Logo

X (Twitter) : “On se lève et on se casse” ?

Par
Ouissem
Publicité

“Rester sur X, c’est en partie cautionner ce que la plateforme est devenue sous Elon Musk.”

Le 13 janvier dernier, Sandrine Rousseau a appelé les députés du NFP à quitter X.

Depuis, l’écologiste a quitté la plateforme, tout comme d’autres politiques (Anne Hidalgo, Benoît Hamon, Roland Lescure, etc.) et médias comme Le Monde, Libération, Médiapart, Quotidien…

Mais est-ce pour autant la seule solution ?

Pour David Chavalarias, mathématicien à l’origine du collectif “HelloQuitteX”, la question ne se pose même pas : il est nécessaire de quitter X vu l’ingérence d’Elon Musk en Europe qui soutient l’extrême droite en Allemagne, mettant son algorithme à son service.

“Le numérique est au cœur de la place et on ne peut pas se permettre d’avoir des espaces numériques biaisés, ni laisser X décider de l’issue des élections. En France, avec 8 à 10 millions d’abonnés, Musk a une audience similaire à celle de la chaîne TF1. Or la plupart des élections se jouent à dix fois moins de voix.”

Publicité

En Espagne, le mouvement de départ a particulièrement pris : Yolanda Díaz, vice-présidente du gouvernement espagnol, a quitté la plateforme, dénonçant “un haut-parleur de l’extrême droite”. C’est le cas aussi de la coalition de gauche Sumar (qui compte les ministres de la Culture et de la Jeunesse) qui a aussi annoncé son retrait.

Mais en France, l’appel de Sandrine Rousseau a été timidement suivi. Pouria Amirshani, député écologiste, a expliqué sa décision de quitter le réseau : “Je ne donnerai pas mon argent à Musk, ni l’argent des autres. Car véhiculer autant de personnes qui vous suivent, c’est véhiculer autant d’objets publicitaires derrière. Donc c’est des revenus pour lui, or, il faut le désarmer autant qu’on peut.”

Publicité

Alors que le réseau social pousse les discours haineux au nom de la liberté d’expression, plusieurs politiques et militants estiment au contraire que le combat se joue aussi sur X.

C’est la position de la France Insoumise, comme l’explique Antoine Léaument, député et ancien responsable de la communication numérique de Jean-Luc Mélenchon : “Parfois, nos contenus vont être plus visibles que ceux de l’extrême droite. Ça va donner un contrepoint. Il y a sur X, en France, 15 millions d’utilisateurs : je ne suis pas sûr que ça soit des gens qui sont tous d’extrême droite. Si jamais on les laisse précisément dans une bulle de filtre d’extrême droite, il ne va plus rester grand monde pour défendre nos positions politiques.”

Même son de cloche à l’extrême gauche : le parti Révolution Permanente a décidé de rester sur X, malgré le salut nazi d’Elon Musk et de nombreuses attaques de la fachosphère sur le réseau.

Publicité

D’autres personnalités politiques, comme Marine Tondelier, ont déclaré vouloir rester sur X, mais privilégier d’autres plateformes en parallèle.

“Je dis souvent que je me suis forgée dans l’adversité en tant qu’opposante au RN à Hénin-Beaumont. Ni les insultes, ni les pressions, ni les menaces de l’extrême droite ne m’ont fait reculer dans ma ville, et il en ira de même sur Twitter/X”, a écrit dans un communiqué la secrétaire nationale d’EELV.

Avant même Le Monde ou Mediapart, la journaliste Salomé Saqué, a décidé de quitter X en novembre, au lendemain de l’élection de Donald Trump. Elle explique, dans une émission d’Au Poste, avoir certes “perdu en visibilité”, mais qu’elle a surtout “gagné en santé mentale”.

Publicité

“Je suis en moins en contact avec des propos d’extrême droite, mais je ne vis pas dans une bulle complètement déconnectée de tout ce qui se passe. Je suis satisfaite sur le plan personnel de ne plus participer à un réseau qui est façonné par et pour l’extrême droite.”

Les appels à l’exode numérique se multiplient, mais la grande migration tarde à avoir lieu. Les Français restent assez partagés sur le sujet, 47% des sondés estiment que les personnalités et institutions ont raison d’appeler à quitter X :

Publicité

Alors que faire ? Rejoindre Mastodon ? Complexe et austère. Bluesky ? Risque d’être une solution temporaire avant de se transformer en nouveau Twitter. Threads ? Géré par Meta, ce qui revient à choisir la team du néo-masculiniste Mark Zuckerberg.

Alors, en attendant l’émergence d’une alternative crédible ou une véritable régulation, beaucoup restent sur X par pragmatisme, à défaut d’enthousiasme.

Une chose est sûre : l’atmosphère sur X n’a jamais été aussi toxique et cela risque fortement de s’aggraver, notamment à l’approche de la présidentielle 2027. À chacun de décider s’il vaut mieux rester et se boucher le nez ou tourner les talons.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Faut-il faire définitivement ses adieux à X ?