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Ville de la semaine: Dinan

Une ville aux deux visages.

Par
Manon Boquen
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Il paraît que Dinan est la 42e ville de France la plus photographiée. Ce classement me laisse songeuse mais reflète probablement un peu de ce qu’est cette destination touristique par excellence. Perchée sur une colline au-dessus de la Rance, un fleuve qui plonge dans la Manche en Bretagne-nord, cette bourgade de charme de 14 000 habitants possède deux visages : celui des cartes postales et celui de la vie de tous les jours, sensiblement plus réaliste, il faut bien l’avouer. Je vous emmène.

Médiévale cité

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Mais déjà, pourquoi Dinan est-elle si appréciée ? Probablement pour son côté médiéval, avec ses rues pavées, ses maisons à pans de bois et ses remparts, qui ont manqué de s’effondrer en 2015 c’est vrai, mais qui sont toujours bien en place. Tous les deux ans d’ailleurs, la Fête des remparts s’invite en ville et il faut se déguiser façon moyen-âge pour participer aux festivités gratuitement. Spectacles d’échassiers ou combats chevaleresques, du folklore en veux-tu en voilà mais qui laisse la possibilité d’imaginer un tant soit peu ce à quoi pouvait ressembler le quotidien des ancêtres dinannais.

Les premières traces de la cité dans les livres remontent au XIe siècle et on y fait rapidement référence à sa prospérité due à sa situation géographique et à sa dimension commerciale. Celle-ci s’est bien conservée et est restée « dans son jus », ce que les touristes apprécient, eux qui venaient déjà flâner dans ses rues au XVIIIe siècle. Seule différence aujourd’hui : la circulation intempestive sur l’avenue centrale et les cars affluent avec les groupes de curieux, même si, tout le monde vous le répètera : « Ce n’est pas non plus la côte d’Azur » (sous-entendu il y a du monde mais pas trop quand même.)

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Soirées festives

La journée, sacs à dos et chaussures de rando font office de dress code dès que les beaux jours reviennent. L’hiver, on peut le dire, cela ressemble plutôt au calme plat des Açores avant la tempête estivale. Mais, comme toute ville bretonne qui se respecte, Dinan change de visage à la tombée de la nuit, principalement les vendredis soir lorsque les lycéens terminent leur semaine. Là, les petits paradis luxuriants si paisibles en journée se transforment en lieux de fêtes – et de beuveries – publiques. Bien sûr, on peut sillonner la rue de la Soif – institution des institutions bretonnes – mais avant ça, il n’est pas rare de croiser des jeunes fêtards en plein cœur du centre-ville et particulièrement au jardin anglais, agréable îlot de verdure surplombant le port, venus apprécier la fin de semaine ou le début des vacances. Un saisissant contraste que la presse locale a baptisé : les « soirées cartables », en référence aux bouteilles cachées dans les sacs à dos.

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Pour les papilles

Si vous avez passé l’âge pour vous joindre aux festivités lycéennes, ce qui est mon cas, ce n’est pas bien grave car Dinan recèle de nombreuses bonnes adresses : un petit verre au mythique Vieux Saint-Sauveur, plus communément appelé le « St-Sau » fait toujours plaisir, des dizaines de crêperies pour manger bien et pas cher – je vous conseille personnellement la crêperie Ahna – et plusieurs boulangeries dont la délicieuse Flûte Gana, offrent une myriade de choses à goûter. Puis, un pêché mignon à s’accorder occasionnellement, au risque de prendre trois kilos d’un coup, un kouign-amann de la boulangerie Gât et vous, histoire de s’injecter directement une dose de gras dans les veines.

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Attention quand même : pour parvenir à cette adresse, il faut descendre le Jerzual (et donc le remonter). Cette rue pavée bordée de maisons en bois et de fleurs, d’un charme à tomber par terre, descend à pic jusqu’au port de Dinan sur un dénivelé de 75 mètres. La ruelle est si abrupte qu’elle est devenue le parcours principal d’une course à pied insoutenable : le Défi du Jerzual. Avis aux amateurs et aux amatrices… En bas, le port, particulièrement agréable en été et en terrasse, amène à un chemin de randonnée sur les bords de Rance à sillonner pour digérer le gâteau que l’on vient d’engloutir.

Noir et blanc

Côté personnalités historiques, Dinan a notamment accueilli dans son enceinte Bertrand du Guesclin, chevalier français devenu héros de la Guerre de Cent Ans pendant laquelle s’affrontèrent, les éternels rivaux, Anglais et Français. Jean Rochefort y a aussi passé une partie de son enfance et François-René de Chateaubriand, l’écrivain des Mémoires d’outre-tombe, y a étudié. Voilà pour les célébrités.

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Aujourd’hui, cette petite ville où l’on finit toujours par croiser quelqu’un que l’on connaît à chaque sortie, demeure vivante malgré son visuel tout droit tiré d’un guide touristique. Lycéen, on s’y ennuie nécessairement un peu par manque des avantages d’une grande métropole mais il n’est pas rare d’être rappelé au bercail après des détours un peu partout ailleurs.

Dinan est avant tout contrastée : entre les jeunes et les plus vieux qui se côtoient quotidiennement, entre les touristes et les habitants interdépendants, entre son centre historique immaculé et toute la périphérie de plus en plus habitée. Il y a moyen d’y passer du bon temps.

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