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We Are Lady Parts : la série sur un groupe punk et féministe de femmes musulmanes qu’on attendait
Une série punk et féministe sur des femmes musulmanes ? Incroyable mais vrai et c’est à découvrir depuis le15 septembre sur la plateforme de streaming BrutX. Avec We Are Lady Parts, un véritable vent de fraîcheur souffle sur la télévision britannique. La sitcom s’annonce d’ores et déjà culte si bien qu’à peine la première saison terminée, on a envie de repartir pour un tour. Il faut dire que dans le paysage télévisuel, We Are Lady Parts est un véritable ovni de par son ton déjanté et ses personnages, malheureusement encore trop rares sur nos écrans. On vous explique pourquoi ce programme créé par Nida Manzoor, autrice et musicienne anglaise d’origine pakistanaise, vaut le détour.
Voldemort Under My Head Scarf
Amina (Anjana Vasan) est une jeune musulmane de 26 ans qui habite à Londres avec ses parents. Le spectateur la découvre assise sur un sofa, coincée entre sa mère et son père, en train de discuter avec un prétendant potentiel. Contrairement à Amina, ses parents ne semblent pas prendre tout ce processus au sérieux, parlent même du fait que, bien qu’elle joue de la guitare, Amina est incapable de le faire en public car cela lui « provoque des diarrhées et des vomissements ». Le ton est donné, We Are Lady Parts ne va pas être votre drame typique sur des jeunes femmes musulmanes, loin de là.
Si les parents d’Amina ne souhaitent pas forcément qu’elle se marie rapidement, la Londonienne semble penser que toute sa valeur dépend de sa capacité à trouver un mari. Peu importe le fait qu’elle soit en train de finir son doctorat en microbiologie ou qu’elle maîtrise la guitare comme Jimi Hendrix (on exagère peut-être un peu), Amina ne peut s’empêcher de se comparer à sa meilleure amie Noor qui vient de se fiancer. Entre alors en scène, Lady Parts, un groupe qui va permettre à Amina de laisser échapper la rebelle qui sommeille en elle.
Par une série de circonstances, Amina va devenir la nouvelle guitariste d’un groupe de punk composé uniquement de femmes musulmanes. Elles s’appellent Saira, Bisma, Ayesha et Momtaz, ne peuvent pas être plus différentes d’Amina et même les unes des autres, et pourtant un lien très fort va se former entre elles. Sur scène, que cela soit quand elles chantent Voldemort Under My Head Scarf, Nobody’s Gonna Honour Kill My Sister But Me ou une reprise de 9 to 5 de Dolly Parton, elles assurent. Leur but ultime est de gagner une place dans une compétition appelée Sound Smash. Évidemment, le trac de leur nouvelle guitariste va poser problème.
De la joie subversive
Côté forme, la série est narrée par le personnage d’Amina qui amène parfois les spectateurs dans ses rêves les plus fous, des séquences fantasmées à cheval entre La La Land, des productions venues tout droit de Bollywood ou des vieux films hollywoodiens. Ces moments parfois très kitsch vont ravir les fans de comédies romantiques et apporte un véritable côté burlesque à la série. Mais si Amina est la plus fleur bleue du groupe (qui dévoile petit à petit son côté rebelle), ce n’est pas vraiment le cas de ses amies.
« Elles sont toutes différentes, pratiquent leur religion différemment et ne partagent pas la même vision du monde, mais aucune ne doute de sa foi. Ce n’est d’ailleurs pas ce qui les définit », affirme Nida Manzoor sur ses héroïnes lors d’une interview avec Télérama. Amina porte un voile parce qu’elle est musulmane. Tout comme Momtaz, la manageuse du groupe est en niqab et travaille dans un magasin de lingerie, porte des bracelets punk et vapote sous son voile. Elles embrassent leur foi sans qu’elle ne les définisse. Surtout, aucune de ces femmes musulmanes ne rentre dans des cases pré-établies : elles sont queers, introverties, extraverties, voilées ou non, mères de famille, tatouées, bref pluridimensionnelles. Et c’est une révolution.
We Are Lady Parts est une série moderne, rafraîchissante et radicale d’une certaine manière, surtout de par ce qu’elle montre à l’écran : de la joie. Or ce mot n’est pas forcément le premier qui vient en tête quand on pense aux représentations des femmes musulmanes, souvent montrées comme opprimées. Comme le dit si bien dans Vogue, l’actrice Anjana Vasan : « Il s’agit d’une série sur un groupe de femmes, très différentes, pour qui la joie est subversive. » Alors envie de passer un bon moment avec le meilleur groupe de punk de ces dernières années ? Regardez We Are Lady Parts.