Voici notre guide de survie linguistique pour les largué·es de la drague

Le vocabulaire amoureux a beaucoup changé dernièrement : il a évolué en même temps que nos rapports de séduction et notre sexualité. Pour autant, s’aime-t-on mieux avec des anglicismes ? Mettre des mots sur nos névroses à grands renforts de suffixes en “ing” suffit-il à conjurer nos solitudes contemporaines ?

Rien n’est moins sûr…

Alors à défaut de vous aider à décrypter les messages cryptiques de votre crush, espérons que ce lexique vous permettra d’y voir plus clair sur les nouvelles lubies de Cupidon, à l’ère de la drague numérique !

Stratégie d’évitement souvent révélatrice d’une maturité émotionnelle ectoplasmique et consistant à couper du jour au lendemain toute communication avec une personne que vous avez fréquentée sous prétexte de ne pas s’encombrer d’explications pénibles. Équivalent numérique d’aller chercher des clopes et ne jamais revenir.

Ex : “Mon plan cul m’a ghosté depuis que j’ai résilié mon abonnement Netflix.”

Pratique masturbatoire consistant à s’arrêter juste avant l’orgasme, puis à recommencer l’opération autant de fois que possible, afin d’entrer dans un état de transe. À ne pas confondre avec l’hétéropatriaking qui s’emploie à l’issue d’une relation sexuelle au cours de laquelle votre partenaire a laborieusement gravité autour de votre clitoris, sans jamais parvenir à vous donner du plaisir.

Ex : “J’ai trouvé une technique de gooning incroyable : à chaque fois que je m’apprête à jouir, je pense au come-back politique de Manuel Valls.”

Réaction épidermique de dégoût envers un intérêt amoureux. Anglicisme plus moderne pour “tue-l’amour”, ou encore “reflux gastrique déclenché par un détail rédhibitoire chez l’être désiré.”

Ex : “Gros ick de fin de soirée… Tout se passait super bien jusqu’à ce qu’il enlève son t-shirt et que je vois son tatouage d’Elon Musk.”

Pratique consistant, après une rupture, à hanter les réseaux sociaux de son ex pour maintenir un contact factice et entretenir le fantasme d’une liaison potentielle, en cliquant frénétiquement sur chacun de ses nouveaux contenus.

Ex : “Sam est toujours le premier à mater mes stories. Tu crois qu’il fait de l’orbiting, ou qu’il est juste au chômage ?”

Qu’on pourrait traduire par “réserve de biscuits”. Stratégie consistant à faire croire à une personne à un engagement sincère et partagé, alors qu’on la garde sous le coude en cas d’hypoglycémie amoureuse. Par extension : plan B romantique, qui vous laisse le cœur en miettes.

Ex : “C’est quand même fou de faire autant de cookie jarring, quand on a soi-même le sex-appeal d’un Figolu”.

Dans le cadre d’une relation amoureuse, forme de manipulation dont le but est de pousser une personne à douter de sa mémoire et de sa perception de la réalité, afin d’exercer une emprise. S’emploie aussi pour décrire le comportement de certains chefs d’État qui se conduisent comme des partenaires toxiques.

Ex : “Est-ce qu’Emmanuel Macron ne serait pas un peu en train de gaslighter la France en lui faisant croire qu’elle a voté pour le MoDem aux législatives ?”

Technique visant à disparaître brusquement et à réapparaître de manière cyclique dans la vie d’une personne, afin de la maintenir dans un état d’instabilité émotionnelle et d’insécurité constante. Fonctionnement amoureux calqué sur le comportement parasitaire de la punaise de lit, qui nécessite d’urgence un plan de lutte anti-nuisible.

Ex : “David vient encore de me réécrire après quatre mois de silence radio… Ce mec est soit le roi du prowling, soit le recordman du nombre de Covid longs à la suite… ”

Cyber-imposture qui, dans le domaine de la drague virtuelle, consiste à se créer une fausse identité en ligne afin de séduire une personne, mais en misant tout sur le physique d’une autre…

Ex : “Non mais c’est quoi cette tentative éclatée de catfishing ? Sa photo de profil Tinder, c’est Tom Holland avec une coupe mullet…”

CDD amoureux durant lequel deux personnes se fréquentent, sans pour autant officialiser leur relation. Correspond à un état de Schrödinger romantique, souvent entretenu de manière unilatérale par quelqu’un d’allergique à l’engagement, mais qui aime quand même vous appeler à 22h pour parler de ses angoisses de mort.

Ex : “C’est marrant comment ma situationship s’est rapidement transformée en relationship quand j’ai dit à mon mec que ma famille avait une villa vers Biarritz.”

Signe avant-coureur d’un comportement toxique et dangereux de la part d’un nouvel intérêt amoureux. Indice qu’il faut apprendre à repérer rapidement, avant de s’attacher à un.e sociopathe qui met de la crème dans ses pâtes carbo.

Ex : “Pardon mais cette meuf puait le red flag. Ses hobbies, c’étaient le ball-trap, et les stages de survie dans les Yvelines.”

Relation dans laquelle votre partenaire garde votre histoire secrète auprès de tout son entourage et se déclare toujours célibataire en public, alors qu’il vous appelle “ma petite pougnette d’amour” dans l’intimité.

Ex : “Le pocketing durant les premiers mois, je veux bien. Mais là ça va quand même faire 8 ans qu’Anaë me présente à tous ses potes comme sa prof de Pilates…”