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Quand c’est la rentrée des classes

Les Cahiers de Dorothée Caratini.

Par
Dorothée Caratini
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Mais quoi, hein, déjà, c’est la rentrée des classes ? Quoi ? M’enfin, hier encore, nous nous régalions à l’avance de glaces au bord de l’eau, nous rêvions de nuits étoilées, nous imaginions des châteaux de sable gigantesques, mes filles et moi. Et puis c’est terminé, voilà qu’il nous faut reprendre le chemin de l’école.

Depuis sa première rentrée, elle vit avec ce suspens fort désagréable : pourra-t-elle faire sa rentrée comme les autres ?

Je suis dans un premier temps tentée de hurler un énorme et très sonore « youpi », mais la réalité n’est pas la même. En ce jeudi 1er septembre, je ne sais pas si l’AESH (accompagnant.e des élèves en situation de handicap) de mon enfant de sept ans, aveugle de naissance (une cécité associée à divers troubles du comportement, de l’attention, etc.) sera présente (une femme merveilleuse, au passage, qui mérite un meilleur salaire pour son formidable travail) (NDLR : j’aime beaucoup les parenthèses). C’est très stressant pour moi, parce que sa présence va rassurer ma fille qui aime les rituels, la routine, et que le passage en CE1 va être une étape importante. Et si elle n’est pas là ? Ou remplacée par une autre personne (contre qui je n’aurai rien à reprocher, bien sûr) ?

Je n’ai pas l’impression qu’on a abusé du facteur chance depuis plusieurs années. On s’est relevé les manches, on a mis du cœur à l’ouvrage mais il faut nous aider.

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Depuis sa première rentrée, elle vit avec ce suspens fort désagréable : pourra-t-elle faire sa rentrée comme les autres ? Ai-je envie de faire, comme lors de sa première rentrée en petite section de maternelle, de faire un scandale via les réseaux sociaux ? D’appeler la presse locale ? Non, grave pas, pis j’ai du boulot, des trucs à faire après cet été de l’enfer (parce que c’était la canicule, parce que je ne suis pas une mère parfaite et que je ne supporte plus d’entendre « Clic clic pan pan » en boucle). Je dois faire réparer ma voiture branlante, faire soigner mes canaux carpiens affaiblis et repenser complètement ma philosophie intérieure pour me tourner vers un modèle d’empouvoirement de mon surmoi (faire des siestes, donc).

Je croise les doigts, je prie la mère MDPH, le saint Rectorat, la déesse Académie, je mets des cierges : que dans leur grande bonté, ces différentes divinités ou affiliées permettent à ma fille (et à moi) d’avoir une rentrée sereine. J’ai fait ma part du job : j’ai respecté la liste scolaire (je l’espère, j’ai eu un doute sur la taille des classeurs demandés), à leur tour. Je n’ai pas l’impression qu’on a abusé du facteur chance depuis plusieurs années. On s’est relevé les manches, on a mis du cœur à l’ouvrage mais il faut nous aider.

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Mais la rentrée, ma petite dame, ce n’est pas que l’école, ha ha. C’est aussi la rentrée des suivis médicaux et paramédicaux des enfants, et principalement de mon aînée : orthophoniste, kinésithérapie, pédopsychiatre (en plus des autres spécialistes qui l’accompagnent sur le temps scolaire : psychologue, instructrice en locomotion, psychomotricienne, ateliers avec les auxiliaires de vie journalière). C’est pas mal beaucoup pour une enfant de sept ans qui affiche un temps de concentration maximal de cinq minutes, très peu de tolérance au silence et à l’inactivité, qui demande beaucoup d’attention (et qui offre plein d’amour et qui en mérite tout plein).

Perso, les vacances, c’est aussi quelques semaines sans soin, sans pression, sans fatigue supplémentaire. C’est aussi la pause des activités extra-scolaires ! En bonne mauvaise maman, ou en mauvaise bonne maman, ou en maman qui exagère un peu, elle fait de la danse et de la musique. Attention, tranquillou, hein. Mais quand même, ça s’ajoute. Et ben ça aussi ça reprend, dites donc ! L’agenda vide depuis deux mois recommence à se remplir, pour certaines personnes c’est rassurant de la voir se garnir petit à petit. Faut que je me remette en mode vigilance (que je n’ai pas totalement quitté, les vacances n’étaient pas de tout repos pour les parents) : horaires du taxi, réveils matin, courses, garderie, repas, devoirs, médicaments, et caser dans tout ça des séances de bisous, de câlins, des soupçons de musicothérapie, de jeux.

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Et sa petite sœur aussi a une vie bien remplie, elle aussi va à l’école, a besoin de soins, de bisous et de câlins, de jeux, d’activités, elle déborde d’énergie et a besoin de s’exprimer, et moi de lui accorder du temps. À moi de relever le défi. C’est fastoche cette rentrée : grande section ! Je n’ai pas à paniquer sur le cartable, les cahiers, le.a futur.e maître.sse, les devoirs. Je peux garder intacte une partie de ma sérénité.

Jusqu’aux prochaines vacances.