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Agressions LGBTQIA+ : 5 témoignages, 5 histoires marquantes
Non, ça n’arrête pas. Les chiffres sont affolants. Cette année, SOS Homophobie a recensé 1506 témoignages dans son dernier rapport sur les LGBTIphobies, soit une augmentation de 5%. « Les personnes LGBTI continuent donc de subir des violences dans la sphère privée, et celles subies dans la sphère publique ont connu un regain important en 2022 », peut-on lire dans le rapport. En effet, les agressions physiques, tous contextes confondus, sont en hausse et représentent 15 % des cas constatés en 2022, dont plus d’un tiers dans les lieux publics.
Mickaël et Benoît en Corse, Samuel en Espagne, dans les foyers, dans la rue, à l’école, au lycée, dans les bars, etc. Au pays des droits de l’Homme, les agressions se succèdent et se ressemblent. Et il n’est pas seulement question d’agressions physiques, les blessures sont multiples et complexes. On a recueilli 5 témoignages de personnes LGBTQIA+ qui nous racontent leur quotidien, leurs traumas, leurs peurs, leurs rêves.
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Julien : « Contrôle d’identité qui se transforme en acte de violence »
Je m’appelle Julien, j’ai 21 ans, j’habite à Nantes, je suis homosexuel et j’essaie de déconstruire les normes de genre imposées, à travers mon propre corps et ma manière de penser. L’agression qui m’a le plus marqué est la plus récente. Je sortais des Beaux-arts. Une voiture de gendarmes m’interpelle. La suite était prévisible : contrôle d’identité qui se transforme en acte de violence, plaqué au mur, agressivité dans les mots, humiliation publique.
Ce jour-là, j’étais maquillé et je portais une robe. Ils m’ont dit que je ne pouvais pas le faire dans un espace public, que c’était de l’incitation à la violence. J’ai fini par prendre la fuite, j’ai couru à l’intérieur de mon école car ils voulaient m’embarquer et je ne voulais pas me laisser faire. Je suis allé voir ma directrice, je lui ai expliqué la situation, je suis allé voir la police, je leur ai aussi expliqué la situation. Ils m’ont proposé de porter plainte, j’étais encore en état de choc et j’essayais de vivre mes émotions.
« Ils ont justifié toute cette violence verbale et humiliante, en me disant qu’ils n’étaient pas homophobes »
Un mois plus tard, j’y suis retourné dans cette gendarmerie et j’ai demandé à être confronté à ces deux personnes. J’avais envie de faire un peu d’éducation à ce moment-là et de leur apprendre que j’étais en droit de porter plainte et que des associations pouvaient m’aider. On s’est retrouvés dans le bureau, le grand patron était là aussi, on a discuté. Résultats des courses : pour eux, ce n’était pas de l’homophobie, c’était juste la première fois qu’ils rencontraient ce genre de profil dans la rue. Ils ont justifié toute cette violence verbale et humiliante, en me disant qu’ils n’étaient pas homophobes, qu’ils avaient « un cousin gay », etc. Ils ne se rendaient même pas compte de la violence de leurs propos. Après cette agression, j’ai eu une période où je ne voulais plus sortir le soir, par peur, par peur de l’espace urbain.
Je sens ma liberté d’expression compromise. Il n’y a pas un moment où le territoire urbain est un moment sécurisant pour moi. Jour comme nuit. Je veux que ça évolue, que ça bouge. J’ai envie que les gens soient fiers de leurs identités, où qu’ils soient et en tout temps.
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Yacine & Benjamin : « On a toujours fait attention et c’est ça le problème »
Yacine : On rentrait d’un apéro qu’on avait pris avec des copains, place Saint-Michel à Bordeaux, un quartier très populaire. On rentrait à pied, c’était le soir où j’avais demand é Benjamin en fiançailles. Devant une station de tramway, deux personnes sont venues nous traiter de « sales PD » et ça a commencé à chauffer. Ils ont attrapé le collier auquel pendait ma bague de fiançailles et l’ont arraché, Benjamin m’a dit que ça ne servait à rien parce qu’on savait qu’on allait perdre et ce qu’on risquait. Alors on a dit tant pis pour le bijou et on est rentrés chez nous.
On habite à 200m de l’endroit où il y a eu cette première agression. En arrivant chez nous, Benjamin a mis les clefs dans la porte de la serrure. Et là, j’ai vu une main passer devant moi et planter Benjamin dans l’épaule. Je me suis retourné : l’agresseur nous a regardé en disant « sales PD » et il m’a tranché le visage avec un couteau. On s’est battus, on a essayé de se défendre, on a esquivé d’autres coups de couteau. On s’est retrouvés en sang avec nos chemises arrachées. Les voisins sont très vite sortis parce qu’on s’est mis à crier, on a de la chance d’habiter dans un quartier où les gens réagissent. Tout le monde est sorti, ça les a faire fuir. On ne serait peut-être pas là pour en parler si les voisins n’étaient pas intervenus.
On a appelé la police. On nous a dit qu’on nous attendait là-bas car « la presse avait fait du bruit. » C’est une chance pour nous, on sait à quel point c’est difficile de porter plainte. On a vécu d’autres agressions et on ne l’avait jamais fait. Là, on n’a pas eu le choix. On a contacté une association, FLAG, qui s’occupe du dépôt de plainte pour les personnes LGBTQIA+ et qui nous accompagne. On se soutient énormément et en même temps c’est dur d’avoir deux traumas, deux nuages noirs qui se confrontent parfois et qui font de l’orage. Mais on va y arriver.
Benjamin : Depuis, on se promène avec une bombe lacrymo dans le sac et notre comportement dans la rue a changé. On sort peu. Et quand on sort, on est encore plus vigilants qu’avant, même si je ne suis pas sûr que cela change quoi que ce soit. On évite de faire ça à pied, on prend le tramway ou des taxis. On essaie de rentrer avant qu’il fasse nuit, on court, on vit un peu enfermés… On habite au rez-de-chaussée, côté rue et on ferme les volets : nos agresseurs sachant où l’on habite. Il y a une intimité qui est un peu bafouée.
« Notre agression, ce n’est que la preuve physique de quelque chose de psychologique qui existe depuis tout le temps »
Yacine : On a toujours fait attention et c’est ça le problème. On a toujours fait attention à quel chemin on utilisait pour rentrer. Attention à se tenir la main : acte anodin pour les hétérosexuels mais pas pour nous. Ce n’est pas qu’on ne le fait pas, mais on sait qu’on le fait. C’est cette petite chose-là qui est différente. Et quand on rentre le soir, on sait qu’on est potentiellement « agressables ». On vit avec cette possibilité : les insultes homophobes, c’est quasi quotidien pour nous. Notre agression, ce n’est que la preuve physique de quelque chose de psychologique qui existe depuis tout le temps. Ce sont des insultes, des regards…
Il faut se questionner ensemble, en tant que société, sur ce qui permet cette agression. Je méprise ces deux agresseurs, ils ne m’intéressent pas. Ils ne représentent rien à mes yeux. Il faut se poser la question : qu’est-ce qui a permis qu’ils nous agressent ? À quel moment ont-ils cru qu’ils avaient le droit de nous poignarder ? Ce qui permet ça, c’est une homophobie constante et acceptée. C’est des ados qui disent : « Ah ça, c’est pas un truc de PD », c’est des supporters qui se traitent d’enculés, etc.
Benjamin : On a vécu une absence d’humanité et de considération frappante lors du dépôt de plainte. Au commissariat, on n’a pas été considérés comme victimes. Je ne dis pas que la police fait mal son travail mais que la réception de la parole de la victime n’est pas optimale. On ne se sent pas crus ni entendus. On a dû défendre le fait que c’était une agression homophobe et pas uniquement un vol. On a presque l’impression de subir une seconde agression.
Yacine : On s’est sentis accompagnés par les pompiers, par nos amis, par les gens à l’hôpital, et c’est important de le dire : on s’est sentis vraiment entourés, aidés et aimés. Mais il y a une seule catégorie où ce n’est pas exactement la même chose : c’est la police. On ne s’est pas sentis tout de suite écoutés. Certes, la police doit mener une enquête. Mais il y a une manière de faire les choses.
« il ne faut surtout pas répondre à l’agression par l’agression, ou par le retrait »
Benjamin : Ceci dit, il ne faut pas hésiter à porter plainte. Même quand il s‘agit “seulement” d’agressions verbales. « Sale PD », « sale gouine », ce n’est pas anodin. C’est tout aussi violent qu’une agression au couteau ou une agression physique. C’est la première marche qui permet de basculer dans une violence encore plus importante, plus tragique.
Yacine : Je n’ai pas envie que des gens voient notre agression et se disent : « Ah une de plus », et qu’un gars qui aime les garçons se dise « je risque quelque chose. » Oui, on risque quelque chose. Mais il ne faut pas se cacher pour autant. Plus on s’affirmera, plus on se montrera, plus on sera nombreux à être résistants. Donc il ne faut surtout pas répondre à l’agression par l’agression, ou par le retrait. Au contraire : il faut répondre à l’agression par la joie, par le fait de se montrer, et par le fait de danser, danser, danser, continuer à danser, toujours.
Depuis cet entretien, Benjamin et Yacine ont déménagé à la campagne, pour plus de calme et pour créer une galerie d’art transdisciplinaire, associative et inclusive : « Ce n’est pas une fuite : c’est la tentative de rendre fertile le champ de ruine que nos agresseurs ont voulu laissé derrière eux. Une tentative pour transformer le plomb en or. »
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Margaux : « Toutes ces réactions ont influencé ma vie personnelle »
Je m’appelle Margaux, j’ai 27 ans et je vis à Bruxelles. Je me définis comme femme et je suis pansexuelle. Il y a quelques années, je vivais encore à Paris, j’étais dans ma première vraie relation avec une fille et on était place de la République. On sortait toutes les deux d’un cours de danse, on attendait le bus et on s’embrassait tranquillement. Un mec s’est avancé avec des copains à lui et il a commencé à nous regarder de très près, à nous mater pendant qu’on s’embrassait. On a essayé de ne pas faire attention et de continuer à faire notre vie.
Le mec a commencé à nous parler, à nous dire :« Wow c’est super excitant les filles, vous voulez pas venir avec nous ? » On a continué à l’ignorer. Puis, il nous a dit : « Oh ça va, faut pas le prendre comme ça ! De toute façon, c’est parce que vous n’avez pas rencontré les bons mecs que vous êtes en train de vous rouler des pelles. Venez avec nous, on va vous montrer ce que c’est un vrai mec, une vraie bite. »
On avait dans la vingtaine, j’étais très mal à l’aise. Surtout que j’avais mis du temps à assumer le fait que j’aimais n’importe qui. J’ai réalisé à quel point ça pouvait être difficile d’assumer sa sexualité. Je ne me suis pas sentie en sécurité et les gens autour n’ont pas spécialement réagi. Ils ne nous ont rien dit.
« On n’a pas vraiment su comment réagir »
C’était la première fois que j’étais confrontée à ce genre de chose. On n’a pas vraiment su comment réagir, on ne s’est rien dit sur le coup. Et on n’a plus trop osé s’embrasser. Sur le trajet du retour, je me suis dit : « Merde, ça va être comme ça maintenant : les gens vont penser qu’ils ont un droit de véto sur ma vie privée et ma vie sentimentale. Ils vont pouvoir me donner leur avis dans la rue ou m’agresser verbalement. » Je ne l’ai pas bien vécu mais à ce moment-là, je ne l’ai pas verbalisé car nous nous sommes senties très démunies par rapport à ça. On n’a pas su quoi faire.
Ça a changé quelque chose dans ma façon de me comporter. Je me suis sentie un peu épiée, souvent jugée. Toutes ces réactions ont influencé ma vie personnelle et familiale. Quand j’ai parlé de ma copine à ma mère, elle l’a très bien pris. Mais je n’osais pas l’embrasser devant elle. Ma mère m’a demandé une fois pourquoi je ne l’avais pas embrassé en partant. J’aurais pu, mais le climat a fait que j’étais un peu gênée. Je pense que c’est venu du regard des autres et du fait que des gens puissent trouver cela “bizarre” ou autre. Mon comportement s’est adapté automatiquement.
Si je pouvais dire quelque chose à ces agresseurs aujourd’hui ? Avec du recul, je pense que je les enverrais chier, très clairement. Je leur dirais d’aller s’occuper de leur bite et de laisser les gens tranquilles. Et que ce sont des agresseurs. Je m’en rends compte maintenant, je ne m’en rendais pas compte à l’époque. Je leur dirais aussi que leur comportement est inapproprié aussi : je ne suis même pas sûre qu’ils s’en rendent compte.
Je garde espoir. Je pense que les mentalités changent, les gens se battent. Je crois que ça évolue mais il y a encore bien trop d’agressions, de commentaires déplacés et de gens qui donnent leur avis. Ce n’est pas encore entré dans les mentalités : même des amis que j’aime beaucoup, et que je connais depuis des années, ont parfois des réflexions stupides. On ne leur a pas appris que c’était normal d’aimer librement. Et j’espère que les mentalités changeront avec les nouvelles générations, qu’on leur aura appris assez tôt que les gens sont libres.
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Aimé : « L’ignorance est la base de tellement de violences »
Je m’appelle Aimé, je suis un mec trans non binaire. J’ai habité 9 ans à Bordeaux, et depuis février je vis à Issy-les-Moulineaux. J’ai une orientation sexuelle que je définirais comme fluide, qui a évolué en plusieurs étapes, liée à la place qu’a occupé le genre dans ma vie. Ce n’est pas si évident pour moi à déterminer dans les termes usuels.
Au choix, je me définirais comme pansexuel, je pense. Toutefois je ne relationne plus depuis longtemps avec des personnes cis et valides, je pense que cela a ses raisons dans mon parcours personnel et plus vastement de façon systémique. Étant à la fois une personne assignée meuf, mais aussi autiste et trans, par la force des choses, j’ai connu beaucoup d’agressions. J’ai commencé à vraiment subir des violences quotidiennement à partir du collège : c’est là que j’ai commencé à être ostracisé et à subir du harcèlement. Pendant longtemps, je n’avais pas identifié cela comme de l’homophobie ou de la transphobie, dans la mesure où je n’étais pas out à l’époque. Avec le recul, c’était tout à fait de ce niveau-là, même si bien sûr l’autisme compte aussi (et ça va ensemble à mon sens puisque cela implique de ne pas correspondre à la norme établie).
J’avais les cheveux très courts à partir du début de la sixième, donc j’ai eu le droit régulièrement à des : « T’es moche, personne ne voudra jamais sortir avec toi, t’as l’air d’un mec. » Maintenant j’aimerais tellement revenir en arrière et pouvoir leur dire : « Ah ouais ? Bah ça tombe bien puisque c’est exactement l’idée en fait… ! » Je ne pleurais pas spécialement, j’étais juste sidéré par la situation. Je ne comprenais pas ce qui se jouait. Des agressions sexuelles, j’en ai subies beaucoup depuis l’adolescence. Et notamment plus tard, dans la période où j’étais clairement identifiable en tant que gouine.
« Une haine profonde, viscérale, vraiment perceptible »
Parmi les plus violentes, en sortant de boîte de nuit, en rentrant chez moi, et même en soirée à la vue de tou.te.s. Des comportements de cismecs qui dérivent complètement. Il y a plusieurs moments où j’ai dû explicitement lever le poing et/ou la voix pour m’en sortir. Je me suis aussi pris la milice de la manif pour tous à l’époque où j’étais gouine. Des gars qui avaient clairement de la haine dans le regard, avec l’envie de défoncer de la gouine ou du PD. Une haine profonde, viscérale, vraiment perceptible. Ils ont cherché à me bloquer dans une ruelle après une manif et une pote a réussi à me faire sortir du truc juste à temps. Moi j’étais prêt pour la guerre et à me faire démonter si besoin.
Mais cette pote m’a évité des trucs assez violents en me faisant sortir de là. En société, j’ai beau avoir un passing considéré comme « masculin » désormais, je n’ai pas l’éducation sociale et psychologique d’une personne assignée mec se vivant comme cis. Mes comportements reflètent mon histoire de personne assignée meuf, trans et autiste. Donc, même si je peux avoir un masque social dans un certain nombre de circonstances, face à des comportements notamment de cisdudes (mais pas que, car il y a le cumul de mes différentes conditions) qui relèvent parfois d’une forme ou une autre de prédation comme évoqué auparavant, je représente plutôt ce petit mec sensible, un peu pédé sur qui on peut taper, parce qu’il ne dispose pas des mêmes outils / armes qu’eux. Plus vastement, je ne sais pas exactement comment je suis perçu, puisque par la force des choses, j’ai aussi du développer des stratégies compensatoires pour me protéger dans certaines situations, en m’invisibilisant notamment.
« Je dois me répéter que je suis parfaitement dans mon droit »
À l’inverse, lorsque je suis topless (à la plage par exemple), ou que je veux mettre du rouge à lèvres en extérieur, j’ai tout un mécanisme psychologique à mettre en place. Je dois me répéter que je suis parfaitement dans mon droit de le faire, que je m’en fous du reste du monde, pour donner l’air d’être quelqu’un qui en impose. Je me dis que l’on ne m’empêchera plus d’aller quelque part par crainte qu’on me fasse chier. Dans ces moments-là, je fais de la psychologie inversée, je me fais croire à moi-même que je suis super OK avec ce que je fais. Et je fais croire au reste du monde la même chose.
Enfin, au sujet des violences, il y a quelque chose qu’on a tendance à trop minimiser alors que ça a un impact profond : ce sont les violences implicites, comme la silenciation et l’injonction à la pédagogie. On va systématiquement minimiser les micro-agressions à ton encontre et ton vécu en tant que personne trans / LGBT / queer / handi, etc. « Ouais mais tu comprends les gens sont ignorant.e.s, il faut être patient.e, prendre le temps de leur expliquer, les gens ne se rendent pas compte, iels n’ont pas l’habitude, etc. » Quand une personne te dit ça, pour moi, elle est clairement dans une position d’agresseur ou au moins complice.
Parce que dire à une personne qui subit une oppression d’être patiente et compréhensive, c’est souvent une énorme violence. L’ignorance est la base de tellement de violences que nous subissons. Donc conseil aux personnes qui se permettent de dire ça : changez vos comportements, apprenez par vous-même, vous avez la capacité de le faire. Demandez-vous qui vous êtes pour déterminer votre légitimité à parler des violences que subissent les autres et/ou dont vous êtes potentiellement les instigateur.ices parfois. Ou sinon les témoins passif.ves ? Vous n’avez pas le droit de faire ça, il faut clairement arrêter de faire ça. Remettez-vous à votre place et respectez-nous. Vous vous respecterez mieux vous aussi, chemin faisant.