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Quand le show d’Ellen (DeGeneres) dégénère

Restons « kind to one another ».

Par
Clémence Carayol
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Le show d’Ellen aurait dégénéré. La star américaine Ellen DeGeneres se trouve au cœur d’un scandale depuis que plusieurs de ses employés ont ouvert le feu : l’animatrice, fer de lance de la communauté LGBTQ+ américaine et l’une des personnalités les plus adulées des Etats-Unis, serait loin d’être aussi affable et drôle dans la vraie vie qu’à l’écran. Pire, selon le podcaster, écrivain et comédien Kevin T. Porter, elle serait « de notoriété publique l’une des plus viles personnes en vie », d’après un thread Twitter devenu viral.

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Tout a commencé en novembre dernier par un échange houleux entre Ellen DeGeneres et l’actrice Dakota Johnson qui, en direct, l’a accusée de mentir. La jeune femme aurait invité la présentatrice à sa fête d’anniversaire et celle-ci lui aurait posé un lapin. Ellen serait même allée plus loin en accusant Dakota de l’avoir sciemment mise au banc de cet anniversaire. « That’s not the truth, Ellen. » Bref.

Depuis, les langues se sont déliées. Le site américain BuzzFeed a publié le 16 juillet dernier une enquête rassemblant toutes les allégations contre Ellen DeGeneres, dont l’émission est bâtie sur le précepte tout biblique « Be kind to one another », soit « Soyez bons envers votre prochain ».
« Cette connerie de “Be kind” ne marche que quand les caméras sont allumées. Cela n’arrive que pour l’émission », a affirmé l’un des témoins de l’enquête publiée par BuzzFeed. L’enquête fait aussi état « d’un racisme, d’une peur et d’une intimidation » omniprésents sur le plateau du talk show.

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Depuis, nombre de personnalités publiques ont pris la défense d’Ellen DeGeneres, comme Katy Perry, Kevin Hart, Ashton Kutcher, ou encore Jay Leno. Ellen DeGeneres a pris elle-même la parole pour s’excuser auprès de son équipe dans une lettre obtenue par The Hollywood Reporter revenant sur son douloureux coming-out : « En tant que personne qui a été jugée et a presque tout perdu juste à cause de qui elle est, je comprends profondément et éprouve une véritable compassion pour ceux qui sont marginalisés, traités injustement, de façon inégalitaire ou — pire — méprisés. Penser que quiconque parmi vous ait été traité de la sorte m’est insupportable. »

Tout cela n’est pas sans rappeler un autre scandale de la NBC, celui de l’émission de Steve Harvey. Le célèbre présentateur américain avait adressé une lettre véhémente à son équipe interdisant à quiconque de lui adresser la parole à moins d’y être spécifiquement invité. La lettre avait été obtenue par le média Robert Feder en mai 2017. Steve Harvey, un Afro-américain adoré du public américain, s’est lui aussi fait reprocher d’être un tyran une fois le rideau de l’émission tiré.

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Difficile, et pourtant nécessaire, d’admettre que des personnalités qui se sont imposées en tant que représentants de minorités (par leur couleur de peau ou leur orientation sexuelle) ne sont pas toujours des anges. Une fois l’omerta et le silence brisés, tous les regards sont désormais tournés vers les faits et gestes d’Ellen DeGeneres. Elle a, qu’elle le veuille ou non, une certaine responsabilité envers la communauté qu’elle représente : toutes les personnes LGBTQ+ qui ont pu, enfin, se voir représentées dans les hautes sphères du star system international.

Il s’agirait de Remplacer Ellen DeGeneres par, ô surprise, un homme, blanc, cisgenre, hétérosexuel, du nom de James Corden.

Parce que si Ellen est au cœur de la polémique, c’est que son émission, qui ne peut exister sans elle, reste la seule à mettre en scène une présentatrice ouvertement gay et à rassembler un public aussi large — près de 4,2 millions de téléspectateurs quotidiens. Et il s’agirait aujourd’hui pour Hollywood, d’après le quotidien britannique The Sun, de remplacer Ellen DeGeneres par, ô surprise, un homme, blanc, cisgenre, hétérosexuel, du nom de James Corden. Or il ne faut pas remonter trop loin dans le temps pour rappeler que James Corden a été épinglé pour des sketchs border line homophobes dans son émission Horne and Corden ou encore pour des blagues très mal placées à l’encontre des femmes ayant porté plainte pour viols et agressions sexuelles contre le producteur américain Harvey Weinstein.

Mieux vaut aller de l’avant et exiger, en lui donnant une nouvelle chance, qu’Elle soit pour de bon « bonne envers son prochain ».

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En parlant du tristement célèbre Harvey Weinstein, on pense tout de suite à #MeToo. Et aussi à la « cancel culture », couperet sans appel lorsqu’il s’agit d’appeler au boycott une personnalité après qu’elle a commis ou proféré l’irréparable. Mais cet échafaud est à double tranchant : certains coupables — comme Polanski — ne voient pas leur carrière se faire annuler et continuent d’être récompensés. Dans le cas d’Ellen, si la cancel culture s’abattait sur elle comme les bruits qui courent à Hollywood le laissent penser, son remplacement par James Corden serait inévitablement pire. Annuler le show d’Ellen serait un véritable retour en arrière. Exiger son départ et la remplacer par James Corden serait synonyme d’annuler un show qui a servi d’étendard à la communauté LGBTQ+. Mieux vaut aller de l’avant et exiger, en lui donnant une nouvelle chance, qu’Ellen soit pour de bon « bonne envers son prochain ».