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Peut-on être sympa sans utiliser d’emojis ?
« Oui, je m’en occupe. »
« Oui, je m’en occupe :) »
Vous avez lu le deuxième avec plus d’entrain et avez imaginé un sourire aux lèvres du destinateur, n’est-ce pas ? Et le premier, il vous semble un peu… sec ? Et ce n’était même pas un « Ok. ».
Depuis plus d’une vingtaine d’années, nos communications numériques au travail sont ponctuées de petits bonhommes jaunes qui se sont démultipliés avec le temps. Devenus presque indispensables pour exprimer nos émotions, nos réactions, ou nos propos, les emojis font maintenant partie intégrante de nos communications professionnelles. Mais se pourrait-il qu’on en abuse, parfois, au nom de la cordialité ?
Ce que j’observe autour de moi, c’est que mes collègues féminines, tout particulièrement, sont de grandes utilisatrices d’émoticônes. Est-ce parce que notre société invite les femmes à paraître toujours aimables et souriantes et ce, même dans leurs communications numériques ?
C’est pour ça que cette semaine, j’ai décidé de faire un petit test, soit de communiquer avec mes collègues sans emojis, ni émoticônes.
Petite histoire de l’émoji
Avant toute chose, tentons de comprendre l’émergence de ces petites images. Avant la création des émojis, il y avait les émoticônes, des dessins réalisés en combinant plusieurs caractères typographiques, et qui datent de 1982. Ce sont, entre autres, les fameux :-) ou :-(.
Quant aux émojis, ils nous viendraient du Japon et auraient été créés à la fin des années 1990 par Shigetaka Kurita, designer de profession. D’ailleurs, le mot émoji signifie littéralement en japonais « e » pour image et « moji » pour lettre. En 2011, Apple intègre le clavier Unicode Standard dont le langage permet la création de ces petits pictogrammes. Ces derniers connaissent alors un véritable essor.
Qui peut aujourd’hui se targuer de n’avoir jamais terminé une demande de service quelconque par un visage souriant ou utilisé le fameux pouce en l’air pour signifier son accord ? Une pratique pour le moins dangereuse, comme en témoigne le cas du pouce en l’air qui a coûté 60 000$ à un fermier cet été.
Son utilisation s’est d’ailleurs accrue avec la pandémie en raison du manque de contacts sociaux. Tous les ans, la famille de ces petits pictogrammes s’agrandit, et la Bretagne, le Québec ainsi que la Finlande se sont même battus pour avoir leur propre émoji.
Une pratique féminine ?
Selon une étude datant de 2017 et portant sur 1000 Américain.e.s, 91 % des femmes utiliseraient les émojis, contre 75 % des hommes.
Une autre étude publiée dans le journal Social Psychological and Personality Science démontre que « contrairement aux vrais sourires, les smileys n’augmentent pas les perceptions de chaleur et diminuent en fait les perceptions de compétence ».
Comme l’explique cet article de Quartz, les femmes auraient plutôt tendance à avoir recours aux émoticônes par préoccupation pour les autres, plutôt que pour elles-mêmes. Pour elles, il s’agirait de s’assurer que les autres se sentent à l’aise, confortables. Et, quand on ne se préoccupe pas des interprétations des autres et qu’on néglige de parsemer nos communications de symboles sympathiques, on a l’impression de risquer d’être perçues comme étant « bitchy » ou froides.
Mon bilan après une semaine sans émojis
Au début, j’avoue que ça n’a pas été simple. Même si je ne suis pas une grande utilisatrice de ces fameux pictogrammes, j’aime parfois alléger mon propos ou partager mon enthousiasme en finissant mon message par un bon vieux :) .
Ce qui a aussi compliqué la chose, ça a été de ne pas pouvoir y avoir recours alors que j’échangeais avec certaines personnes qui en mettaient à toutes leurs phrases. J’ai eu tendance à vouloir répondre avec le même enthousiasme et ai même vécu une certaine culpabilité à ne pas pouvoir le faire.
Cependant, après 2 jours, j’ai commencé à écrire des messages plus courts. J’étais en quelque sorte devenue plus pragmatique.
J’ai même fait des économies de temps, parce que je ne compte pas le nombre de fois où j’ai cherché l’émoji qui correspondait le mieux à l’émotion que je voulais transmettre.
Le verdict : pour ou contre ?
Les avis divergent.
Selon Jacqueline Whitmore, auteure de livres sur l’étiquette au travail et fondatrice du Protocol School of Palm Beach, mieux vaut s’en tenir aux diverses variations du bonhomme sourire dans les communications professionnelles. Il faudrait éviter les émojis qui sous-entendent quoi que ce soit de romantique, et ceux pouvant véhiculer de la colère et des émotions négatives.
Cependant, d’autres encouragent son utilisation, parce que le recours aux émoticônes et autres émojis faciliteraient la communication entre collègues. Les gérants seraient même généralement plus en faveur de l’utilisation des émojis au travail que leurs employés.
Finalement, leur usage dépend de la personne avec qui vous communiquez, de votre domaine professionnel, de la culture de l’entreprise dans laquelle vous travaillez et, surtout, de vous ! C’est pourquoi mon conseil est le suivant : ayez donc un style de communication qui vous ressemble et qui est efficace pour vous. Ah, et privilégiez donc les échanges en personne. Votre personnalité ne pourra pas être mal traduite dans ce contexte-là.