40 entrepreneuses, expertes et citoyennes ont travaillé ensemble à la formulation de propositions concrètes pour faire avancer l’autonomisation économique des femmes lors d’un événement hybride organisé par Empow’Her France, le lundi 7 mars, veille de la journée internationale des droits des femmes. Cet événement avait lieu chez Sist’Her Paris, le tiers-lieu dédié aux actrices du changement et à l’entrepreneuriat à impact. Voici le résultat.
Face au constat que l’autonomisation des femmes est absente des débats de la campagne électorale, nous souhaitons rappeler qu’il s’agit d’un levier essentiel pour tendre vers plus d’égalité Femmes-Hommes, mais aussi pour permettre le développement de la société dans son ensemble. Selon le Forum Économique Mondial, sans action de la part des gouvernements, l’égalité réelle mettra 136 ans à être atteinte. Nous souhaitons que celle-ci soit une réalité de notre vivant.
Cet événement a permis à des femmes de tous horizons, de toute génération, qu’elles soient expertes ou simplement sensibles à ces sujets, de s’asseoir à la même table et de penser ensemble des solutions concrètes. Nous sommes convaincu.e.s que chaque voix compte et que les expériences personnelles et professionnelles de chacune mises en commun donnent la force et le courage d’agir, et permettent d’enrichir le débat.
De cet échange, quatre thématiques phares ont été retenues pour faire avancer l’empowerment des femmes, et pour lesquelles nous avons formulé collectivement les propositions suivantes.
1/ Lutter contre toutes les discriminations et le sexisme au sein des entreprises
Nous appelons à une meilleure intégration des femmes dans le milieu professionnel via des actions concrètes pour lutter contre le sexisme au travail :
- La collecte et l’analyse de données croisées (genre, origine, orientation sexuelle, âge, niveau d’éducation etc.) permettant d’avoir une vision élargie de la place des femmes dans le milieu professionnel ;
- L’organisation d’un grenelle sur les inégalités salariales afin de faire adopter des mesures concrètes accompagnées de leviers de financement ;
- La sensibilisation du plus grand nombre via des actions menées au sein même des entreprises et intégrées au parcours de formation des salarié·e·s, ainsi que l’intégration d’un module sur le droit du travail permettant d’assurer une meilleure connaissance des obligations et des droits des salarié·es .
2/ Déconstruire les stéréotypes et valoriser les métiers dits “féminisés”
Nous demandons l’intégration de modules d’introduction au genre et sur la déconstruction des stéréotypes dans l’éducation des enfants dès le plus jeune âge à travers :
- Une campagne nationale portée par le ministère de l’Éducation afin de valoriser les corps de métiers féminisés, ainsi que la place des femmes dans des secteurs à plus forte prédominance masculine ;
- Des activités de sensibilisation à destination des élèves et des étudiants, mais aussi du corps professoral, pour lutter contre la reproduction des biais de genre dans l’orientation des jeunes ;
- La création d’un outil permettant de mesurer la valeur du travail à partir des “Compétences pour l’Avenir” définies par l’ONU et de valoriser les professions ayant un fort impact social / environnemental (sur la base de leur contribution à l’intérêt général plutôt que sur l’unique critère de la création de valeurs économiques).
3/ Tendre vers une meilleure parité dans la parentalité
La parentalité ne doit pas être un frein au développement des parcours professionnels des femmes. Nous défendons une vision plus égalitaire et paritaire de la parentalité, permettant aux deux parents d’accueillir le jeune enfant à travers :
- Un congé partagé obligatoire, regroupant à la fois le congé maternité et le congé paternité, réparti équitablement entre les deux parents ;
La responsabilisation financière des entreprises et de l’État dans le cadre du cofinancement des congés parentaux et des dispositifs d’accompagnement à la parentalité (crèches, retour à la vie professionnelle, aménagement des horaires etc.) ;- La mise en place d’un accompagnement à la parentalité au sein des entreprises pour sensibiliser les managers et mieux anticiper le départ ainsi que le retour de l’employé.e. La création d’une intersyndicale féministe capable de construire et de porter un socle commun de revendications et de réformes (parentalité, égalité salariale, sexisme au travail etc.) adaptée à l’ensemble des secteurs, des métiers et des statuts.
4/ Promouvoir un entrepreneuriat féministe
Nous défendons une approche systémique pour permettre l’émergence d’une culture entrepreneuriale plus inclusive, qui passera notamment par :
- La mise en place de mesures incitatives permettant de faciliter l’accès au financement pour des projets fondés ou co-fondés par des femmes, notamment par l’adoption d’un mécanisme d’égaconditionnalité, conditionnant l’obtention de financements publics à une stricte parité dans la direction et les gouvernances des entreprises financées ;
- Un renforcement de la visibilité et une plus forte médiatisation des entrepreneuses, pour permettre l’émergence de rôles modèles inspirants pour la future génération ;
- Un soutien renforcé aux acteurs de l’accompagnement et aux réseaux qui ont à coeur de prendre en compte le genre et les freins spécifiques rencontrés par les femmes dans leurs actions ;
- La production de données chiffrées permettant de mieux mesurer l’évolution de l’entrepreneuriat des femmes, et d’accéder à des données quantitatives (évolution du pourcentage d’entrepreneuses, du volume de financement accordé à des femmes (co)fondatrices) mais aussi qualitatives (besoins exprimés par les femmes, difficultés rencontrées dans la création entrepreneuriale …) ;
- La sensibilisation de l’écosystème entrepreneurial au sens large aux biais de genre, l’accès à des formations et à des ressources pour déconstruire les stéréotypes.
Aidez-nous à porter la voie/x de l’émancipation des femmes et à relayer ces propositions, pour construire ensemble un projet de société plus égalitaire.
REMERCIEMENTS
Merci à nos expertes qui ont partagé leurs connaissances et leurs expériences et à toutes les participantes de cet événement qui ont contribué à la rédaction de ces propositions.
Sandrine Elmi Hersi, Ouarda Sadoudi, Sophie Soubiran, Morgane Dion, Caroline Blaes Joséphine Py, Sylvia De La Baume, Julie Telfour, Justine Quintin, Amina Bouri, Soazig Barthélemy.
Nejma Belkhdim, Françoise Avice, Caroline Granier, Kadija Akhenkham, Koita Seyyane, Nelly François, Yasmine Chastang, Rocio Cruz, Melouka Brochier, Marie-Laure Fourel, Lydia Khelifa, Laure Staraselski, Elena Poulain, Cherine Zidour, Roxane Vaudeleau, Cécile Delcuvellerie, Bouchera Azzouz
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