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22 ans de New York Unité Spéciale : pourquoi la série fascine toujours autant ?

La saga judiciaire a vieilli comme du bon vin.

Par
Jade Le Deley
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« Dans le système judiciaire, les crimes sexuels sont considérées comme particulièrement monstrueux. À New York, les inspecteurs qui enquêtent sur ces crimes sont membres d’une unité d’élite appelée Unité spéciale pour les victimes. Voici leurs histoires. » DONG DONG. Ne mentez pas, vous aussi vous avez lu ces quelques phrases avec le ton dramatique de rigueur et avez joué dans votre tête les deux dernières notes du monologue d’introduction de New York Unité spéciale. Qui n’est pas tombé.e sur les aventures des inspecteurs de la section de Police dédiée aux crimes sexuels de New York, avec en tête Olivia Benson, lors d’une longue nuit d’insomnie en zappant sur la Une ?

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Cette série culte est devenu un élément de pop culture à elle toute seule. Créée en 1990 et diffusée en France dès le début des années 2000, la saga judiciaire est même entrée dans l’histoire en devenant la plus longue série télévisée diffusée en prime time de l’histoire de la télévision américaine, comptabilisant 23 saisons. Le 21 octobre dernier, la série célébrait son 500ème épisode en grandes pompes, dépassant sa série mère New York, police judiciaire sans toute fois égaler Les Simpsons, série la plus longue, toutes horaires confondus.

A l’heure où nous sommes inondés de séries toutes plus qualitatives (ou pas) les unes que les autres, New York Unité Spéciale reste une série mythique qui a traversé sans encombres les années 2000, 2010. Comment expliquer une telle longévité ?

Dick Wolf aux Mains d’argent

Pour bien appréhender le succès de la série, il faut comprendre que derrière New York Unité Spéciale, il y a un homme Dick Wolfe, le pape des séries judiciaire aux États-Unis. Law and Order Special Victim Unit (dans sa version originale) n’est que l’unes des nombreuses séries dérivées de la franchise Law and Order qui ambitionne de révéler les rouages du système judiciaire américain. La formule est bien huilée. La première partie met en avant l’enquête policière et la deuxième partie la procédure judiciaire d’instruction de l’affaire. Une série procédurale où les personnages s’effacent pour laisser place aux affaires. 9 ans après le succès de New York, police judiciaire, le producteur écrit le premier épisode d’un spin-off, inspiré par l’un des meurtres du « tueur BCBG », datant de 1986. Robert Chambers a étranglé et violé Jennifer Levin, une femme qu’il fréquentait avant de prétendre qu’il s’agissait de sexe consensuel violent. Un cas qui hanta le producteur et le poussa à écrire une série qui s’attarderait sur la psychologie à l’oeuvre derrière les crimes sexuels. New York Unité Spéciale reprend tous les éléments de la série mère : du lieu au découpage des épisodes en passant par le générique.

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« Une partie de la curiosité et du succès venait du fait que c’était dans la famille Law and Order. Les gens savaient à quoi s’en tenir et il étaient confiants que ça allait être un moment intéressant, bien joué avec un suspens bien orchestré », détaille Barbara Villez chercheuse et autrice au CNRS qui analyse la représentation de la justice à la télévision et dans les fictions audiovisuelles. Avec Law and Order: Special Victim Unit, on commence à s’intéresser aux victimes, c’est une série plus émotionnelle alors que la première était extrêmement cérébral ». La série laisse plus de place à la psyché des personnages, contrairement à la série mère, avec en tête Olivia Benson, personnage central du programme.

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Olivia (fucking) Benson

Quand j’ai demandé à ma grand-mère, qui lit frénétiquement le programme télé pour ne rater aucun épisode, ce qui lui plaisait le plus dans la série, elle m’a instinctivement parlé de son personnage préféré : « J’adore la responsable du service, Olivia Benson, avec toutes ses coiffures qui changent selon que ce soit un vieil ou un nouvel épisode. » Comme ma grand-mère, je voue un amour sans faille à Mariska Hargitay.

Elle incarne la douceur, l’empathie envers la victime mais aussi la force et la combativité face aux agresseurs. Dans chaque épisode, cette figure presque maternelle rassure les victimes. Bien avant #Metoo, le personnage a su déconstruire les stéréotypes liés aux agressions sexuelles. La fiction a même rejoint la réalité : contactée par des survivantes d’abus sexuels, Mariska Hargitay a créé l’association Joyful Heart grâce à laquelle elle vient en aide aux victimes grâce, entre autres, à des thérapies en compagnie de dauphins.

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Précurseuse, l’équipe de scénaristes de la série est entièrement féminine. « Vous avez besoin d’un peu sensibilité féminine pour raconter ces histoires, parce que malheureusement, la plupart des victimes de crimes sexuels sont des femmes. L’ équipe d’écriture a toujours été plutôt équilibrée, ici – et traditionnellement la télévision n’a pas été à la hauteur à ce sujet », a déclaré Julie Martin, productrice exécutive dans les colonnes de Marie Claire. Barbara Villez complète : « C’est une équipe de production qui a employé des gens de couleurs très, très tôt dans les productions quand on compare à d’autres séries. »

«  Il était temps» qu’on parle des crimes sexuels

« La série aborde des sujets universels. Par exemple, dans les séries françaises, la pédophilie et beaucoup d’autres sujets ne sont pas abordés »

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La série marche parce qu’elle aborde des thèmes universels qui dépassent la Big Apple. « Je pense que c’est un peu simpliste de dire que c’est une série qui représente le crime new yorkais. Ce sont des crimes qui existent dans tout le pays et certains États partagent les mêmes problèmes avec les crimes sexuelles. Il était temps qu’on en parle. », explique la chercheuse. Ma tendre grand-mère renchérit: « La série aborde des sujets universels, c’est vrai. Par exemple, dans les séries françaises, la pédophilie et beaucoup d’autres sujets ne sont pas abordés ». Enfants psychopathes, trafic sexuel et humain, enlèvement d’enfants, pédophilie dans l’église, Date Rape… Malgré les critiques, la série a su aborder, avant l’heure, un large éventail de sujets qui résonnent fort avec l’actualité.

Bref, New York Unité Spéciale réunit tous les éléments d’une grande série. Et pas de panique si les crimes sexuels ne sont pas votre tasse de thé : NBC a annoncé que New York, police judiciaire va faire son grand retour. Pour les déçus qui regrettent l’absence d’Elliot Stabler, le coéquipier légendaire de Benson, sachez que 13 ème rue diffuse depuis le 1er novembre New York : Crime Organisé, la série dérivée de Law and Order qui met en vedette Christopher Meloni au sein du département de police de New York pour combattre le crime organisé.

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