Parce qu’il n’y a pas que le fromage qui mérite un détour, voici quelques sérieux arguments qui vous donneront le goût de vous déplacer jusque dans le Luberon. Suivez le guide.
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Ni strass ni paillettes, quelques échoppes à l’ancienne, un air presque désuet, un fromage éponyme et une librairie unique en son genre… Voilà donc le décor insolite que présente cette petite commune des Alpes-de-Haute-Provence, coincée entre deux montagnes et accrochée au plateau d’Albion. Et qui, malgré tous ses atouts, ne la ramène pas trop et n’a pas cédé aux sirènes du tourisme de masse. Comme bien des consœurs, la commune aurait très bien pu miser sur des restos attrape-touristes et pêcher le visiteur à coup de « l’un des plus beaux villages de France ». Bah non (pardon). Banon, c’est tout le contraire : même pas un hôtel à l’horizon dans cette ville qui cultive, avec passion, sa ruralité moderne.
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1 – Un peu d’efforts pour y arriver
Première caractéristique qui lui donne tout son charme: Banon se mérite. On n’y parvient pas en un coup de TGV et encore moins via une liaison aérienne au départ de Paris. Et n’imaginez même pas n’y passer qu’en deux temps trois mouvements. Non, Banon mérite du temps et quelques efforts. Il faut – déjà – rejoindre le Luberon (NDLR : les grandes gares du coin : Avignon ou Aix en Provence), traverser quelques champs de lavande, puis sur place, grimper au sommet sous le soleil écrasant de l’été pour apprécier le paysage, arpenter ses ruelles pavées, flâner au détour d’une maison médiévale, s’arrêter devant des terrasses partagées dont on devine encore les heureux échos d’un début de soirée…. Banon, c’est un peu l’éloge de la lenteur. Découvrir cette cité médiévale, c’est pousser la porte d’un vieux bâtiment, où le temps qui passe laisse ses marques que le présent ne détruit pas. Banon a le charme des vieilles bâtisses que l’on rénove en prenant le temps et avec goût: on a envie d’y revenir une fois l’ouvrage de restauration terminé.
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2- Le Bleuet, the place to be pour fouiner et lire
Et on ne parle pas là du fruit aux allures de myrtilles !
Le Bleuet n’a jamais fermé, ni un 1er mai ni pour cause d’inventaire. Il aura fallu attendre cette épidémie de Covid-19 pour voir les volets bleus de la plus grande librairie en milieu rural fermés durant plusieurs semaines. S’il y a une star ici, en plus du Banon, c’est lui: le Bleuet et ses 1500 m2 de rayonnage, répartis en de multiples étages, mezzanines, recoins, sous-sol… On y trouve des livres et même des cartes IGN un peu partout dans la boutique, qui, contre vents et marées, résiste depuis trente ans. Il se dit que le Bleuet reste le seul endroit en France où on peut encore trouver le livre qu’on ne trouvera nulle part ailleurs.
L’histoire remonte à 1990 lorsqu’un menuisier de formation, Joël Gatefossé, rachète une papeterie-bazar de 50 m2 dans ce coin paumé des Alpes-de-Haute-Provence pour en faire une librairie nationalement connue et l’un des 1000 lieux qu’il faut avoir vu en France, parait-il.
Son fondateur a même un temps défrayé la chronique avec un projet pharaonique, en voulant faire du Bleuet la plus grande librairie de France, grâce à la vente en ligne, pour concurrencer le géant américain Amazon… Le projet n’a pas abouti, mais ce temple de la littérature qui abrite toute la Pléiade reste coûte que coûte le phare du village, ouverte sept jours sur sept. Un seul conseil : oubliez votre montre en pénétrant sur les lieux.
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3 – À l’Union, on boit
Si vous cherchez l’ambiance « m’as-tu-vu.e », passez tout de suite votre chemin. Dans le cas contraire, faites un stop au bar de l’Union, l’atmosphère est 100% locale sous les parasols de la rue Pasteur, et surtout très sympa sans chichi pompon. Si vous y passez en fin de semaine, vous avez toutes les chances de tomber sur une des soirées animées où vous pourrez vous rassasier avec des grillades. Simplicité: c’est le mot d’ordre de ce comptoir, ambassadeur d’une autre spécialité de la région… La boule pardi !
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4 – Sans brindille, on ne repart pas
Alors là, vous vous arrêtez, et vous êtes même autorisés à prendre des photos de cette boutique: la Brindille Melchio. Vous repartirez de là avec la fameuse brindille (prévoyez la glacière même si c’est ringard), cette petite saucisse sèche nature dont le maître des lieux a le secret. Dans un décor resté dans son jus, c’est voulu, il pleut des brindilles du plafond dans toute la boutique. Vous n’avez plus qu’à choisir parmi les différentes saveurs, à la sarriette, aux noix, noisettes, pignons de pins, piment, chèvre. La façade du magasin, comme les autres d’ailleurs, ne paie pas de mine mais à l’intérieur, c’est le plaisir des papilles garanti. Et un retour en 1980.
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5 – Le Banon, ça se savoure
Pour la gourmande que je suis, c’est évidemment en temps normal le premier argument que je cite lorsque j’évoque cette destination tant appréciée : le fromage ! Celui qui se vend dans des feuilles de châtaigniers retenues par du rafia, et qui nous rappelle les cadeaux qu’on préparait pour la fête des mères avec nos amis de grande section. Il s’est taillé une jolie réputation dans à peu près tout le pays. Mais si vous ne savez pas que le Banon est fait à… Banon, il est possible que vous passiez peut-être à côté: en effet, ne comptez pas sur ce joli village pour vous le rabâcher tous les 50 mètres ! On vous l’a dit, Banon ne se la raconte pas trop.
Tout rond et peu épais, blanc et crémeux comme il faut, le Banon est le genre de fromage qui vous réconcilie tous les jours avec la vie lorsque votre moral est en berne. Il se croque comme une gourmandise, se savoure avec une bonne baguette de pain bien fraîche, et se déguste comme un bon vin. Au pays de la lavande, ce gros galet au lait de chèvre est aussi vieux que les premières pierres du village et les Romains en engloutissaient déjà en quantités énormes, paraît-il (l’empereur Antonin le Pieux en aurait fait une indigestion). On les comprend. Complètement addictif ce petit bout de fromage, on y prend goût en quelques secondes et sans s’en rendre compte. Un peu comme le village en somme. Vous êtes prévenus.
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