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Ville de la semaine: Laval

Direction la Mayenne! Qui a dit que c'était le paillasson de la Bretagne? Non mais...

Par
Agathe Beaudouin
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Pour les habitués du TGV Paris-Rennes, cette préfecture est seulement un arrêt : « Laval, 3 mn ». Pour les fans de foot, c’est un club de foot longtemps dirigé par Michel Le Millénaire. Cette semaine, on vous en dit un peu plus sur la seule ville palindrome de France.

Il aura fallu le Covid-19 pour que la Mayenne et sa préfecture, Laval, soient mis sous les feux des projecteurs en plein juillet. Près d’un mois à alimenter les journaux en tout genre… Alerte sur la Mayenne, les voyants sont aux rouges ! Il y a bien longtemps que Laval n’avait pas fait la Une de telle sorte. Alors si les touristes éviteront sans doute ce département plutôt rural, situé aux portes de la Bretagne (les mauvaises langues parlent de paillasson de la Bretagne), je peux vous témoigner d’une autre réalité, moi qui ai osé braver le Covid-19 et m’arrêter à la gare de Laval, un dimanche de juillet 2020.

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Tout d’abord, et contrairement à de nombreux autres endroits de France, le Lavallois est plutôt docile, et le port du masque est ici entré dans les mœurs. Le masque est l’indispensable accessoire de sortie dans la ville. Sans, vous passez pour un uluberlu totalement déconnecté du monde. N’essayez même pas ! Ici, les commerçants n’ont plus (ou alors rarement) à rappeler les consignes de sécurité aux clients qui pénètrent dans leurs échoppes. Non, ils en sont déjà à les remercier de se nettoyer naturellement les mains du gel hydroalcoolique.

Parce que Laval, c’est d’abord une ville zen, pas stressée, et dont la notoriété pourrait bien monter sur le baromètre des villes où il fait bon vivre. Imaginez : un immobilier accessible à une 1h40 de la gare Montparnasse, cela peut faire rêver quelques familles parisiennes qui étouffent dans leur 50 m2. La campagne aussi y est à portée de main… Le chemin du halage qui longe la Mayenne (c’est une rivière) vous emmène d’un coup de pédalier frôler les champs de céréales. Ce même chemin du halage, d’ailleurs, motive les plus réfractaires à l’effort sportif. C’est à Laval que vous trouverez une sacrée belle mobilisation, le dernier week-end de septembre pour les Virades de l’espoir. Des coureurs par milliers, ceux du dimanche et les licenciés, pour se battre contre la Mucoviscidose. Chapeau !

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QG du poids lourd laitier Besnier (Lactel), Laval est aussi la ville du Douanier Rousseau, l’un des grands maîtres de l’art naïf, d’Ambroise Paré, le père de la chirurgie moderne, et d’Alain Gerbault, un autre sacré bonhomme celui-là qui parlait d’un « paradis » lorsqu’il évoquait sa Mayenne. Un aventurier dans l’âme, qui fut le premier à avoir traversé l’Atlantique à la voile en solitaire, en 1923. Son bateau qui permit cet exploit trône telle une étoile dans le parc incontournable de cette petite ville, la Perrine. Vous y avez l’une des plus belles vues sur le patrimoine emblématique de la ville : ses deux châteaux. Il y a celui qu’on surnomme le Vieux Château et son donjon, une forteresse médiévale qui deviendra plus tard une prison et qui abrite aujourd’hui un musée dédié à l’art naïf (que l’on vous recommande!) ; l’autre, le château neuf, du XVIe siècle (devenu le palais de justice) lorsque la ville s’embourgeoisa à l’époque où ses artères se développèrent pour permettre de rejoindre l’Arsenal de Brest. On pourrait citer les bateaux-lavoirs ou encore les ruelles pavées et maisons à colombage du vieux quartier qui sont autant de cartes postales de Laval.

N’empêche, bien plus petite qu’un arrondissement parisien, cette ville de 50 000 habitants possède un grand atout : tout y est vite accessible. Adolescents, que vous soyez scolarisé dans les institutions privées (Avesnières ou Immaculée conception) ou dans l’un des deux mastodontes du publics (Rousseau ou Paré), il ne fallait pas 15 minutes à la sortie des cours pour rejoindre les copains au Perroquet (qui a depuis plié boutique) ou au Rond-Point, l’un des cafés repère de la ville qui a toujours pignon sur rue. Et le ciné, le seul, est en plein centre ! Quant au stationnement, franchement, l’horodateur est super sympa avec votre porte-monnaie (20 centimes les 30 minutes en plein centre-ville!). On y cultive aussi quelques spécificités : ne parlez pas ici de bus mais de TUL (transport urbain lavallois).

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Et puis comment parler de Laval sans évoquer les Tangos qui ont, dans les années 70 et 80 rejoint l’élite du football français, participant même en 1983 à l’UEFA (championnat européen). Un petit poucet (au regard du budget du club lavallois) dans la cour des grands, dont les supporters et pros se douteraient bien qu’il ferait pâle figure. Mais Laval s’en tire à ce moment-là plutôt avec les honneurs et Jean-Michel Godard, le gardien de l’équipe à l’époque aura cette phrase qui colle si bien à la ville: « Ils nous ont pris pour des schtroumpfs, on les a bien schtroumpfés ! »

Si on devait la définir par un caractère, on dirait de Laval qu’elle est une ville timide et discrète, mais qu’elle mérite d’être connue. Alors c’est vrai, la météo est très ressemblante à celle de la Bretagne – et ce n’est pas forcément un avantage. Ciel gris, temps pluvieux et venteux… Mieux vaut ici investir dans un parapluie ou un bon coupe-vent pour venir à bout de l’automne mais l’été, on y savoure la fraicheur de ses soirées avec un verre de cidre local. Bon, il faut bien avouer qu’on ne s’arrête guère à Laval. On y vient par nécessité (le travail, la famille…) plus que pour la flânerie, mais une fois le pied posé sur les pavés de cette ville au charme réel, la bonne surprise est au-rendez-vous.

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