Alors on danse? Oui mais pas comme avant. La vie reste une fête mais 2020 nous force à redoubler de créativité pour augmenter notre niveau de sérotonine.
Il n’est pas si loin le temps où, naïvement, j’allais traîner ma carcasse d’adolescente au Festival Panoramas à Morlaix en tentant de ne pas écraser les personnes qui jonchaient le sol après avoir bu trop de cidre, sûrement. En essayant aussi de repousser cet être bien trop amical aux mains baladeuses guidées par la MDMA.
Le festival Astropolis à Brest me manque aussi. Sans parler des Vieilles Charrues. C’était le bon temps: on se retrouvait pour parler, boire, danser, lâcher prise… Mais tout ça, c’était AVANT.
«La fête est extrêmement importante: elle raffermit les liens entre les individus», nous a rappelé le sociologue Marcel Fournier ici. «Si vous voyez par exemple un grand événement comme une Fête nationale après une période de restriction où les individus ont été séparés pendant une longue période, il risque d’y avoir des débordements. Dans l’ensemble de la population, on relate aussi des relations sexuelles plus ouvertes», poursuit-il en soulignant des tendances observées d’un point de vue sociologique.
«Les gens ne changeront pas, et s’ils vont changer, ils ne changeront pas pour le meilleur.» Candidement, on lui demande sa façon de percevoir la fête après-pandémie. «J’écoutais une entrevue avec un écrivain français qui disait: ce sera pareil… ou ce sera pire qu’avant. Les gens ne changeront pas, et s’ils vont changer, ils ne changeront pas pour le meilleur.» Donc si vous pensiez vous être assagi pendant cette période plus tranquille, vous risquez de vite revenir à vos anciennes habitudes festives.
Et si elle est d’apparence futile, l’effervescence d’une fête vient pourtant légitimer notre quotidien tissé de contraintes. C’est tout sauf banal, comme nous l’a expliqué Débora Krischke Leitao ici: la fête remplit des fonctions essentielles pour les communautés à travers le monde, à leur façon, pour interrompre le cours de la vie quotidienne: «C’est pas du tout superficiel! C’est de créer des liens, les cultiver et les célébrer.»
En attendant que les clubs et festivals reprennent du service, on a essayé d’imaginer comment faire la fête malgré tout. Voici une liste non-exhaustive de ce qui est en train de se mettre en place et de ce qui devrait voir le jour selon nos esprits (pas si) tordus.
1- Plateforme de streaming solidaire United We Stream
Comme Trax l’annonçait ici, l’association Technopol vient de lancer une série de streams avec la plateforme United We Stream, en soutien à la scène électronique. «Chaque jour, des streams depuis des clubs seront diffusés sur le site Arte Concert de 19h à 00h dans des clubs, ainsi que le dimanche après-midi depuis des lieux alternatifs.» De quoi remuer son body tranquille derrière son ordi, même si on sait que c’est… triste. Que le principe même de faire la fête, c’est le contact, la proximité, bref la chaleur humaine. Mais en attendant, c’est une option.
2- Danser la macarena après un dîner masqué
On en parlait déjà ici, les danses autorisées en pleine pandémie: le madison, la macarena ou YMCA… Les danses proscrites: chenille, slows, paquito, gangnam style (aucun rapport avec le covid, pour le coup). Dans tous les cas, on évite de trop se donner sur le dancefloor, on reste soft, distant, et relativement calme. Mais on se fait plaisir. Mieux vaut ça que rien du tout.
3- Rave party drive-in
Certains trouvent le concept sympa, d’autres estiment que c’est la fin des temps. Quoiqu’il en soit, ça existe!
Les pays européens prennent les devants. Après un premier concert “drive-in” au Danemark, le club Index en Allemagne, a organisé des soirées dans le parking du site. Le dj Nitefield s’est produit sur scène devant 250 voitures avec deux personnes maximum à l’intérieur. Est-ce l’avenir des festivals et des concerts ? En tout cas jusqu’à l’automne 2021, date d’un éventuel retour à la normal selon les spécialistes.
4- Boire sans danser
Et si c’était le grand retour des jeux d’alcools? Parce que boire sans danser, ça devient vite pénible… Avec vos proches, tentez le classique « bière pong »: munissez-vous de 22 verres en plastique, deux balles de ping-pong et une table de « beer pong » officielle qui mesure environ 2 mètres de largeur et 8 mètres de longueur. La distanciation sociale est respectée, vous êtes peinards.
5- Danser tout en respectant les gestes barrières
En Allemagne, la première soirée, après des mois de confinement, a été organisée (cette fois-ci sans voitures) le 22 mai dernier. À Münster, près de 100 personnes se sont retrouvées physiquement au club Coconut Beach. Une première teuf tout en respectant les distanciations sociales : masques et marquage au sol. Tout un concept. La France va-t-elle suivre le même chemin ?
Selon Jean-Christophe Choblet, créateur de Paris Plages, « les contraintes de la distanciation sociale permettront une invention des regroupements et l’émergence de nouvelles formes de fête ». Donc soyez créatifs, lâchez-vous… Et envoyez-nous des photos.