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Focus sur une contraception naturelle : la symptothermie
Pour beaucoup de personnes, la contraception est un véritable fardeau : les rendez-vous chez un.e gynécologue ou la sage-femme, la charge mentale quotidienne si l’on prend la pilule, le coût, mais aussi le risque d’une efficacité qui n’atteint jamais 100%, sans oublier les désagréments liés à la contraception hormonale, c’est un calvaire.
Malgré tout, le panel de contraceptifs s’élargit de jour en jour et même s’il ne semble y avoir aucune contraception idéale, la diversité permet de trouver la contraception la moins contraignante.
La symptothermie fait partie de ce panel de contraceptions naturelles disponibles et fiables. Mais face à un marché concurrentiel (qui rapporte des milliards d’euros), elle est parfois diabolisée ou perçue comme rétrograde face à la pilule ou aux autres contraceptions hormonales. Décryptage.
La symptothermie, c’est quoi ?
La symptothermie, c’est donc une contraception naturelle. On peut aussi l’appeler la « méthode des indices combinés » car elle prend en compte plusieurs éléments pour gérer sa fertilité au quotidien. Pour la pratiquer, il faut se munir d’un thermomètre à double décimale, d’un carnet ou d’une application (comme Moonly App) : car oui, la symptothermie se base sur une prise de température quotidienne, au réveil, et à l’observation de la glaire cervicale, que l’on appelle souvent pertes blanches.
Vous l’ignorez peut-être, mais en fonction de notre cycle, la glaire cervicale change de couleur et de texture et permet de cerner si l’on est en phase d’ovulation ou pas. C’est assez simple : lorsqu’on va ovuler, la glaire cervicale se fluidifie, pour ressembler à du blanc d’oeuf cru ou de la salive, pour aider d’éventuels spermatozoïdes à aller jusqu’à l’ovule. À l’inverse, des pertes à la couleur blanche, ayant une texture plus compacte indiquent généralement que la période d’ovulation est terminée (c’est aussi un excellent indicatif de la santé de notre vagin !).
A ne pas confondre donc, avec d’autres méthodes d’observation, comme la méthode Ogino qui se base uniquement sur un calcul des jours potentiels de fertilité, ou la méthode Billings, qui consiste à observer seulement la glaire cervicale. Ces dernières méthodes ont un taux d’efficacité plutôt faible. Idéalement, on entame le parcours symptothermie non pas seul.e mais en compagnie d’un.e formateur.rice. C’est d’ailleurs le métier de Maud qui a découvert la méthode après avoir dû prendre la pilule du lendemain à deux reprises, lui provoquant un oedème. « C’est une habitude à prendre, au quotidien dans certains gestes et puis dans la compréhension de son corps. Mais une fois cette vigilance acquise, on vit des journées tout à fait banales. La symptothermie ne doit pas être complexe », raconte Maud qui propose des formations pour gérer au mieux cette contraception qu’elle invite à tester en couple. « Il s’agit souvent de 4 modules d’environ 1h30-2h, où on aborde les rouages du cycle féminin, puis le début et la fin de la période fertile de manière de plus en plus fine. On redonne au partenaire toute la place qui lui revient dans cette gestion de la fertilité », m’explique-t-elle.
Est-ce que c’est vraiment fiable ?
C’est là que ça devient intéressant. En effet, les taux de fiabilité réels de la symptothermie sont excellents : ils sont de plus de 98% selon l’OMS. C’est donc un contraceptif plus fiable que le préservatif externe, mais aussi que le patch, l’anneau vaginal, ou la pilule.
Toutefois, il n’est pas rare de lire que cette méthode est inefficace, qu’elle représente le plus haut taux d’échec : c’est parce que sous le mot symptothermie, beaucoup de personnes incluent les méthodes dont j’ai parlé plus haut (Billings, Ogino) ou emploient ce terme alors qu’iels pratiquent juste le retrait, ou se basent sur un calcul théorique de leur jour d’ovulation, notamment grâce aux applications pour suivre son cycle menstruel. Ces applications ne sont en aucun cas fiables pour gérer sa contraception, on le répète.
Reprendre le pouvoir sur son corps
La contraception est souvent subie par les personnes qui l’utilisent. « Connaissance de soi, partage avec sa ou son partenaire, confiance en soi, liberté » : voici les mots qui sont venus à la bouche de Camille lorsque je lui ai demandé pourquoi elle pratiquait la symptothermie.
Une autre abonnée à mon compte Instagram m’a aussi expliqué : « Je la pratique depuis six mois et j’ai l’impression d’avoir repris le contrôle sur mon corps ».
Tout comme Gisèle : « C’est efficace pour gérer ma fertilité et être autonome ». Mais surtout, là où beaucoup de personnes voient la contraception comme une gêne, la symptothermie fait partie des rares alternatives qui n’ont absolument aucun effet secondaire.
« J’ai choisi la symptothermie suite à une grossesse extra utérine, avec ablation de la trompe, sous DIU au cuivre. Suite à ça, j’ai testé une pilule sans œstrogènes, mais comme tout traitement hormonal jusque-là, je ne l’ai pas supporté. J’ai demandé conseil à ma gynécologue pour une contraception plus naturelle (diaphragme, par exemple) et elle m’a fait savoir que si mes cycles étaient réguliers, la symptothermie était le mieux dans mon cas. Depuis, j’ai été diagnostiquée en insuffisance ovarienne précoce, alors ne pas prendre de contraceptif est, pour moi, la meilleure solution », raconte encore Gisèle. « La symptothermie est un bon indicateur, mais les premiers mois peuvent être compliqués, il faut apprendre à se connaître. Je la conseillerais aux personnes à l’écoute de leur corps et qui ont un.e partenaire bienveillant.e. Il faut pouvoir tester sur plusieurs mois, en ayant une solution alternative (préservatif, DIU, etc) pour ensuite ne plus utiliser que ça. »
La charge contraceptive reste bel et bien présente
Un problème persiste malgré tout : la charge mentale liée à la symptothermie. Parce que prendre sa température chaque matin et observer sa glaire cervicale pour la répertorier dans une application, ça peut être fastidieux.
Sandrine, co-fondatrice de l’application Moonly me le confirme : pour elle, il faut au moins 3 à 6 cycles pour être complètement à l’aise et ne plus voir cela comme une charge. On peut le faire le matin au réveil pendant qu’on va faire pipi, par exemple.
Mais cela n’empêche qu’il faut y penser constamment, à la différence d’un implant ou d’un DIU (dispositif intra-utérin). C’est bien pour cela qu’il faut un panel important de contraceptions afin que tout le monde s’y retrouve.
Les applications comme Moonly permettent de partager cette charge : l’app propose un accès partenaire, qui permet à votre conjoint.e de vérifier aussi les périodes de fertilité pour se responsabiliser !
Vincent, 34 ans, en couple hétérosexuel, l’a testé : « Ça m’a fait prendre conscience du déni et du désintérêt (quand ça n’était pas carrément du dégoût) que j’accordais à ma copine, à l’époque, quand elle avait ses règles. Mais aussi de notre manque de connaissance à tous les deux, notamment sur ce qui pouvait l’aider à avoir moins de douleurs le premier jour ».