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Les filles les plus cool du petit écran sont dans la série Betty
Certaines séries débarquent sur nos écrans sans grand fracas, sans forcément déplacer les foules ou faire beaucoup de bruit. Mais elles arrivent quand même à se créer une petite place dans nos cœurs. C’est le cas de Betty, une série HBO disponible sur OCS en France et dont la deuxième saison vient juste de se terminer. Betty c’est la fraîcheur incarnée, un programme lumineux qui dresse un portrait vibrant et authentique d’une certaine jeunesse new-yorkaise. Car oui, Betty ne s’intéresse pas à tout le monde mais à des jeunes femmes qui traversent les rues de la Big Apple avec nonchalance sur leur planche de skate.
Une ode à l’entraide féminine
Commençons par le début : qui est Betty ? Ou plutôt : qu’est ce qu’une Betty ? Ce mot d’argo américain désigne en fait une jeune femme qui fait du skateboard, enfin qui fait semblant d’en faire. La Betty n’aimerait pas vraiment la planche, elle veut juste avoir l’air cool. L’Urban Dictionary définit une skateboard betty comme une « fille, généralement une adolescente, qui fréquente les skateparks et s’habille comme une skateuse mais qui ne fait rien d’autre que de regarder et ricaner ». Donc traduisons : c’est un terme qui a souvent été utilisé de manière péjorative pour renforcer les discriminations et les stéréotypes envers les femmes souhaitant intégrer cet espace traditionnellement masculin.
Dans la série, si nos Betty subissent toujours des remarques sexistes, elles maîtrisent la planche à la perfection et même mieux que les hommes. Créée par Crystal Moselle, la série est l’adaptation (ou prolongation) de son film Skate Kitchen, sorti en 2018. La réalisatrice a décidé de s’intéresser à ce milieu après une rencontre avec de vraies skateuses dans le métro. Entre le film et la série, les actrices (des skateuses de base) ne changent pas vraiment mais elles ont plus de place pour raconter leurs histoires. Camille, Indigo, Janay, Kirt et Honeybear : ces cinq femmes sont amies, s’engueulent, parlent sexe ou menstruations sans aucun tabou. Très différentes les unes des autres, elles forment un groupe soudé qui finit toujours par se retrouver. Une véritable ode à l’entraide féminine.
Une série douce et authentique
Car Betty est avant tout une histoire de femmes : des femmes racisées, des femmes bisexuelles, des femmes lesbiennes, des femmes de milieux sociaux différents. Nos protagonistes sont libres de faire des plans à trois, d’aller dans des sex-shop, de disposer de leur corps comme elles le souhaitent. Cela ne veut pas dire que leurs chemins respectifs ne sont pas sans embûches. Dans la saison 2, Janay veut trouver un nouveau skatepark pour sa communauté. Alors qu’elle essaie d’aménager un entrepôt abandonné, les skateurs masculins ne commencent à l’écouter qu’à partir du moment où un homme intervient pour les remettre dans le droit chemin… Ce genre de scènes parsème les deux saisons de la série et vient nous rappeler le sexisme ambiant dans la communauté skate.
La deuxième saison aborde d’autres thèmes intéressants à travers le personnage d’Indigo qui essaie de devenir une sugar baby ou celui de Camille, la plus accro à la planche de la bande, abordée par une marque pour devenir leur ambassadrice. Si la jeune fille accepte avec enthousiasme au début, elle est de moins en moins à l’aise avec l’idée en se rendant compte que cette marque ne souhaite qu’exploiter le style des skateurs sans vraiment comprendre l’essence de ce sport. « J’en ai fini avec le sentiment que je dois faire mes preuves à ces gens et à tout le monde », déclare-t-elle dans un épisode. Entre les hommes et le capitalisme, la vie est dure pour nos héroïnes.
Mais Betty reste avant tout une série très douce. Dans son style tout d’abord, très proche de celui des documentaires où les moments sont filmés sur le vif. Mais aussi dans la lenteur de son intrigue qui crée une atmosphère apaisante et authentique où l’on s’intéresse plus aux après-midi insouciants de nos protagonistes qu’à des histoires dramatiques. Même l’apparition du Covid-19 dans la deuxième saison n’enlève rien au côté charmant de la série. Betty respire de modernité et de liberté, surtout lors de magnifiques scènes où nos héroïnes skatent ensemble dans les rues de New-York, laissant tous leurs problèmes derrière elles. Depuis le bord de la route, on a l’impression qu’elles vont prendre leur envol et on ne peut s’empêcher de se dire « j’aimerais être aussi cool que les filles de Betty ».