ans, hyper stable, en CDI, pas de casier judiciaire, jamais aucune embrouille avec la justice, qu’elle venait chercher des noises.
En plus, elle ouvrait mes messages non lus (ce qui fait péter un câble ma copine, à qui je n’avais pu donner aucune nouvelle de la matinée et qui ne me voyait pas à mon bureau – on bosse ensemble).
« SI JAMAIS TES TESTS D’URINE SONT POSITIFS À LA COCAINE, T’ES DANS LA MERDE ! »
13h, la deuxième déposition terminée, la flic m’envoie faire des tests d’urine. Pareil, toujours sur un ton hyper agressif, elle me prévient : « Si jamais ils sont positifs à la cocaïne, tes dans la merde. Et s’ils sont négatifs à la weed, tes dans la merde aussi parce que ça voudra dire que tu es dealer ». Elle me remet ensuite en GAV le temps d’attendre les résultats. Vers 15h, résultats conformes à mes déclarations, les policiers me laissent partir avec une invitation à comparaître en justice en septembre prochain. À priori, selon leurs infos, je devrais pouvoir m’en tirer avec un rappel à la loi ou avec une amende peu conséquente pour possession de cannabis. L’enveloppe de cocaïne ? Jamais plus entendu parlé.