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Ces couples qui n’ont plus envie de baiser depuis la pandémie

La crise, jusque sous la couette.

Par
Pauline Allione
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« Quand on s’est retrouvées confinées ensemble, on s’est dit “trop cool, on va pouvoir baiser tout le temps”, mais finalement mon envie diminuait de jour en jour. On est passées d’un rapport tous les deux jours à un toutes les semaines, puis toutes les deux semaines, et ainsi de suite… » Comme Marie, nombreux sont ceux à ressentir les effets de la crise sanitaire jusque sous la couette. Il y a évidemment les célibataires pour qui le potentiel de nouvelles rencontres est proche de zéro à moins de s’en remettre à Tinder, mais aussi les couples, dont la vie sexuelle n’est pas forcément plus riche.

BABY KRACH À L’HORIZON

Enfermement à deux, absence d’autres contacts sociaux, difficultés à se projeter, anxiété, dépression… Plus d’un an après l’apparition du Covid-19 et l’installation d’un climat autant anxiogène qu’inédit, les chiffres sont implacables : globalement, la crise ne fait pas bander. Alors que de nombreux spécialistes prédisaient un boom des bébés Covid conçus pendant le premier confinement, neuf mois plus tard, une étude de l’Insee révélait au contraire une chute de 13% des nouvelles naissances en janvier 2021 par rapport à janvier 2020, et un taux de natalité jamais vu depuis 1945… Des premiers chiffres peu rassurants, qui font craindre aux spécialistes un baby krach.

« Le fait de ne pas pouvoir sortir boire un verre, rencontrer du monde et se changer les idées, forcément, ça pèse dans la balance »

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Rien d’étonnant pour Baptiste, 24 ans, qui a vu son appétit sexuel réduit en même temps que ses libertés. « Depuis quelques mois, c’est de pire en pire… Le fait de ne pas pouvoir sortir boire un verre, rencontrer du monde et se changer les idées, forcément, ça pèse dans la balance ». Sa vie sociale réduite au strict minimum, le Strasbourgeois a constaté qu’il avait plus de difficultés à surmonter ses problèmes de couple, au lit y compris.

« JE N’AI PLUS ENVIE DE RIEN, PAS MÊME DE CUL »

Quand le gouvernement annonce un premier confinement, Arthur* et sa copine, expatriés Français à Montréal, sautent le pas de la vie à deux pour éviter de vivre cette période chacun de leur côté. Mais entre le stress causé par la situation sanitaire et le fait de se retrouver ensemble 24h/24, leur vie sexuelle en prend un coup. « La libido de ma copine a complètement chuté et de mon côté, je déprimais un peu à cause de l’enfermement et de la distance avec mes proches… Cela n’arrangeait pas les choses ».

« Maintenant le soir, je m’allonge et je m’endors instantanément, il n’y a plus de place pour l’érotisme. Je n’ai plus envie de rien, pas même de cul »

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Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, Marie se retrouve dans une situation similaire. « J’étais restreinte dans mes libertés, coupée de certaines relations, et je me suis retrouvée seule face à mes angoisses… J’ai rapidement fait un blocage au lit, puis la situation s’est installée. Maintenant le soir, je m’allonge et je m’endors instantanément, il n’y a plus de place pour l’érotisme. Je n’ai plus envie de rien, pas même de cul ». Elle s’interroge sur son couple et ses sentiments, mais le problème ne semble pas venir de là. « Ma copine m’attire toujours autant, c’est juste que rien ne me fait vibrer ».

L’ATTENTE DU RETOUR À LA VIE (SEXUELLE) NORMALE

Ponctuellement, le couple parvient à relancer la machine. Non pas en introduisant des nouveautés dans ses ébats, mais en s’éloignant d’un quotidien qui n’a jamais été si peu excitant. « On évolue dans un climat où tout est monotone, alors on est vraiment concentrées sur nos problèmes. Quand on part s’aérer la tête, en vacances ou le temps d’un week-end, j’arrive enfin à déconnecter et laisser tomber ces barrières ». Des solutions, Arthur et sa copine n’en ont pas encore trouvé. Désormais habitué à une vie sexuelle moins intense, ce dernier prend son mal en patience. « J’ai déjà envisagé de repartir vivre en coloc’, mais je crois que ça n’arrangera rien, j’ai l’impression qu’on est coincés… J’ai l’espoir que lorsque l’on pourra retourner à une vie sociale normale, on passera du temps de meilleure qualité ensemble ».

« Le quotidien sans travail, ni loisir, ni perspective s’est avéré parfaitement érotique, comme le fait de vivre nu la moitié du temps »

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Si la situation sanitaire a refroidi la libido de certains, le confinement a aussi fait grimper la température chez d’autres. Enfermés dans les quatre murs de leur appartement en région parisienne, Christophe et César, en couple depuis trois ans, passent alors la majorité de leur temps au lit. « Le quotidien sans travail, ni loisir, ni perspective s’est avéré parfaitement érotique, comme le fait de vivre nu la moitié du temps », raconte Christophe, 49 ans. À tel point qu’il décide de recenser ses rapports sexuels avec son compagnon dans un tableau Excel, “en mode professeur Raoult”. « Nous étions à 2,6 rapports par jour en moyenne, et jusqu’à cinq par jour alors pour rire, j’ai tweeté que j’allais le demander en mariage. Le fils d’un ami l’a vu et ça a fait le tour de mon entourage. Nous avons reçu des messages de félicitations de toute part, alors j’ai réellement fait ma demande ». Le mariage, prévu pour septembre, a encore fait grimper leurs statistiques.