.jpg)
Transmission du COVID-19 par la parole: va-t-il falloir apprendre à se taire ?
Décidément, le COVID ne laisse aucun répit à l’humanité. Après avoir vu certains plaisirs “simples” relégués au statut de dangers de santé publique comme se balader main dans la main, s’arrêter pour discuter un peu avec le voisin, se faire des câlins, s’embrasser, dîner ensemble, etc: voilà maintenant qu’il faudrait aussi… se taire. Ou du moins éviter de se postillonner dessus. Mais comment faire? On a posé trois questions à Sandrine Simoes-Chabert, orthophoniste, pour en savoir plus et pour apprendre à parler en évitant de se contaminer.
Des études récentes ont montré que le COVID pouvait se transmettre par la parole. En tant qu’orthophoniste, comment se déroule votre quotidien en ce moment?
Dans le cadre de l’orthophonie, l’idéal est d’effectuer du télésoin, c’est-à-dire de réaliser des séances via un ordinateur. La rééducation du langage (construction de phrases, vocabulaire) et de la parole (articulation de mots) concerne essentiellement les enfants les plus jeunes: je ne leur demande pas de porter le masque car cela serait trop difficile à supporter pour eux. La distanciation est très difficile alors je leur demande de bien se laver les mains avant de venir en séance, de tousser/éternuer dans leur coude et de ne toucher qu’aux jeux que je leur présente… La remédiation du langage et de la parole se fait avec beaucoup de précautions mais il y aura toujours un risque de contamination selon moi, même si je porte un masque et nettoie tout avant et après le passage de chaque enfant.
Dans un autre cadre (maison, crèche, école) cela me semble très difficile! Les enfants sont très tactiles, respectent mal la distanciation… Quand ils ont peu de dents et bavent beaucoup cela est d’autant plus risqué selon moi! Il en est de même pour les temps du repas (la parole et la déglutition étant liés).
Est-ce qu’il y a des mots qui nous font moins postillonner que d’autres? Quels sont ceux, au contraire, qu’il faut bannir au risque qu’ils catapultent le virus?
Il faudrait éviter de prononcer des mots comme “papa” (au contraire de maman plus doux, bien évidemment), “parapente”, “parapluie”, etc.
Dans des travaux publiés en avril dans la revue NEJM, on apprend aussi que parler moins fort engendrait relativement moins de gouttelettes. Finalement, est-ce que ce n’est pas le meilleur moment pour se mettre à la langue des signes?
Lorsque l’on signe, c’est tout le corps qui participe, pas seulement les mains! La bouche s’ouvre et se ferme parfois de façon très tonique… Pour moi, il est toujours temps de se mettre à une nouvelle langue, mais pour le plaisir et non pour éviter une quelconque contamination.