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Ville de la semaine: Versailles

Le charme de la province à 15 minutes de Paris…

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Annoncer dans une conversation qu’on vient de Versailles, c’est prendre le risque de s’exposer à des moqueries immédiates. Vieux réacs, bourgeois bougons, les clichés s’alignent pour celle que les mauvaises langues surnomment la capitale de la Manif Pour Tous. Les parisiens disent d’elle qu’elle est la ville de province la plus proche de chez eux, affichant leur distance sociale et culturelle avec ce fief exotique.

Pourtant ceux qui vivent ou ont vécu à Versailles vous le diront : la ville est bien plus sympa que ce qu’on en dit.

Chaque année, 8,1 millions de touristes s’y pressent pour visiter le château de Louis XIV. C’est plus que pour la Tour Eiffel. Mais ces visiteurs d’un jour ne s’attardent pas dans la ville qui compte tout de même 85 000 habitants. Un Canadien m’a même demandé un jour : « Ah bon, il y a une ville à côté du château ? »

Crédit: Thomas Garnier
Crédit: Thomas Garnier
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Oui, il y a une ville, et en fonction de son âge, la vie s’y apprécie différemment.

Pour les enfants, le principal atout de Versailles, c’est qu’elle offre le plus beau jardin public du pays : le parc du Château, avec ses grandes prairies, ses forêts, ses plans d’eau, ses moutons… 800 hectares d’espaces verts (deux fois plus que Central Park) que les gamins de la ville connaissent comme leur propre jardin. On y ramasse des châtaignes en automne et on y cueille des framboises en été – dans des endroits secrets qu’on ne révèle qu’à ses amis les plus proches.

À 18 ans, les jeunes Versaillais rêvent de quitter la ville paisible pour goûter à l’excitation de la capitale ou à l’exotisme de la province. Il est vrai que l’offre festive y demeure limité. Versailles compte certes une discothèque un peu louche, (O’Club), un bar dansant installé dans d’anciennes prisons royales (Les Caves du Roi) et quelques terrasses sympas autour de la place du marché. Mais pas de quoi la consacrer comme capitale des nuits yvelinoises.

Les jeunes quittent la ville, donc, pour leurs études ou leurs premiers jobs. Mais il n’est pas rare de les voir revenir au bercail quelques années plus tard, une fois devenus parents, conscients de la facilité d’élever ses enfants dans la ville du Roi Soleil. Avec ses atouts naturels et sa douceur de vivre, pas étonnant que la ville arrive en tête du palmarès des villes d’Ile-de-France où il fait bon être parent. Et que le prix de l’immobilier y ait explosé ces dix dernières années.

Wikimédia
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Mais au fait, ça ressemble à quoi une journée de week-end à Versailles ?

Footing au Grand Canal

Pour tout bon versaillais, le samedi ou le dimanche commence par un footing ou une balade à vélo autour du Grand Canal, dont la longueur de 5,5 kilomètres est idéale pour la séance de sport hebdomadaire. On y déambule au milieu des cygnes et des canards, avec le Château et ses fontaines à l’horizon.

Le Marché

En fin de matinée, le passage au Marché Notre-Dame, l’un des mieux garnis de la région, est incontournable pour remplir son frigo de produits frais, locaux et peu coûteux. Oui, moins cher qu’au supermarché, à condition de comparer les étals. J’y ai dernièrement trouvé un délicieux Cantal à seulement 13 euros le kilo et des pommes Patte de Loup des Yvelines à 3 euros le kilo. Tellement chouette ce marché, qu’on raconte que des Parisiens y viennent incognito le dimanche matin…

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Le quartier des antiquaires

Un petit détour par le quartier des antiquaires offre un voyage dans le temps inspirant qui justifierait à lui tout seul la visite de Versailles. Dans ces quelques ruelles restées intactes, on chine à la découverte de vieux manuscrits ou d’objets insolites.

La pièce d’O

En fin d’aprem, après la sieste, direction la Pièce d’eau des Suisses. Cette grande étendue d’eau entourée de prairies et de forêts est le lieu idéal pour un apéro dans l’herbe. Même s’il est tentant de piquer une tête, mieux vaut éviter. Un ami d’ami d’ami se serait pris un lavabo dans le crâne lors d’un plongeon en 1994.

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La Pêche

Option 2 pour l’apéro : le cocktail du jour à 5 euros de La Pêche, au cœur du quartier Saint-Louis. Ce café qui date du début du XXème siècle a été repris récemment par deux jeunes Versaillais, Julien et Cédric, qui y ont insufflé une ambiance décontractée et conviviale.

À condition de goûter aux charmes d’une vie calme et paisible, Versailles offre donc un cadre idéal à seulement 15 minutes de Paris en RER.

BONUS : Le berceau de la French Touch

Et puis Versailles, c’est aussi le berceau de la French Touch, ce mouvement qui a permis à la musique électro française de rayonner dans le monde au début des années 2000. Les membres des groupes Air et Phoenix ou le DJ Étienne de Crécy ont composé leurs premiers morceaux dans leur ville natale.

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Pourquoi Versailles a généré tant de musiciens innovants ? Thomas Mars et Laurent Brancowitz, les fondateurs de Phoenix, avancent une explication : « L’ennui est probablement le premier responsable. Ni salle de musiques actuelles, ni bar musical, ni disquaire indépendant… Les ados versaillais n’avaient d’autres choix que de faire eux-mêmes leur musique. » Cette tradition s’est d’ailleurs poursuivie récemment avec le groupe Saint Michel.