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Quimper, j’y suis née, j’y ai grandi et même vécu, un peu plus tard. Quand, étudiante fière de mes origines, je demandais à qui voulait bien l’entendre : « Tu connais Quimper ? », mes potes se foutaient de moi. Pourtant, c’est la plus belle ville du monde. C’est bien pour ça qu’après trois ans d’exil picard, m’y revoilà. Allez viens, je t’emmène au pays de la crêpe (mais pas que…).
La bouffe, la bouffe, la bouffe
Qui dit Quimper, dit crêpes. C’est un peu LE truc qu’on associe automatiquement à ma ville bien-aimée, celle qui m’a vue grandir. Sur ce coup-là, c’est clair, il y a de quoi faire. Tu ne peux pas les louper. Tous les deux mètres, paf, une crêperie. Garnie au beurre (salé, évidemment), au fromage, aux champignons à la crème, au beurre, au lard… La crêpe, c’est un peu l’emblème de la ville. Mais ouvrons notre horizon, elle n’est pas la seule à avoir le pouvoir de nous faire prendre trois kilos en quinze jours et ça, sans aucun effort. Quimper, c’est un peu la capitale du gras. On en trouve dans toutes les spécialités. D’un côté, il y a le gras sucré avec le caramel au beurre salé sous toutes ses déclinaisons (en gâteau), le kouign aman (même s’il vient de Douarnenez, on l’inclut quand même), les confiseries de la maison Larnicol. De l’autre, le gras salé avec donc, le beurre, dont on arrose à peu près tous nos plats ou le fameux pâté Hénaff. Bref, si tu veux péter ton jean et prendre plein de photos « yummy » pour ton compte Insta, viens à Quimper.
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Le Ceili
Parce qu’il faut bien s’hydrater un peu, le centre-ville compte pas mal de bars. Le plus connu d’entre tous est sûrement le Ceili, près de la gare. C’est le seul endroit où tu es quasiment sûr de trouver du monde, n’importe quel soir de la semaine. A Quimper, c’est plutôt rare. C’est aussi le seul bar où tu peux boire une bière avec ta mère, ton oncle, tes potes de facs ou même les enfants de tes voisins. Ici, tout le monde se mélange et cause ensemble. Leur grand moment de l’année : le Cornouaille, au moins de juillet. A la fin du festival, tous les gars des bagadou (ces groupes de musiques bretons) débarquent ici pour boire des coups dehors. Les patrons installent les tireuses à bières sur le trottoir: ambiance culte surtout si les costumes bretons vous font fantasmer (ouais y’a moyen de pécho).
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Les Parisiens en cirés jaunes
A 500 kilomètres de la capitale, tu te dis que tu vas vivre pépère, loin du brouhaha, des mecs qui klaxonnent et se garent n’importe comment ? Erreur grossière. S’il y a bien une population qui pullule dans les rues du centre-ville, à peine les beaux jours revenus, ce sont les Parisiens. Et il faut bien dire qu’ils nous font marrer. Facilement reconnaissables, ils s’équipent de cirés jaunes et des bottes en caoutchouc, qu’ils dégainent à la moindre goutte de pluie (ce qui n’arrive jamais en Bretagne, hum). Sur les pavés des rues piétonnes, ce sont bien les seuls. Pendant que le vrai Breton, du cru celui-là, le regarde d’un air narquois, le Parisien en famille se réjouit de prendre le bon air de la « campagne » (oui, le Parisien est à la campagne dès qu’il passe le périph’). Il lève le nez pour regarder les maisons à colombages qu’il trouve « typiques » et prend plein de photos, pour se souvenir de son périple en terre lointaine. Entre deux dégustations de crêpes. Bien sûr.
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Le petit train
Qui dit ville touristique, dit forcément petit train. Oui, celui qui passe en boucle des commentaires enregistrés il y a 20 ans, toujours les mêmes. A Quimper, l’arrivée du printemps s’accompagne du retour du petit train touristique. Un banal attrape-touristes inoffensif, me direz-vous ? Pas du tout. Imaginez, vous avez 14 ans, il fait chaud, c’est l’été. Votre grand-mère décide de faire une sortie familiale avec votre petit cousin venu de Paris. Sans même le réaliser, vous vous retrouvez en moins de deux assis au milieu d’une bande de vieux qui dodelinent de la tête, tout sourire. Là, comme par hasard, plein de jeunes de votre collège sont sortis de chez eux EXACTEMENT au moment où le petit train passe devant eux. Pas moyen de se planquer, le train est complètement ouvert. A ce jour, cette expérience reste une des plus traumatiques de mon existence.
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Les magasins bio
Ce qui m’a surprise, en revenant ici, c’est le nombre de magasins/cafés/boutiques bio qui avaient poussé pendant mon absence. Un immense Biocoop par ici, une boutique de produits naturels par là (parfait pour les shampooings solides et les serviettes hygiéniques lavables). A Quimper, il y a tout ce qu’il faut pour la parfaite petite bobo que je suis devenue à force d’une vie de célibataire urbaine bien payée. C’est assez cliché, mais franchement, j’apprécie carrément de boire un petit chaï latte accompagné d’un carrot cake à 4 euros avant d’aller acheter mon potiron à la Biocoop.
Les poneys
Vous avez déjà vu des poneys dans un centre-ville ? Moi oui. Trois. Ils sont même là depuis toujours, en haut de la rue principale, la rue Kéréon, prêts à embarquer des enfants pour des balades. A force de passer devant, j’avais fini par m’y habituer. Quand j’étais gamine, c’était même un point de rassemblement, comme les panneaux dans les gares – le côté « odeur de foin mâché » en plus. A une époque où les portables n’existaient pas, on se disait : « On se retrouve devant les poneys », et on se retrouvait. On était contents. En revenant à Quimper, après des années loin d’elle, ces poneys m’ont sauté au visage (c’est une image, en vrai, ils sont très sages). Qui sont-ils ? Pourquoi restent-ils là ? Quels sont leurs réseaux ? A ce jour, je n’ai pas de réponse. Mais avouons-le, leur présence à un côté rassurant. Tout change dans ce bas monde : ton iPhone a remplacé ton Nokia 3310, ta mère a arrêté de porter ses vestes à épaulettes et des petites rides apparaissent au coin de tes yeux. A côté de ça, les poneys de la rue Kéréon, eux, n’ont pas bougé. Un repère simple dans un monde de brutes.
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Voilà, je t’ai un raconté mon Quimper à moi. Ma ville du bout du monde, jamais citée dans les bulletins météo car elle est toujours cachée par Brest. Pourtant, je vous jure, il fait toujours deux degrés de plus que dans « le Nord » (du moins c’est ce que tout le monde dit ici). J’espère que ce petit bout de ma vie t’aura donné envie, un jour, de répondre « oui » à la question : « Tu connais Quimper ? ».
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