Ville de la semaine: Montpellier

Cela fait plus de 20 ans que j’ai quitté Montpellier pour m’embarquer dans une aventure québécoise dont j’ignorais presque tout, et qui perdure depuis avec grand bonheur! Bien que mon port d’attache soit à Montréal, je fréquente encore assidument Montpellier pour la famille, les amis mais aussi le travail, ce qui me permet de garder un lien fort et toujours d’actualité.

Je dis souvent que je suis une fille du Sud, mais ce n’est qu’une partie de la vérité.

En fait, je suis née à Paris et j’y ai passé mes dix premières années. Puis, la famille a migré vers le Sud, connaissant quelques détours. Étrangement, si je connaissais Montpellier comme visiteuse, je ne l’avais pas expérimentée en tant que locale jusqu’à mon retour de quelques années à l’étranger (Italie et Pays-Bas). C’était, à l’époque, logique de m’y ancrer à mon retour. Quand je me suis installée à Montpellier, le choc fut si grand que je pensais ne jamais m’y faire. Montpellier est séduisante, mais capricieuse aussi. Je vous raconte.

Le choc du retour

En effet, après une année nordique aux Pays-Bas, me retrouver sous le soleil cru de Montpellier fut une expérience d’impatriation déstabilisante avec la chaleur, le verbe haut des locaux, les odeurs (pas seulement celles qui vous enivrent, ceux qui auront fréquenté Montpellier savent de quoi je parle), l’esprit latin parfois pesant, un machisme assumé et un style un peu criard qui se patine d’un léger snobisme quand vient le temps des festivals culturels. Bref, un cocktail surprenant que j’ai eu du mal à cerner, à accepter… et à apprécier à sa juste valeur, il m’aura fallu du temps!

J’ai eu la chance de pouvoir vivre Montpellier comme étudiante puis jeune professionnelle, ce qui m’a permis de découvrir l’envers du décor et d’y trouver ma place. Pour résumer, on pourrait dire au grand dam des instance touristiques, que Montpellier est sale et magnifique, inculte et prétentieuse, chaleureuse et superficielle. C’est un peu le meilleur, mais aussi le pire tout ça, au soleil et proche de la mer!

Le fantasme des étudiants

Place étudiante de choix, plus de 49 000 étudiants aux dernières nouvelles (première université de médecine d’Europe datant du XIIe siècle encore en activité dont la visite vaut vraiment le détour), ville reconnue pour la qualité de son enseignement supérieur, mais aussi son ensoleillement, sa qualité de vie… et le nombre d’établissements pour faire la fête !

La ville vit au rythme des calendriers universitaires, envahie dès la fin de l’été et ce jusqu’au printemps par de brillants cerveaux en formation avec une énergie fringante et braillarde parfois qui se retirent l’été venue laissant place à la marée des touristes.

Quand on parle de Montpellier, on pense à la grande place de la comédie qui est au centre de la ville, de l’Écusson pour les intimes. On s’y retrouve pour un café, fêter une victoire au foot, un rendez-vous, avant d’aller plus avant dans les méandres de petites rues de la vieille ville.

Du catalan Bofill au japonais Fujimoto, les architectes de Montpellier l’ambitieuse

Il y a aussi le quartier d’Antigone, imaginé par Ricardo Bofill sous l’impulsion du maire, Georges Frêche, dans les années 80, un style postmoderniste inspiré de la Grèce antique qui ne manquait pas de folie des grandeurs mais dont la vie de quartier est hélas sans âme.

Tout nouveau, l’Arbre Blanc, de l’architecte japonais Sou Fujimoto, est la nouvelle folie à Montpellier qui suscite des avis divergents mais qui vient de remporter le prix du plus beau bâtiment résidentiel du monde du site spécialisé en architecture ArchDaily.

La force de la culture

Mais revenons vers le centre et les plaisirs à ne pas manquer. Sur la place de la comédie trône l’Opéra-Comédie, théâtre à l’italienne style fin du XIX^e siècle, au charme fou et qui offre des places à 10 euros !

Non loin de la Comédie, au 20 de la rue Jacques Cœur, niche la fantastique petite librairie de voyage La géosphère, un esprit généreux et voyageur. Des rencontres, des partages, un fond très intéressant et de vraies libraires qui vous accompagnent dans vos découvertes. Un endroit magique et des livres intéressants aussi pour les enfants.

Également proche de la Comédie, le cinéma Diagonal avec ses six salles, dernier vestige de plusieurs cinémas Diagonal (offrant un répertoire indépendant et étranger en version originale) tombés au front de la réalité commerciale. Du temps de mes études, existaient plusieurs sites dont celui du quartier populaire de La Paillade au nord de Montpellier. Les Diagos, pour les intimes, ont participé à la culture cinématographie de Montpellier avec vaillance et fougue. J’y ai un souvenir ébloui de Roberto Benigni dans le Petit diable!

Pour rencontrer du monde, assister à des conférences, des concerts ou bien tout simplement prendre un verre, manger entre amis ou travailler, le Gazette café est un chouette lieu de rencontre. Pas loin de là, en passant par Cours Gambetta, on arrive au marché populaire et cosmopolite de Plan Cabanes du quartier Figuerolles. On y trouve de tout et de la menthe avec, en primes des sonorités, des parfums du Maghreb. J’aime bien y aller, c’est un peu le bazar, un voyage en soi.

La ville des festivals

Pour les fans de sports, il y en a pour tous les goûts. Que ce soit avec le festival international du sport extrême (FISE) ou avec le jeune What A Trip, festival du film de voyage qui se taille une part du lion avec une vision très chouette, un dynamisme hors du commun et un timing qui correspond vraiment à ce dont les gens, petits et grands, ont envie !

Côté culture, c’est la profusion : Festival Radio France pour la musique, Montpellier Danse qui sont des références de calibre international. La programmation unique fait de Montpellier un rendez-vous culturel incontournable. Mais mon chouchou, parce qu’il est toujours aussi vibrant mais aussi parce que j’y ai travaillé au tout début de ma carrière, demeure le Printemps des comédiens ! À ce moment-là, il n’y avait pas encore de structures physiques, certains bureaux étaient dans des préfabriqués dans les jardins du Château d’Ô, les scènes étaient extérieures… J’ai eu le privilège d’y rencontrer Ariane Mnouchkine et la troupe du Théâtre du soleil, Daniel Auteuil, la grande Maria Casares… On ne se remet jamais tout à fait de telles rencontres.

Un autre jardin à découvrir: le Jardin des plantes, proche de l’Arc de triomphe et de l’Université de médecine dont il dépend. C’est un lieu charmant, un peu suranné avec un charme fou. Au cœur de la ville, on peut flâner dans le jardin anglais, découvrir l’orangerie ou le bassin des lotus. Et quand la nuit tombe, je ne saurais que vous conseiller, dans le quartier des Beaux-arts, le très raffiné Parfum, un bar où les cocktails et mocktails y sont envoutants, l’ambiance feutrée, la magie au rendez-vous.

À quelques encablures de Montpellier

Et puis, en sortant un peu de Montpellier, vous êtes en quelques kilomètres dans les Cévennes pour faire de belles balades ou même visiter les caves de Roquefort pour les amateurs de fromage ! Côté mer, rien de plus charmant qu’une virée au Grau du Roi ou à Palavas hors-saison pour prendre un verre. Vous pouvez même aller de Montpellier à la mer par les pistes cyclables. Sinon un peu plus loin, Sète: une ville portuaire importante avec ses plages, l’étang de Thau et ses huîtres. Sète est la ville de Paul Valéry, Georges Brassens ou Jean Vilar: n’en déplaise aux grandes métropoles, ici on a la culture tatouée au cœur.

Bref, Montpellier vous charmera, c’est certain, je ne peux que vous inviter à découvrir ses trésors cachés, son riche passé et sa douceur de vivre…