« J’ai essayé trois pilules différentes et toutes m’ont filé des maux de tête, des boutons et des sautes d’humeur. L’implant me causait des nausées, donc je suis passée au stérilet au cuivre (DIU). Quand je l’ai retiré au bout de cinq ans, j’ai eu tellement mal que ça m’a traumatisée ». Fatiguée de ce parcours du combattant de la contraception, Juliette, étudiante en soins infirmiers, s’est tournée vers une méthode naturelle et écologique qui demande d’être à l’écoute de son corps.
Le principe : reconnaître les symptômes de l’ovulation, afin d’éviter les rapports ou d’utiliser un préservatif uniquement quand un risque de grossesse existe. Pas bête, quand on pense que le corps féminin n’est fertile que six jours par mois. La plus efficace de ces méthodes est la symptothermie, qui couple deux indicateurs biologiques : la température corporelle et la glaire cervicale, une substance produite par les glandes de l’endomètre dans le col de l’utérus, et qui facilite ou empêche le passage des spermatozoïdes selon son aspect. Cette contraception ne demande donc pas grand chose, si ce n’est d’être attentif aux signaux envoyés par son corps. Mais avant de se fier à ce qui se passe dans sa culotte, il faut se former à la méthode.
DEUX DOIGTS ET UN THERMOMÈTRE
Trois ans après avoir suivi une formation en ligne, Lucie, 29 ans, connaît le protocole sur le bout des doigts. « Je prends ma température chaque matin vers 7h30, et deux fois par jour j’analyse la consistance de ma glaire cervicale, au fond de ma culotte quand elle est visible, mais le plus souvent je vais chercher l’information à la source (comprendre dans son vagin, ndlr)», détaille cette future accompagnatrice à la naissance. Et lorsqu’elle a un doute, elle va directement tâter son col de l’utérus. « Il ne faut pas avoir peur et y aller avec le sourire ! Ensuite, on note sa position, sa consistance et son ouverture ». Si le col est ouvert, que la glaire cervicale est élastique et que la température du corps augmente de quelques dixièmes de degrés, elle utilise un préservatif en cas de rapport : tout indique que ses ovaires sont en train de libérer un ovule.
Encore que pour être assidue dans cette routine, une bonne dose de motivation est indispensable. Juliette a donc opté pour la méthode Billings qui demande un peu moins d’investissement, puisqu’elle consiste à surveiller uniquement sa glaire cervicale. Elle s’appuie en parallèle sur une appli de suivi du cycle menstruel dans laquelle elle note ses symptômes hormonaux, tels que le niveau d’hydratation de sa peau ou la qualité de son sommeil. Quand elle a la flemme de surveiller son cycle, Lucie préfère quant à elle arrêter ses observations et utiliser des préservatifs tout le mois pour ne prendre aucun risque.
« ON NE NOUS APPREND PAS À NOUS CONNAÎTRE NOUS-MÊME »
Selon la Haute Autorité de la Santé, les méthodes naturelles basées sur la connaissance de l’ovulation ont un taux d’efficacité compris entre 95 et 98% si elles sont suivies correctement, mais de seulement 75% dans la pratique courante. Pour Blandine, qui a d’abord utilisé la symptothermie pour tomber enceinte avant de s’en servir comme contraception, ces chiffres ne sont pas un problème : « Je ne veux pas d’autre enfant tout de suite, mais je connais ce risque et j’accepte le fait que s’il y a une grossesse, elle sera peut-être imprévue, mais pas ind ésirée », assure cette libraire installée à La Rochelle.
Libérée des effets secondaires des contraceptifs classiques, Juliette non plus ne se voit pas revenir en arrière. « Je ne pleure plus pour rien, je suis beaucoup plus active et motivée par plein de choses… Je me sens vraiment moi-même », confie-t-elle. La seule chose qu’elle regrette, c’est de n’avoir pas connu cette alternative naturelle plus tôt. « Je trouve ça dommage qu’elle ne soit pas étudiée en cours d’éducation sexuelle avec les autres contraceptifs. On nous parle de pilule, d’implant et de stérilet, mais on ne nous apprend pas à nous connaître nous-même. »
S’approprier la maîtrise de sa vie reproductive par la connaissance de son corps : c’est d’abord ça qui a conquis Juliette, Lucie et Blandine. Au point que quand elle voulait un enfant, cette dernière a su qu’elle était enceinte avant même le retard de ses règles. « J’ai eu le pouvoir de dire au gynéco que je savais précisément la date de conception, et son diagnostic correspondait. J’étais assez fière de me connaître si bien. » De l’empouvoirement à l’état pur, garanti sans hormone de synthèse ni produit chimique.