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Ode aux séries médiocres (comme Emily in Paris)
À l’heure où j’écris ces lignes, vous avez sans doute déjà vu un épisode (ou la série toute entière), un mème, ou juste entendu parler d’Emily in Paris. La série est toujours au top sur Netflix, à force de lui avoir fait la pub en pointant du doigt son manque de réalisme, dans un Paris fantasmé par des Américains en mal de baguette. Peut-être même que vous avez fait comme moi et maté les dix épisodes d’une traite, en vous moquant des clichés trop gros pour être avalés. C’est à la limite du hate watching, cette manie de continuer à regarder un film ou une série très mauvaise. Mais là, c’est pire que ça: c’est du guilty pleasure. On devrait avoir honte. Mais non!
Attention: il ne faut pas confondre Emily in Paris avec les séries réconfortantes comme Gilmore Girls qui, elles, apparaissent comme une sorte de rêverie dans un monde désenchanté. Ça nous rassure et nous console. Comme un cocon enveloppant qui nous réchauffe l’âme. Ok, j’arrête là, mais vous voyez ce que je veux dire. On ne mélange pas les torchons et les serviettes.
https://www.youtube.com/watch?v=jqSuEy7jkr8
Revenons à nos moutons: les séries nulles «mais bien quand même» ne se regardent pas pour leur scénario ni pour leur photographie, et encore moins pour leur réalisme. Au contraire, elles se regardent parce qu’elles nous permettent de nous évader et nous permettent de prendre notre pied à regarder des gens beaux tomber amoureux, se disputer et/ou avoir des états d’âme au travail.
Des séries pourries, il y en a plein, et, contrairement aux apparences, elles sont mieux que ce qu’elles ne laissent entrevoir au premier abord. En voici cinq qui, j’espère, vous transporteront dans des contrées insoupçonnées.
The Bold Type
On y suit le quotidien pro et perso de Jane, Kat et Sutton qui bossent dans ce qui ressemble très fortement à la rédaction du magazine Cosmopolitan (la série est d’ailleurs inspirée de la vie de Joanna Coles, ancienne rédactrice en chef du magazine dans la vraie vie). The Bold Type c’est le paquet de chips qu’on ouvre en rentrant du boulot, plutôt que de se faire un vrai plat: c’est plaisant et accessible. La vie de trois millénniales, meilleures copines, qui travaillent dans un magazine qui fait rêver… Ça rappellerait presque la version non-télétravaillée d’une Carrie Bradshaw sur son lit en train d’écrire pour sa rubrique sexo.
The Bold Type c’est la version améliorée (édulcorée?) du monde des médias tel qu’on le fantasme, où tout se déroule dans le meilleur des mondes. En fait, ça fait juste du bien de voir des journalistes, community managers, et autres stylistes s’épanouir, sans qu’on leur rappelle constamment leur situation «précaire».
Seul bémol de la série: on a parfois l’impression que les scénaristes ont tapé tous les mots-clés tendances sur Twitter pour en faire une histoire à raconter: les féminismes. Au menu: les questions LGBTQI+, le body-positive, les violences sexuelles, etc. Tout cela laisse d’ailleurs parfois place à la redondance plutôt qu’à l’originalité. Personne n’est parfait.
Younger
A 40 ans, divorcée et mère célibataire, Liza veut retrouver sa vie d’avant où elle était éditrice en pleine ascension. Malheureusement, une dizaine d’années plus tard, toutes les maisons d’édition veulent des jeunes qui maîtrisent les réseaux sociaux à la perfection. Elle décide alors de mentir sur son âge en se faisant passer pour une jeune femme de 26 ans et devenir l’assistante de Diana, éditrice qui a en réalité son vrai âge à elle. Si le pitch est intéressant, c’est surtout sa trajectoire avec Josh, le beau gosse vingtenaire qui nous intéresse et le secret qu’elle cache. Chaque épisode est l’occasion de se demander si son âge va être découvert et si sa relation avec Josh sera compromise. Sa meilleure amie, Kelsey, éditrice dans la même maison, n’est autre que Hilary Duff, ce qui nous donne l’impression de voir ce que Lizzie McGuire serait devenue adulte.
Même les personnages principaux comme Lauren, Diana ou Maggie sont intéressants et nous font vibrer dans un New York mi-hype, mi-arty où tout le monde est beau et bien habillé. Cela nous permet aussi d’entrevoir les coulisses du milieu de l’édition américain, scoop: il n’a rien à envier à l’industrie de la mode et du spectacle, le drama y est égal. Ce qui apparaissait comme un peu niais au départ s’avère donc être hyper addictif avec des rebondissements et des tensions sexuelles qui font tout le charme du show. Le plus dur avec Younger, c’est de se dire que c’est bientôt la fin alors que c’est le genre de séries où l’on espère toujours avoir un ou deux épisodes en retard, avec toute l’excitation qui va avec.
Selling Sunset
Toutes les téléréalités ont une place importante dans les programmes qu’on déteste regarder ou qu’on adore détester. On sait que c’est nul, mais on trouve ça cool quand même. Selling Sunset n’est pas en reste : on y suit un groupe d’agents immobiliers, composé à 80% de femmes qui répondent toutes aux critères de beauté normatifs. Elles sont blondes ou brunes ténébreuses, elles sont toujours tirées à quatre épingles et puis surtout, elles correspondent aussi aux stéréotypes des femmes qui s’écharpent entre elles, entre ragots et jalousie. Chacune a un rôle bien défini, il y a la gentille qui vient d’un milieu défavorisé, Chrishell; l’ingénue Mary; les suiveuses et gossipeuses, Davina et Heather; la maman loyale du groupe, Maya; et bien sûr, la diabolique (et la plus cool), Christine. Devant Selling Sunset, on se demande pourquoi on est en train de regarder des femmes adultes se mépriser et jouer aux hypocrites, mais c’est aussi l’occasion de nous vendre du rêve, avec des maisons incroyables (les décos le sont moins) vendues à des millions de dollars, et des riches qui défilent avec leurs critères d’achat pour avoir la vue la plus imprenable de Los Angeles.
Au final, Selling Sunset s’apparente à n’importe quelle série où les personnages évoluent, les relations se font et se défont, mais derrière tout ça, il y a un vrai apprentissage autour de l’immobilier aux Etats-Unis et des stratégies utilisées pour toucher le pactole. Addictif.
The Carrie Diaries
La série s’intéresse aux jeunes années de la plus célèbre des chroniqueuses new-yorkaises, Carrie Bradshaw. Ce n’est pas une super bonne série, surtout pour ses quelques incohérences. Ici elle a un père, alors que dans Sex and The City, elle confiait qu’il avait abandonné sa famille. Pareil pour Samantha qu’elle avait rencontrée après Charlotte: dans The Carrie Diaries, c’est le contraire. Mais ce n’est pas grave, il y a quelque chose d’excitant dans l’idée d’assister aux premiers émois de la pigiste la plus riche du pays. L’atmosphère des années 80 est aussi bien montrée avec la musique et les tenues qui vont avec. Dans Sex and The City, Carrie est le personnage le moins attachant, et c’est la même chose dans The Carrie Diaries, même si c’est pourtant elle qui porte la série.
Bref, The Carrie Diaries a permis aux nostalgiques de Sex and The City de replonger dans un univers un peu similaire en version plus jeune, sans réussir à capter la dimension “empouvoirante” des quatre New-Yorkaises dans le vent. En fait, regarder cette série c’est le meilleur moyen de se remater l’originale et de se dire que personne ne peut la détrôner…
Mistresses
Mistresses est la série qui définit le mieux le concept de soap : il y a un rebondissement à chaque épisode dans un Los Angeles où tout le monde est beau, riche et accessoirement au bord du gouffre, notamment les mères qui portent toute la charge mentale familiale.
Ici, les prémices de la série s’intéressent aux relations de couples mariés ou non, avec en toile de fond cette idée que tout le monde trompe tout le monde à un moment donné. C’est sexy, mais aussi souvent mal joué avec des plots twist qui arrivent comme un cheveu sur la soupe. Et c’est là tout l’intérêt de la série, puisqu’on on ne sait jamais qui va finir avec qui… Cela devient une sorte de Cluedo où on doit deviner qui sera le prochain sur la liste des personnes trompées. Accrochez-vous.
Mais c’est aussi une vraie plongée dans ce que les années 90 faisaient de mieux, avec du drama à chaque scène, le tout porté par Alyssa Milano présente dans les premières saisons qui incarne, à elle toute seule, cette télé du passé qu’on adorait regarder. Mistresses nous rappelle que ça fait juste du bien de regarder une série pour son but premier: nous divertir. Et c’est aussi tout l’intérêt de cet article. Détendez-vous…