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Je rêve de pouvoir « manger les riches » un jour
Au début de la pandémie, une grande partie de la population s’est moquée des personnes qui se sont créé un compte sur OnlyFans. Trois ans plus tard, j’étais devant les œufs au supermarché et je me demandais combien de photos de mes pieds me permettraient d’en acheter une demi-douzaine.
C’est là que j’ai compris tout le sens de « manger les riches », une expression qui, dans les manifestations comme face à notre frigo vide, prend de plus en plus de place dans l’imagerie populaire.
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D’Où est-ce que ça vient ?
Retournons à l’époque où la France est en pleine révolution. La lutte des classes bat son plein en raison du clergé et des nobles qui se gardent toutes les richesses en laissant les miettes au reste de la population, le tiers état.
En écrivant sur l’histoire de la Révolution française, l’auteur Adolphe Thiers résume le désespoir de l’époque par une citation de Jean-Jacques Rousseau : « Quand le peuple n’aura plus rien à manger, il mangera le riche ».
Avec du ketchup, j’espère. Tout est toujours mieux avec !
le seul vrai risque que leurs supérieurs encourent est celui de descendre de leur piédestal et de venir nous rejoindre en bas. De redevenir de simples travailleurs.
Plus de deux cent ans après cette révolution, la crise du logement nous frappe de plein fouet, l’inflation ne cesse de nous faire mal et le salaire minimum augmente au compte-goutte. Vivons-nous la version moderne d’une France en crise ?
Potentiellement. Fut une époque, les enfants de 12 ans travaillaient à la ferme. Maintenant, ils le font dans des multinationales. Et moi, j’essaie encore de trouver des solutions pacifiques tout en cherchant en ligne un tutoriel pour construire une guillotine sur mon très petit balcon.
les vrais dragons
Alors que les salaires en bas de l’échelle stagnent, les patrons s’accordent de gros bonus. Ils regardent les millions s’ajouter à leurs comptes de banque, mais osent ensuite nous dire : « Je prends les plus gros risques et mérite donc une part démesurée du gâteau ».
Leurs employés courent la malchance de se blesser, de faire des burnouts ou encore d’attraper le COVID-19, pendant que le seul vrai risque que leurs supérieurs encourent est celui de descendre de leur piédestal et de venir nous rejoindre en bas. De redevenir de simples travailleurs. Ils savent que nous ne sommes pas dans une position enviable.
Certains ultra-riches sont surnommés des « Dragons », en référence à tout l’argent dormant qu’ils protègent pendant que les paysans s’échangent le même billet de 100 euros.
Lorsqu’on parle de vouloir « manger les riches », ça fait souvent peur aux gens qui touchent des chèques à six chiffres et qui pensent qu’on court après leur jarret. Mais vous n’êtes pas aussi appétissants que vous le pensez. Joignez-nous à la table pour le banquet. Vous payez sans doute plus d’impôts que les ultra-riches qui ont toutes les combines comptables pour s’en sortir.
C’est là que notre frustration bouillonne. Ils prétendent participer équitablement à la société alors qu’ils font tout pour éviter de redistribuer leur richesse.
Certains ultra-riches sont surnommés des « dragons », en référence à tout l’argent dormant qu’ils protègent pendant que les paysans s’échangent le même billet de 100 euros. Et je ne sais pas pour vous, mais ces images-là me donnent envie de voir un dragon de type Game Of Thrones rôtir sur une broche comme un méchoui.
Surtout que je me demande le goût que ça a, du dragon ?
UNE FAIM POUR LA JUSTICE
Mais si cette expression revient au goût du jour, c’est aussi parce que les solutions qui s’offrent à nous dans ces temps difficiles sont limitées. Dans ma propre situation, en ce moment, je dois des sous au gouvernement parce que je n’ai pas fait assez d’argent tandis que les ultra-riches, eux, n’ont jamais eu à se soucier de ces problèmes. Même qu’ils se sont enrichis durant la pandémie.
En l’absence de revenu de base universel, on pourrait croire que l’argent ne sert qu’à se nourrir et à se loger. Au premier niveau, c’est vrai. Des gens meurent de froid dans les rues ou même dans les toilettes chimiques pendant que les plus fortunés s’achètent une autre maison comme s’ils collectionnaient tous les manoirs que l’on retrouve dans le Cluedo.
C’est sûr que le cannibalisme capitaliste n’est le premier choix de personne, mais rendu là, qu’est-ce qu’il nous reste ?
Tandis que nous nous demandons comment manger trois repas par jour, les plus riches paient de moins en moins d’impôts, certains empilent des milliards d’euros qui pourraient changer la vie d’une grande partie de la population (littéralement)… ça nous laisse un goût amer en bouche alors que nous avons si peu à nous mettre sous la dent.
C’est sûr que le cannibalisme capitaliste n’est le premier choix de personne, mais puisque nous y sommes, qu’est-ce qu’il nous reste ? Après, juste parce que ça ne me tente pas de me faire poursuivre : n’essayez pas de manger des humains, c’est interdit par la loi. Bien que, si on y pense, c’est quand même manger local…