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Ville de la semaine: Saint-Pierre-d’Oléron (mais surtout son île)

Coquillages et verre de pineau

Par
Owen Barrow
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Oléron, la lumineuse. C’est ainsi que l’avait surnommée Pierre Loti en raison de son fort taux d’ensoleillement à l’année. C’est vrai que la lumière y est si particulière. De quoi faire pâlir la west coast et sa golden hour. En réalité, cela va bien au-delà du taux d’ensoleillement. Ce petit bout de terre, flottant dans l’océan Atlantique, sur notre côte Ouest à nous, permet au sens large de faire la lumière. Son air iodé, le doux parfum de ses forêts de pins. On s’y sent vivant. On y respire et on ralentit le rythme. De quoi avoir envie de prendre le large, rapidement.

Comme d’habitude, pour appréhender une ville (ou une île), il faut maîtriser un minimum de vocabulaire. D’abord, l’île d’Oléron c’est IØ, pour les habitués. L’utilisation de ces initiales est à double sens. Passage technique rapide, je le jure: le Ø est utilisé, dans le milieu maritime, pour représenter le O sur l’immatriculation des bateaux et éviter la confusion avec le 0. Mais le Ø, c’est aussi un mot qui signifie « île » en danois. De quoi méditer quelques minutes. Sinon, il y a les « baignassouts », les touristes venant passer leurs vacances sur l’île. Ils sont un peu relous, mais comme ils dépensent, ça va. Ils viennent souvent du « continent », la France métropolitaine (qui ne comprend pas Oléron, bien entendu). ET quand on monte dans le nord, on ne monte pas vers Paris, ou Lille, mais vers Saint-Pierre-d’Oléron, ou Chassiron. Tout est question de relativité.

On y est bien sur cette île.

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A tel point qu’une légende raconte que certains Oléronais n’auraient jamais franchi le pont, jamais osé l’aventure de rejoindre le fameux continent. C’est assez fascinant, se dire que même en France, certaines personnes ont, toute leur vie vécu une réalité si différente, si particulière mais si charmante. Cette histoire m’a toujours assez fasciné et parfois, je m’amuse à imaginer ce que ces personnes là n’ont jamais vu/fait de leur vie. Genre un immeuble. Jamais vu. Genre une montagne, la tour Eiffel. Jamais non plus. Une cascade, un zèbre ou un magasin IKEA même. Jamais pris un métro, un train, une autoroute ou un escalator. Jamais mis un pied dans la mer Méditerranée, jamais franchi le cap des 20 mètres d’altitude. Jamais testé le ski, mangé chez Flunch ou commandé sur Uber Eats.

A l’inverse, voici ma liste (non exhaustive) de ce que les Oléronais ont, au quotidien et dont vous allez raffoler rapidement. Oui oui, je vous vois venir là, les baignassouts.

Les cabanes du château

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De quoi mettre de la couleur partout. Une flopée de petites cabanes de pêcheurs, restaurées pour accueillir des artistes qui exposent à l’année, artisans et autres petites boutiques. Gros coup de coeur pour la cabane bleue et sa propriétaire sortie tout droit d’un conte pour enfants. Attention aux horaires, elle n’est pas ouverte tout le temps! On en profitera pour aller faire un tour à la citadelle du château.

La douzaine d’huîtres sur le marché

Sur le marché, sur le port, en terrasse ou à la maison. Oyster is the new black. Marennes d’Oléron N4 ou N3, avec le petit goût de noisette tant recherché et le verre de pineau des Charentes pour faire glisser (et faire la sieste).

La passe de la vigne américaine

Faut-il en parler? Faut il tenir le secret? Je compte sur vous pour respecter ce petit paradis et ne pas trop divulguer l’information. La dune du Pilat version Oléron. Une des dernières encore d’aplomb. Une des seules à résister, difficilement à l’érosion. Il faut prévoir une petite marche de 40 minutes pour s’y rendre, ce qui peut en dissuader plus d’un. Ce n’est d’ailleurs pas plus mal et ça a assurément participé à la protection de cette petite pépite.

Le phare de Chassiron

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Classique et traditionnel, mais cela vaut le détour. Privilégier la route de la côte pour s’y rendre, prendre son souffle avant la montée des marches et ne pas hésiter à y aller un jour de tempête pour voir les vagues s’écraser sur la roche (le phare risque d’être fermé à la montée, en revanche)

Le petit train de St Trojan les Bains

Mythique. Iconique. La depuis 1963. Traverse la forêt jusqu’au pertuis de Maumusson. En longeant la plage de Gatseau (qui vaut le détour). Viser le train du soleil couchant pour un moment magique sur la pointe sauvage de l’île.

L’atelier retour de plage

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C’est la success-story d’Oléron. Magasins de bijoux confectionnés entièrement sur l’île d’inspirations locales et peu banales, on les retrouve aujourd’hui sur une bonne partie de la côte ouest (du continent), en plus de leurs boutiques originales. En vélo, de retour d’une belle journée à la plage, donc, on s’arrêtera volontiers faire quelques emplettes.

Le Fish & Chips de la cotinière

Au Merluchon, prévoir de faire un peu la queue en haute saison. Absolument pas une spécialité locale, c’est vrai, mais avec le merlu pêché le matin même au large des côtes, ça en fait un must try de l’île. On ira le déguster sur un banc face à la criée, ou le long de la digue, proche du phare.

La terrasse du Novotel

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Sublime terrasse en bois du côté de Gatseau. Vue imprenable sur l’eau avec des couleurs qui changent un paquet de fois au cours de la journée. De quoi profiter pleinement de la quiétude oléronaise. On enchaînera volontiers avec un soin à la thalasso, pour maximiser l’expérience.

Le surf côte ouest

Rien à envier à Bali, à part la température de l’eau peut être… Sinon c’est tout pareil, et pour le matos, c’est chez Tamarindo que ça se passe.

La fête des mimosas

À St Trojan, la fête des mimosas c’est ce que la fête de la bière est à Munich ou la gay pride à SF. L’occasion de défiler sur char fleuri, de bien arroser sa douzaine d’huîtres, et même de couronner « Miss Mimosa ». Une tradition qui dure depuis 61 ans tout de même!

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A quoi bon franchir le pont… Je les comprends assez bien et c’est peut-être le concept même d’une île finalement: la protection par l’isolement. Ça, les Oléronais l’ont bien compris. Depuis plusieurs années, alors qu’une partie des insulaires demande l’installation d’un péage payant à l’entrée du pont, l’autre s’est lancé dans une lutte acharnée contre la construction d’un McDo sur l’île… Ils ne sont pas prêts de renoncer à leur liberté, et ils ont bien raison. Chauvinisme acharné, c’est peut être cela qui fait d’eux de “vrais” Français, après tout.