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Zozoï GRR : une revue (vraiment) engagée et inclusive pour les grands et les petits
« Comment faire en sorte que les futurs adultes ne soient pas obligés de se déconstruire complètement ? Et comment éduquer les enfants avec une liberté de construction différente de celle qui existe aujourd’hui ? ». C’est en tentant de répondre à ces vastes et importantes questions qu’Adeline Maxwell a décidé de lancer Zozoï grr, une revue trimestrielle pour enfants à partir de 5 ans. Au programme : des sujets divers et variés, parfois difficiles, mais toujours abordés de manière simple, didactique et surtout positive.
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« Petit Ours Brun ? Il traite super mal sa mère ! Autant ne rien lire du tout. Et puis tu retrouves toujours les mêmes modèles familiaux là-dedans », me lance Adeline lorsque je lui avoue qu’il m’arrive parfois de lire Léo et Popi ou Petit Ours Brun (toute la clique de Bayard, en fait) à mon enfant de 2 ans et demi. « Tout ce qui est genré est problématique », poursuit la militante féministe qui me conseille au passage le très cool magazine Peps, destiné aux parents intéressés par l’éducation positive.
« Sinon pour les enfants, il y a la revue écolo Panthera qui est intéressante mais c’est en espagnol et il n’y a pas d’activités à faire ». Bof.
Heureusement, depuis peu, Zozoï grr commence à sortir de son nid et prévoit de prendre son envol sous peu, une fois la cagnotte KissKissBankBank complétée (on compte sur vous).
Concrètement ? « Zozoï grr c’est surtout un projet pour initier à l’interculturalité, au féminisme, à l’antiracisme, à l’écologie, au non validisme, à la pluralité d’identités de genre, à l’écologie et à la communication non violente. Tout cela spécialement conçu pour les petites lectrices et petits lecteurs avec bienveillance, joie de vivre, et contre toutes discriminations ! », confie la militante féministe qui a d’abord voulu lancer cette revue pour… son enfant. Cela va de soi.
« Ça a été mon moteur ! Et puis certaines choses me dépassent, j’avais besoin de passer à l’action. Par exemple, les enfants sont genrés très jeunes et ils n’ont pas la liberté de grandir sans le poids du genre. Être féministe et éduquer un enfant, c’est compliqué, surtout dans un pays comme la France où l’éducation est basée sur la laïcité, la citoyenneté mais où il est difficile d’aborder certains sujets sans un point de vue ethnocentrique », raconte la rédactrice en chef de la revue qui a veillé à proposer des histoires et des activités pour divertir et informer les petits lecteurs.trices, en se mettant à leur place.
On trouve par exemple un jeu de l’oie transformé en jeu du Zozoï pour la confiance en soi et pour pouvoir amorcer certaines conversations ; ou encore l’activité « Accueillir les émotions » pour désamorcer des situations compliquées en douceur et en parler naturellement ; et enfin l’activité « Protéger ton monde », basée sur l’écologie. « L’ouverture à d’autres cultures est aussi hyper importante pour nous. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas tous les mêmes chances qu’on ne peut pas être heureux quand même ! », affirme la directrice artistique de Zozoï.
Influencée par les écrits de Catherine Guéguen qui aborde beaucoup la question de l’éducation bienveillante, et par ceux de Rosenberg sur la communication non-violente, Adeline s’inspire surtout de la vie de tous les jours et de ses valeurs pour donner vie à sa revue. « Quand mon fils Milo avait 2 ans, j’ai construit des petits visages avec différentes émotions pour qu’il reconnaisse ce qu’il était en train de vivre, et ce que moi je ressentais aussi. Ça l’a aidé à développer ses capacités émotionnelles et à en parler librement. Pour Zozoï, je fonctionne de la même manière, j’essaie de mettre en place des activités qui aident les enfants à évoluer sereinement. »
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Et pour mener à bien son projet, elle s’est entourée de Julien Bertrand Langin, un passionné de livres qui a été libraire pendant 15 ans et d’un illustrateur chilien, Alejandro Silva, dont le style, encore peu courant en France, s’inspire des fresques traditionnelles de l’Amérique latine. « C’est lui qui a inventé le petit oiseau, le Zozoï ! », me lance Adeline, fan du travail de son illustrateur.
« On prépare aussi un numéro sur l’homoparentalité. En fait, l’un des personnages principal de la revue a 2 mamans et on n’en fait pas tout un truc problématique ! (rires) Il ne se fait pas harceler, les enfants vont manger des crêpes chez lui, il a deux mamans et c’est cool, voilà », raconte simplement Adeline. « Avec Zozoï, on a la chance de pouvoir expliquer aux enfants que les familles d’aujourd’hui peuvent prendre de multiples formes, on rappelle juste que c’est normal, et que c’est chouette ! On n’y va pas trop fort niveau idéologique parce que c’est pour des enfants. Il faut juste que les enfants sachent que toutes les familles existent et si certain.es petit.es s’y retrouvent, c’est encore mieux. On aura tout gagné », explique Adeline qui a déjà été contactée par des personnes du Mexique ou du Sénégal. « C’est génial car cela va nous permettre de présenter des réalités d’enfants complètement différentes ».
Pour chaque revue, l’équipe éditoriale prévoit une bibliographie très exhaustive où plusieurs livres pour enfants sont recommandés mais aussi des ressources pour les parents, histoire de prolonger le dialogue. « Notre but c’est vraiment d’aider les enfants à devenir des personnes qui soient ouvertes d’esprit et qui puissent avoir plusieurs possibilités de vie. On voudrait leur éviter de subir les carcans qu’on a dû endurer pour pouvoir être nous-même ».