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Feel Good, la série sous-cotée qu’il faut absolument regarder
À l’ère de la Peak TV où des dizaines de programmes sortent chaque semaine sur les plateformes de streaming et les bonnes vieilles chaînes de télévision, il est difficile (voire impossible) de tout regarder. On se dirige donc souvent vers les programmes dont on entend le plus parler, les sorties Netflix portées par des gros noms de l’industrie culturelle. Ce qui veut aussi dire que parfois, on passe à côté de séries pépites, ces programmes qui restent dans l’ombre et ne touchent pas vraiment les masses mais pourtant sont d’une qualité incroyable. C’est le cas de la série dont nous voulons vous parler aujourd’hui, Feel Good, une comédie dramatique britannique dont la dernière saison est arrivée sur Netflix début juin. Alors pourquoi est-ce que ça vaut vraiment le détour ?
Une douce histoire d’amour
Composée seulement de deux saisons de six épisodes chacune (parfait pour binger rapidement), Feel Good a été créée par Joe Hampson et Mae Martin. Cette dernière – qui s’identifie comme non binaire et utilise les pronoms elle/iel – est une humoriste canadienne vivant en Angleterre. Après avoir lu ces dernières lignes, l’histoire de Feel Good va vous paraître bien familière : la série suit Mae, une humoriste canadienne vivant en Angleterre, qui utilise des pronoms féminins avant de questionner son genre dans la dernière saison. Oui, Feel Good est une œuvre semi-autobiographique mais aussi avant tout, une belle histoire d’amour.
Dans la saison 1, Mae rencontre George (Charlotte Ritchie), une enseignante anglaise avec son lot d’insécurités, à l’un de ses spectacles de stand up. Les deux commencent à se fréquenter et leur relation devient très (trop) rapidement intense et doit faire face à plusieurs problèmes. George a du mal à parler de sa nouvelle compagne à sa famille et ses amies qui la croient hétéro. Mae de son côté, se droguait dans sa jeunesse et doit gérer son addiction. Toute relation vient avec son lot de traumatismes de la part de ceux qui la composent et Feel Good explore intelligemment comment une co-dépendance peut se former entre deux personnes sans que cela ne soit vraiment sain. Cela ne veut pas dire que l’histoire d’amour entre George et Mae n’est pas belle, bien au contraire. Elle est remplie d’une douceur qui réchauffe le cœur mais les deux doivent simplement grandir de leur côté pour mieux se retrouver. Et pour grandir, il faut affronter son passé.
Des questions parfois inconfortables
De par son titre, on pourrait croire que Feel Good (« se sentir bien ») est une comédie. Certes, la série est remplie d’un humour incisif qui s’amuse des traumatismes comme la jeune génération sait si bien le faire. Mais sous couvert de blagues, Mae Martin aborde des thèmes durs avec un soin particulier et l’œuvre qui en ressort est d’une véracité qui peut parfois rendre inconfortable à l’image de Fleabag ou I May Not Destroy You. Comme quoi, les séries britanniques de ces dernières années visent vraiment juste. Si la première saison de Feel Good joue un peu plus sur l’humour et le côté comédie romantique, la deuxième plonge tête la première dans la sexualité ludique de notre couple préféré ainsi que les traumatismes et les démons de Mae.
C’est justement là que Feel Good devient une œuvre incroyable, dans sa manière d’aborder avec subtilité mais fermeté les questions d’addictions, d’abus ou de consentement. Comment laisser partir quelqu’un qui prend trop de place dans notre vie et ne le mérite pas ? Comment se réconcilier avec un sentiment de honte provoqué par nos propres sentiments ? Feel Good pose des questions difficiles mais nécessaires. La série évoque même avec subtilité la non-binarité, un sujet si peu abordé dans les œuvres culturelles qu’il faut le souligner. « Je ne m’identifie pas vraiment à une femme ces jours-ci », explique Mae dans le début de la saison 2 avant d’entamer une réflexion qui va culminer en une conversation remplie de bienveillance avec sa petite-amie George dans le dernier épisode.
Il faut regarder Feel Good pour la justesse de son script, le talent de Mae Martin, la douceur de la relation entre Mae et George, l’humour british et la beauté de la cinématographie. Si Feel Good ne va pas forcément vous faire vous sentir bien tout le temps, il est quand même agréable de découvrir une œuvre si forte et belle à la fois.