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Marche des libertés : « Je ne veux pas grandir sous une dictature »

On a marché et discuté avec des manifestant.es.

Par
Lison Délot
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Samedi, des milliers de personnes se sont réunies pour protester contre la proposition de loi « sécurité globale ». De la Place de la République à la Place de la Bastille, des jeunes, des familles, des personnes âgées, des journalistes, des étudiants… Tous étaient là pour la même cause : marcher dans l’espoir de faire réagir le gouvernement face à cette loi qu’ils jugent contraire aux principes démocratiques. Nous avons rencontré certains des ces manifestants, voici leurs témoignages.

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Nora 21 ans, étudiante en biologie : « Cette loi nous prive littéralement de nos libertés »

Je me sens démunie. Moi, toute seule, je ne peux pas faire grand-chose, à part manifester. J’étais là la semaine dernière, et me voilà à nouveau. S’il y a une autre manif contre cette loi, j’en serai aussi.
J’estime que cette loi n’est pas justifiée : si les policiers n’avaient rien à se reprocher, ils n’auraient pas de problème avec le fait d’être filmés. J’ai l’impression que le gouvernement cherche à cacher l’innommable et à camoufler les preuves des bavures policières. Les médias sont très touchés aussi par cette loi et c’est inacceptable au soi-disant pays des droits de l’Homme.
Alors oui, bien sûr, le travail de la police est essentiel et je ne dis pas que tous les flics sont des pourris. Mais cette loi risque de laisser encore plus de liberté aux pourris et ça ce n’est pas normal.
J’aimerais que le gouvernement prenne conscience que la France n’est pas d’accord. Bref, il faut arrêter les conneries, ça suffit.

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Elis, 12 ans : « Je ne veux pas grandir sous une dictature »

Cette loi n’est pas acceptable. Toutes les violences policières dont on entend parler ne seront plus visibles avec cette loi. Comment les dénoncer si on n’a plus le droit à l’image ? Et ma liberté d’expression alors ? Je ne veux pas grandir sous une dictature. Je veux pouvoir m’exprimer sans avoir peur d’être réprimé.
J’ai été choqué par les images du tabassage de Michel Zecler, ça m’a donné envie de vomir. Mais ça m’a surtout donné envie de venir manifester aujourd’hui.
Je suis en colère contre le gouvernement parce que je trouve inacceptable de nous enlever ce droit qui est légitime, mais surtout, c’est la façon dont ils le font qui est dégueulasse. On est en pleine crise, on n’a pas forcément le droit de circuler, les gens sont déjà épuisés… Ça suffit quoi !
Il va falloir continuer de manifester parce que le gouvernent ne va pas nous écouter si facilement. C’est un combat qui va être long mais qu’on peut gagner.

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Anna, avec son mari et ses deux enfants (1 ans et 4 ans) : « « J’ai peur des flics donc je n’emmène pas mes gosses manifester », on en arrive là ? »

Je travaille au service vidéo d’un grand journal français, alors je suis forcément très touchée par cette loi, c’était important pour moi d’être là aujourd’hui. Nous sommes venus avec les enfants parce que nous n’avions pas le choix. Et puis, ça fait mal au cœur de se dire qu’on a peur de venir manifester avec les enfants si jamais ça dégénère. Donc c’est aussi une manière de dire qu’il faut pouvoir manifester avec eux, qu’on puisse se sentir en sécurité, ce qui n’est pas le cas en ce moment. « J’ai peur des flics donc je n’emmène pas mes gosses manifester ? », on en arrive là ? Moi je ne peux pas accepter ça.

On sait qu’il y a beaucoup de violences policières, mais c’est déjà difficile de les repérer alors si, en plus, on a cette restriction supplémentaire, comment on va pouvoir faire notre travail ? On l’a vu la semaine dernière : s’il n’y a pas d’images, il n’y a pas de preuves et la parole des victimes n’a aucun poids face à la police. D’autant plus s’ils sont issus de minorités, ce qui est purement scandaleux. On a vraiment besoin de ces images !

Pierre, 37 ans, comédien : « Je n’ai plus les mots pour qualifier les actes des forces de l’ordre »

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C’est inacceptable. Je n’ai plus les mots pour qualifier les actes des forces de l’ordre. Quand je vois les coups que Michel Zecler a reçu, quand j’entends les insultes racistes, je me demande dans quel monde on vit ! J’en ai marre, je ne supporte plus de voir des images comme celles-ci tous les jours quand j’allume ma télévision. J’ai participé à la grève il y a quelques mois, je suis allé bloquer des départs de bus, et j’ai vu ces violences, de mes propres yeux. J’ai vu des policiers frapper des manifestants pacifiques. J’ai vu, je l’ai vécu, et je ne cesserai jamais de descendre dans la rue pour faire stopper ces violences abjectes. Quant à la loi sécurité globale, elle ne fait que légitimer ces violences. Ça me dégoûte.

Une amie de Pierre qui passait par là : « Il y a une vraie dérive autoritaire qui se met en place et ça commence à me faire vraiment peur »

On s’est beaucoup focalisés sur l’article 24 de cette loi, mais il y en a d’autres qui sont tout aussi préoccupants. Par exemple, l’autorisation de faire voler des drones au- dessus des manifestants et d’analyser les images en direct, ou encore la police armée… Il y a une vraie dérive autoritaire qui se met en place et ça commence à me faire vraiment peur. D’ailleurs, levez votre tête et regardez… Un drone se balade tranquillement au-dessus de nous.

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