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Comment le yoga a changé ma vie (et peut changer la vôtre)
Non, ceci n’est pas un énième papier vantant un loisir à la mode.
Rien qu’en lisant le titre, vous avez peut-être soupiré. Oui, ENCORE un papier qui parle des bienfaits du yoga, blablabla… Oui mais ce n’est pas de ma faute à moi, si cette discipline est devenue hyper à la mode quelques années après que je m’y sois mise. Et puis, promis, je ne porte pas de petits débardeurs moulants sur mon corps musclé (que je n’ai pas). Je ne me prends pas non plus en photo dans des postures improbables pour Instagram avec de grandes citations philosophico-pourries en dessous.
Pourtant, le yoga a changé ma vie et je vais vous expliquer pourquoi. Enfin, changer ma vie, pas complètement. Surtout, cette pratique a changé la perception de mon enveloppe physique. Un peu compliqué, vous me direz ? Pour comprendre tout cela, il faut revenir au tout début de mon histoire avec mon corps. Elle se résume en quelques mots, deux pour être précis : le néant.
À 20 ans, je ne connaissais rien de moi. Enfermée dans l’idée, depuis toute petite, que j’étais une « intello » (c’est à dire, bonne à l’école selon les normes de la société), je n’avais jamais pris conscience de mon corps. Jamais fait aucun sport, jamais bougé, jamais dansé. Je n’étais qu’une tête, portée de façon fort utile par un grand truc que je ne considérais pas trop. Ce n’est pas que j’étais complexée, pas du tout. Juste que je n’avais pas fait connaissance avec moi-même.
Rien qu’en jetant un coup d’œil aux autres, je me suis bien vite rendue compte que j’étais raide comme un bâton. Un niveau de souplesse proche de zéro, une incapacité totale à faire la moindre posture correctement.
À 22 ans, je rentre en école de journalisme et fait une rencontre marquante : Daisy, mon amie. Après quelques semaines de cours, elle me sort très sérieusement, en me regardant les sourcils froncés : « Mais tu flottes complètement, non ? ». Ah ça oui, je flottais. Un peu à côté de la plaque, un peu à côté de la vie aussi. Je n ’étais pas ancrée. Cette idée m’a perturbée. Je l’ai gardée dans un coin de ma tête.
Il faudra attendre quelques années pour que je pousse la porte d’un studio de yoga, à Morlaix, tout simplement parce que je m’ennuyais, ne connaissant personne dans la ville. Là, j’ai eu une révélation. Rien qu’en jetant un coup d’œil aux autres, je me suis bien vite rendue compte que j’étais raide comme un bâton. Un niveau de souplesse proche de zéro, une incapacité totale à faire la moindre posture correctement. D’ailleurs, le prof me regardait d’un air un peu désespéré.
Dans ma tête, je me disais que c’était grave. Grave, à mon âge, de ne pas pouvoir me tenir assise en tailleur le dos droit. En même temps, même si je sortais super énervée de chaque cours, j’y revenais toujours. Dans les heures qui suivaient, j’avais l’impression de sentir des petits fourmillements dans tout mon corps, plus d’énergie, un mieux-être. Un peu comme un membre engourdi se réveille après être resté privé de sang trop longtemps.
À peine habillée de mon plus beau legging, je me tenais en cercle autour d’un arbre, bras dessus, bras dessous avec mes voisins. Moi qui ne supporte pas d’être touchée par des inconnus, j’ai dû apprendre à lâcher prise.
Alors j’ai continué. L’année d’après, changement de décor, je pars bosser en Picardie. Pour me décontracter, j’achète sans réfléchir un séjour 100 % yoga d’une semaine, avec aucune idée d’où je mettais les pieds. Bien m’en a pris. À peine habillée de mon plus beau legging, je me tenais en cercle autour d’un arbre, bras dessus, bras dessous avec mes voisins. Moi qui ne supporte pas d’être touchée par des inconnus, j’ai dû apprendre à lâcher prise. D’ailleurs, je n’ai fait que ça de tout le séjour. J’ai appris à accueillir mes émotions après un cours intense, respirer en imaginant des boules de toutes les couleurs irradier dans mon corps (une technique de méditation), me jeter dans les bras d’un inconnu durant un cours de partner yoga. Bizarrement, ça m’a parlé.
C’était le début d’un long chemin avec le yoga et d’une pratique régulière. Rassurez-vous, nul besoin de se lever à 5 heures du matin pour faire 50 salutations au soleil pour vivre le yoga. Je ne déroule pas mon tapis tous les jours. Mais au moins toutes les semaines. J’arrive enfin à tenir mon dos droit et respirer en prenant conscience de mon corps.
J’essaie aussi d’appliquer les enseignements reçus en salle dans mon quotidien. Quand ça ne va pas, je me dis : « Go with the flow ». Si je me pose une question, il m’arrive de recentrer en me rappelant que « tout est en moi ». Surtout, je me suis rendue compte que le yoga, et surtout la partie posturale, comme elle est enseignée en Occident, était une bonne allégorie de la vie. Pour s’en sortir, il faut trouver le savant équilibre entre lâcher prise et tenir bon. Lâchez-vous…