.jpg)
Qui voudrait troquer son chiot pour une horde de vers de terre ? Pourquoi les chauves-souris nous effraient ? Comment l’entomophobie est devenue la peur la plus répandue en France ? Autant de petites bêtes qui souffrent injustement d’un délit de sale gueule (allez donc relire cet article ébouriffant sur les pigeons). Eh bien devinez quoi ? Elles sont autrement plus utiles que votre chat Yuzu. Posons-nous donc la question qui fâche : d’où vient ce désamour ? Et comment tisser des liens intimes avec ces êtres de l’ombre.
Vous n’aimez pas les insectes et les araignées (*) ? C’est normal
(*) L’heuss avé tu ? L’araignée n’est pas un insecte. Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est juste qu’elle n’a ni aile ni antenne mais possède huit pattes ce qui la range dans le groupe des arachnides. Son corps se divise en 2 contrairement aux insectes composés de 3 parties. D’ailleurs “insecte” vient du latin “insecare”, soit “impossible à couper”.*
Allez, on commence par se faire un gros câlin déculpabilisateur. Vous avez le droit de hurler à la vue d’un bourdon ou d’un pholque phalangide alors même qu’ils sont totalement inoffensifs. Il y a moultes explications à cette frayeur. Pointons en premier la littérature – à commencer par la Holy Bible, qui n’a eu de cesse de nous mettre en garde contre ces énergumènes terrifiants par leur nombre (cf. les sauterelles dans le livre de l’Exode). Et pour cause, on compte plus d’un milliard d’insectes par être humain.
Dans l’imaginaire collectif, on n’appréhende les insectes que par leur menace invasive (rappelez-vous l’épisode punaises de lit qui avait un arrière-goût de déluge), le dégoût de leur grouillement (beurk des larves). À ceci s’ajoute le caractère imprévisible de leurs mouvements qui constitue notre principale crainte. Certes un cheval peut faire des mouvements inattendus, mais il ne va pas se déplacer de manière totalement erratique comme pourrait le faire une araignée sauteuse qu’on aura loisir de découvrir dans les recoins les plus insoupçonnés de notre appart.
C’est d’ailleurs le problème des insectes, on ne les comprend pas. Pour peu qu’on ne soit pas entomologiste, on ne sait pas comment ils pensent, comment ils agissent et si eux aussi ont des épisodes dépressifs liés au syndrome prémenstruel. Bref, l’insecte (ou l’araignée) ne peut pas être domestiqué et c’est sans doute la raison pour laquelle on le déteste autant. Le jour où je pourrai donner l’ordre à une araignée de rester là où elle est, tout ira mieux.
Plus il y a de d’araignées chez vous, mieux c’est
OK je parle pas d’un nid de frelons. Ni de veuve noire. Mais la présence d’araignées dans sa maison est le signe de sa bonne santé, car elles n’aiment pas les lieux humides, confinés et encore moins pollués. Sa présence montre que votre maison est aérée malgré les douze paquets de clopes que vous fumez au quotidien. En plus, l’araignée a le bon goût de se nourrir d’insectes (genre les moustiques, les mouches). Et si chaque année en France quelques personnes périssent d’une piqûre de guêpe, aucune ne meurt d’une morsure d’araignée. Allez donc leur serrer une de leurs huit paluches parce qu’elles sont carrément sympas en fait. Et si vous ne pouvez vous les voir en peinture, ne vous avisez pas de les foutre hors de chez vous, ça revient à peu près au même que de les écrabouiller.
Mon royaume pour un ver de terre
Connaissez-vous la géodrilologie ? C’est la science des vers de terre. Connaissez-vous Marcel Bouché ? C’est THE géodrilologue en France. Un type aux allures de Harvey Keitel avec un humour débordant qui risque de vous donner envie d’adopter des lombriciens. Dans son livre Des vers de terre et des hommes, il nous explique par le menu comment ces petites bêtes fournissent un travail phénoménal de labourage qu’aucune machine agricole ne pourrait concurrencer. Et si vous vous découvrez comme moi une passion pour les anéciques, jetez-vous sur le roman Humus de Gaspard Koenig qui raconte l’amitié chaotique de deux étudiants d’AgroParisTech qui décident chacun à leur façon de sauver le monde avec des vers de terre.
Chauve-souris qui peut
Malgré un bon travail de comm’ fait par le staff de Batman. La chauve-souris persiste à être mal-aimée. La faute à une légende urbaine qui nous a longtemps fait croire qu’elles adoraient s’accrocher aux cheveux. Naturellement, elles ont autre chose à foutre que de renifler votre shampoing. On la craint aussi pour ses morsures pourtant rarissimes et ses petites accointances avec Dracula (d’ailleurs une famille de chauve-souris porte littéralement le nom de vampire à cause de son goût pour le sang, mais promis elle vit en zone tropicale, elle viendra pas vous embêter). En revanche, elles font un énorme taf de pollinisation au même titre que les abeilles et bouffent les insectes nuisibles.
La liste des animaux qu’on déteste injustement est longue comme mon bras (et j’ai le bras long). L’idée ici, c’est surtout de ne pas focaliser tout son amour sur les ours polaires et les pandas roux en délaissant les bestioles moches qui jouent un rôle fondamental dans notre écosystème déjà peu vaillant.