.jpg)
Ville de la semaine: Beauvais
Non, la ville ne se réduit pas à son aéroport.
« Mais si, tu sais, Beauvais, là où il y a l’aéroport ! ». Voilà comment j’ai parlé pendant trois ans de ma ville d’adoption à toutes mes relations. Beauvais, c’est la ville préfecture de l’Oise, à environ 80 km au nord de Paris. C’est là que j’ai travaillé et vécu jusqu’à l’année dernière. Bien trop au sud pour être considérée par les vrais nordistes comme jouant dans la même équipe. Mais aussi trop au nord pour se sentir intégrée à l’Ile-de-France. Beauvais, c’est une sorte de «Terre du milieu», entourée de champs de patates et de betteraves. J’avoue, ce n’est pas ma Bretagne adorée mais promis, il y a aussi des trucs chouettes à découvrir au cœur de l’Oise.
La cathédrale pas terminée
.jpg)
Impossible de la louper au centre-ville. Elle trône, majestueuse. En entrant dedans, on est saisi par la hauteur sous plafond: 48,5 mètres, voilà qui en fait le plus haut cœur de cathédrale gothique au monde. Avouez que ça en jette. En plus de ça, au XIVe siècle, avec sa tour de 153 mètres, elle était la plus grande construction humaine au monde ! Eh ouais, Beauvais était alors « the place to be ». Le problème, c’est que les concepteurs ont sûrement voulu en faire trop. La tour s’est effondrée en 1573, à cause d’un défaut de construction. Résultat : il aurait fallu tout recommencer. Faute de budget, la cathédrale Saint-Pierre est restée et demeure encore, inachevée. Aujourd’hui, plus aucune messe n’y est célébrée, mais on peut la visiter, et admirer son horloge astronomique, superbe. Certes, elle n’a jamais été finie mais ça lui donne un petit côté exceptionnel d’être la seule cathédrale au monde sans nef.
L’aéroport
.jpg)
Parlons-en de ce fameux aéroport. C’est bien souvent le seul spot que les personnes qui passent par Beauvais voient de la ville. Un peu limité mais ça vaut le coup. Ryanair a fait de l’Oise une de ses bases en France. Depuis Beauvais, on peut aller à peu près partout en Europe pour moins de 30 euros parfois. Pas super écologique mais très pratique, en revanche. Imaginez: vous rentrez de Rome ou Stockholm par un vol très matinal. A peine une heure après l’arrivée et pour seulement un euro (le prix du bus), vous êtes chez vous, dans votre lit douillet. En plus, la présence de l’aéroport a un petit côté sympa, qui rend la ville très cosmopolite entre avril et octobre. D’un coup, les rues du centre se remplissent de couples, petites valises taille cabine à la main (très important la taille cabine, sinon, vous êtes bon pour le supplément bagage), errant à la recherche d’un restaurant ou hôtel où passer la nuit. Cela donne des scènes marrantes, notamment quand vous êtes interpellé pour savoir où se trouve la supérette la plus proche par une personne à l’accent indéterminé (Roumain, Slovaque, Italien ?).
La rue du 27-juin
.jpg)
Si vous cherchez une petite ville typique à visiter, avec ruelles médiévales et façades d’époque, eh bien, n’allez pas à Beauvais ! 80 % de la ville a été détruite pendant la Seconde guerre mondiale. Il ne reste plus rien ou presque, de ce qu’elle a pu être, avant. La rue du 27-juin est ce « presque ». On y trouve des maisons à pans de bois construites au XVe siècle. Aujourd’hui, c’est une rue piétonne, surtout réputée pour être le lieu de toutes les sorties nocturnes. Le bar l’Alternative est bien connu des lycéens. Quant à La Bohemia, en face, c’est le resto branché du secteur. En été, la rue est remplie de fêtards. Même si les riverains râlent parfois, la rue du 27-juin donne un aspect festif à la ville, qui n’existe pas beaucoup par ailleurs. Bref, c’est l’endroit où il faut aller pour se lâcher un peu.
La place Jeanne-Hachette
.jpg)
C’est l’anti rue du 27-juin. Un grand espace minéral en plein cœur de ville, devant la mairie. Refaite il y a quelques années, la place Jeanne-Hachette doit son nom à une jeune fille du même nom. C’est un peu notre Jeanne-D’arc locale en moins connue. On dit qu’au XVe siècle, elle aurait repoussé un homme des troupes de Charles le Téméraire, qui menaçaient d’assiéger la ville, avec une hachette. Dans la foulée, toutes les femmes de la ville auraient suivi notre brave Jeanne, sauvant la cité. Aujourd’hui, elle a une belle statue devant la mairie et une fête, tous les ans, le dernier week-end de juin. Un défilé médial sur de la musique durant lequel une jeune Beauvaisienne incarne Jeanne Hachette. Délicieusement cheap mais divertissant. Le reste du temps, la place est investie par les terrasses des cafés où il fait bon de boire un petit apéro devant le miroir d’eau. On se croirait à Bordeaux (de loin).
Gerberoy
.jpg)
Bon ok, Gerberoy, ce n’est pas à Beauvais. Le petit village se trouve à une vingtaine de minutes en voiture de la ville. Malgré un nom qui peut donner la nausée (elle était facile), c’est un endroit très sympa où aller se balader quand on a pris ses quartiers dans l’Oise. Gerberoy a la particularité d’être rempli de rosiers, ce qui fait son charme, en plus de ses ruelles étroites et pavés. Le cinéma ne s’y est pas trompé : des dizaines de films et séries ont été tournés à Gerberoy, notamment la série Maupassant ou encore Un amour de sorcière, avec Vanessa Paradis. Personnellement, j’ai quasiment rencontré Jean Dujardin dans la rue là-bas. Bon, allez, j’avoue, j’exagère un peu. Il était en plein tournage du Retour du héros, avec Mélanie Laurent, une comédie historique globalement passé inaperçue en France. J’étais allée sur place dans l’espoir de faire un sujet avec lui pour mon journal. Un gros vigile m’a empêchée de m’approcher et la prod’ a toujours refusé les demandes d’interview sur le plateau. M’en fous, j’ai réussi à prendre une photo de lui. Dégueulasse, floue, avec mon téléphone, mais bon, c’est toujours ça. D’ailleurs, Jean, si tu m’entends, accorde moi cinq minutes, s’il te plait, tu me dois bien ça !
Voilà mon petit tour d’horizon de Beauvais. J’espère qu’il vous aura donné envie de sortir de l’aéroport pour y passer un peu de temps la prochaine fois que vous viendrez prendre l’avion.