Le ciel est bleu, l’eau bout à 100ºC et Nicolas Cage est l’Absurdité Incarnée. Certaines réalités ne cesseront jamais d’être vraies.
Les films dans lesquels il joue sont absurdes. Dernièrement, je suis tombée sur la bande-annonce du thriller Pig (2021) dans lequel l’acteur recherche activement son cochon kidnappé. Qui d’autre que Nicolas Cage pour relever un tel défi artistique? Absolument personne.
Ses méthodes d’interprétation sont absurdes. La voix prépubère avec laquelle il avale deux mots sur trois dans Peggy Sue Got Married (1986) reste à ce jour un gigantesque point d’interrogation. Sans oublier cette fameuse expression faciale née sur le plateau de Vampire’s Kiss (1988) à qui l’on doit le meme mythique «You don’t say».
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Mais là où, chez beaucoup d’acteurs, l’extravagance s’arrêterait une fois la caméra éteinte, elle semble être chez Nicolas Cage un lifestyle quotidien. Se pencher sur les détails de ce mode de vie est une plongée purement et simplement fascinante.
Le ROI du method acting
Si les avis restent mitigés quant à la présence d’un potentiel talent, une vérité demeure indiscutable concernant Nicolas Cage: celle de sa dévotion à l’exercice du septième art. Lorsqu’il entre dans un rôle, il y entre et il s’assied même sur le canapé. Pour se préparer à jouer un jeune vétéran blessé dans le film Birdy (1984), l’acteur a ainsi demandé à ce qu’on ne lui arrache pas une, pas deux mais bel et bien quatre dents afin de ressentir pleinement la souffrance du personnage. Le tout, bien sûr, sans anesthésie.
Et ça ne s’arrête pas là. Dans le désormais légendaire Vampire’s Kiss, on peut y voir Cage attraper un large cafard et le mastiquer goulûment tel un met quatre étoiles. Petit détail: durant cette scène, l’insecte était en vie. Bien que le script original ait prévu un menu moins hasardeux pour l’acteur — ingérer un oeuf cru — Cage a effectivement tenu à changer de direction pour marquer l’esprit du spectateur au fer chaud. Dans Koh Lanta, un seul épisode l’aurait qualifié en finale.
Trente millions d’amis
Dans la vie de tous les jours, Nicolas Cage observe pourtant un régime alimentaire strict. Toute viande atterrissant dans son assiette doit en effet respecter une règle pour le moins… surprenante. « Je mange en fonction de la façon dont les animaux copulent », a-t-il confié au média The Sun. Le porc est donc automatiquement sur liste noire, son mode de reproduction bien trop impur pour souiller ses saintes poêles Tefal. Pour la truite, par contre, la voie vers le four est royale. « Je trouve que le poisson s’accouple avec dignité », explique-t-il dans le plus grand sérieux. « Les oiseaux aussi. »
La saga animale continue sur le plateau de David Letterman, en 2010, avec une histoire 100% Cage-esque. Sur le divan du présentateur, l’acteur a conté la fois où son chat est accidentellement tombé sur son stock de champignons hallucinogènes. N’importe qui se serait empressé d’emmener son compagnon à fourrure chez le vétérinaire, pris de panique. Mais Nicolas Cage n’est pas n’importe qui. Il a donc pris des champignons à son tour pour tenir compagnie à Lewis (son chat) et tous deux ont plané des heures entières à se fixer les yeux dans les yeux.
Un lien très spécial le lie donc aux animaux, ce qui explique sa volonté ardente de développer un zoo à domicile. Au fil des années, Cage a ainsi fait l’acquisition d’une ribambelle d’espèces exotiques, allant du crocodile aux cobras royaux (Moby et Sheba, respectivement) en passant par l’indispensable requin, sans oublier le lézard. Il est même entré en possession d’un crâne de tyrannosaure pour la modique somme de 300.000 dollars mais a très vite été contraint de le rendre à la République de Mongolie d’où le fossile a apparemment été subtilisé.
Heureusement pour Cage, sa pieuvre de compagnie était là pour lui remonter le moral. Car, oui, l’amoureux des caméras détenait également une pieuvre, et pas des plus lambdas. D’une valeur de 150.000 dollars, la créature tentaculaire l’aidait selon lui à être un meilleur acteur. Et les résultats, comme nous pouvons tous le constater, sont là.
Réparer les pots cassés
Regarder les investissements aléatoires de Nicolas Cage revient à regarder un épisode de Kamoulox. Absolument rien n’a de sens mais, lorsqu’on connaît le personnage, tout semble extrêmement évident. Une pierre tombale de deux mètres en forme de pyramide ? Evidemment qu’il en achèterait une. Un manoir hanté de la Nouvelle Orléans ayant appartenu à une tueuse en série du 19ème siècle ? Aucune surprise à ce niveau. Deux îles privées au Bahamas ? Rien ne tombe plus sous le sens.
De 1996 à 2011, l’acteur est passé d’une fortune de 150 millions de dollars à la case banque-route. L’heure est donc à réparer — et renflouer — les pots cassés et pour ce faire, Nicolas Cage ne rechigne devant aucun rôle, son catalogue prolifique témoignant d’une éthique de travail difficilement égalable. Ainsi, lorsque vous le verrez pourchasser les ravisseurs de son cochon sur votre écran, vous comprendrez pourquoi.