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« Asian Lives Don’t Matter »

Du moins, c’est l’impression que j’ai en ce moment.

Par
Kevin Dinh
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Depuis un an, on observe une hausse marquée des actes et des crimes racistes anti-Asiatiques aux 4 coins du monde. Dans la foulée de ces événements, Kevin Dinh, web designer chez Ubisoft, s’est posé une douloureuse question : est-ce que la vie des personnes issues des communautés asiatiques compte ? Nous partageons son texte, publié sur sa page Facebook, avec son autorisation.

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Asian Lives Don’t Matter

Du moins, c’est l’impression que j’ai en ce moment.

Ce n’est pas un secret, les crimes de haine contre les Asiatiques sont en hausse depuis le début de la pandémie. Ou peut-être est-ce un secret ? Dur à dire, étant donné que personne n’en parle.

Pourtant, 8 femmes, dont 6 asiatiques, ont été tuées récemment à Atlanta; les crimes racistes envers les Asiatiques ont bondi de 717% à Vancouver seulement et, même au Québec, un homme coréen s’est fait agresser, il y a une semaine, au coin Coloniale et Marie-Anne, à Montréal. La France non plus n’est pas en reste.

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Personne n’en parle. Presque aucune couverture médiatique et quand il y en a, c’est rapidement balayé sous le tapis.

Pourquoi ?

Le racisme que les Asiatiques vivent est différent de ce que nos frères et sœurs à la peau basanée (Autochtones, Noirs, Arabes, etc.) affrontent ou ont affronté; il est interne et insidieux, il s’immisce dans les failles de notre société fracturée.

Les Asiatiques sont perçus comme une « minorité modèle ». Terme qui se veut positif, mais qui, en réalité, ne sert qu’à se servir de nous comme munitions contre d’autres groupes ethniques.

Rapidement, on voit ce qui se passe dans cette arène où l’on est, malgré nous, les « favoris ». On ne veut pas que la foule se retourne inévitablement contre nous, alors on apprend à faire ce qui lui fera plaisir. On apprend à se taire. À ne pas faire de vagues. À avoir le dos large.

On accepte les imitations (douteuses) d’accents. Les blagues de repas à base de chiens et de chats. Les « plaisanteries » à propos de nos soi-disant petits pénis. Les insinuations selon lesquelles les femmes asiatiques sont dociles et soumises. On nous appelle Jackie Chan et Hello Kitty à défaut de s’efforcer à prononcer nos noms. Des étrangers nous saluent avec des « Konnichiwa ».

Tout ça, « c’est pas grave ». Rien n’est grave.

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Petit à petit, ces événements sont banalisés. Ils deviennent soit normaux, soit des « blagues ». Ce qui nous arrive n’est pas perçu comme sérieux, alors ça ne vaut pas la peine d’en parler. Personne n’en parle.

Justin Trudeau a fait du black face il y a 20 ans et on en parle encore. Des gens ont récemment essayé de canceller Robert Downey Jr. pour son rôle dans Tropic Thunder, il y a de ça 13 ans. Anne Dorval apparaît en yellow face au Bye Bye 2017. Personne n’en parle.

Dernièrement, le racisme envers les Asiatiques a pris une tournure violente avec l’arrivée du coronavirus. D’un jour à l’autre, nous n’étions plus tolérés, mais à blâmer pour quelque chose qui s’est mis à exister à l’autre bout du monde. Les agressions injustifiées continuent de se multiplier au même rythme qu’elles s’aggravent et, franchement, ça fait peur.

Je ne veux pas avoir peur de sortir de chez moi. Je ne veux pas avoir peur d’apprendre qu’il est arrivé quelque chose à mes parents, mon frère, ma grand-mère, mes oncles, mes tantes, mes cousins et cousines.

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Je sais pertinemment que les racistes ne liront pas mon texte et qu’ils seront encore moins susceptibles de changer leur comportement, alors je m’adresse à vous, les 90% de gens décents : je sais que vous ne faites pas partie du problème. Par contre, s’il y a 10 personnes dans une pièce, que l’une d’entre elles est mauvaise, mais que les 9 autres (bonnes) personnes ne font rien, c’est exactement comme si ces dernières n’y étaient pas. Alors, s’il vous plaît, parlons-en.

Dénoncez les comportements haineux auxquels vous assistez. Offrez du support à vos amis asiatiques. Ne soyez pas seulement des spectateurs.

À mes frères et sœurs orientaux : exprimez-vous. Levez-vous. Partagez vos histoires. Tout ce que vous ressentez est valide.

Asian lives do matter.

P.S. Ceci n’était pas un appel à canceller Anne Dorval.

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