J’ai écrit « Aix-en-Provence » et puis je me suis arrêtée. Les mots ne me venaient pas pour habiller la page blanche. J’avais un peu la même sensation que lorsqu’un crush est dans la même soirée que moi. On ne va pas lui parler de but en blanc, on n’ose pas, de peur de se ridiculiser et que notre carte soit grillée à jamais. Aix-en-Provence c’est ma ville d’amour, je suis immédiatement tombée sous son charme. Elle a servi de décor unique à ma vie pendant deux années et j’ai peur que mes mots soient trop maladroits pour en parler.
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J’ai débarqué à Aix sous la chaleur accablante du mois d’août, j’ai emménagé dans mon appartement d’étudiante et puis j’ai commencé à arpenter les rues de cette ville. Et ce n’est pas tâche facile, la ville est semblable à un dédale chaotique dans lequel il est enchantant de se perdre. Ce tracé de labyrinthe est fait de rues, ruelles, impasses et passages couverts. La rue « esquicho coude » est la meilleure symbolique de cet enchevêtrement car deux personnes ne peuvent s’y croiser qu’en serrant les coudes, d’où le nom de la ruelle. Au fil d’une promenade, se succèdent boutiques en tous genres, restaurants, bars, commerces abrités par des bâtiments aux traditionnelles couleurs chaudes que l’on retrouve dans le sud de la France.
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Une balade aixoise se caractérise par l’alternance de trois incontournables : les fontaines, les places et les énormes portes cochères en bois des hôtels particuliers.
Ces dernières attisent les regards et la curiosité des passants. Plus les portes et les murs d’enceintes sont imposants, plus on s’imagine un petit bijou architectural à l’intérieur, et on se prend à rêver, émettre des hypothèses, essayer de comprendre l’histoire de ce lieu qui ne semble pas ordinaire. Certains sont aujourd’hui des musées ou des lieux publics. Il nous est donc possible d’être témoins du prestige de ces anciennes demeures.
Il n’est pas rare, au détour d’une rue, qu’une place surprenne le promeneur. Elles sont éparpillées dans la vieille ville. On y prend le café, on y fait le marché, on y achète des antiquités, des livres, des fleurs. On y profite du soleil assis.e sur le rebord de la fontaine qui la décore. On y rencontre les visages qui font vivre la ville.
« La ville aux mille fontaines »: je ne sais pas si l’on en a jamais compté autant, mais elles sont omniprésentes. Colossale comme celle de la Rotonde ou plus timide comme celle du Sanglier de la place Richelme, elles décorent les rues, servent de repères et de rassemblements entre amis. Elles prennent vie au printemps et se meurent à l’automne. Pendant trois saisons, les journées s’écoulent au rythme de leur ruissellement.
Peut-on évoquer Aix-en-Provence sans parler de Cézanne ? Il n’a pas trouvé de meilleur décor ou héroïne que la Sainte-Victoire pour plus d’une soixantaine de ses oeuvres. Il en est de même pour Renoir ou encore Granet.
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Ce massif calcaire trône sur le pays aixois, majestueux et intimidant. Vingt kilomètres de cette roche blanche si particulière qui s’impose entre la terre et le ciel. Du haut de ses mille mètres d’altitude, on y contemple la Provence qui s’étend à perte de vue sous nos pieds.
Un ami aixois de naissance a toujours trouvé mon amour pour cette ville exacerbé : « Oui, c’est cool et joli Aix mais bon… ». Je ne sais pas si c’est pour sa richesse de patrimoine, d’Histoire, de paysages, d’architecture que j’aime autant cette ville. Mais on s’y sent bien.
Le centre-ville est petit, certes, on le traverse facilement en une vingtaine de minutes, et pourtant il est complet. On y trouve absolument tout ce dont on a besoin, aussi bien en culturel, divertissement ou encore gastronomie.
Cette condensation de l’espace peut paraître lassant pour certains. Cependant, cela offre un avantage indéniable : l’absence de métro et de temps perdu dans les transports en commun. Aix-en- Provence se visite et se vit à pieds, sans la pollution sonore des voitures.
On y prend son café en terrasse en regardant le marché se mettre en place. On se balade sur le cours Mirabeau et on devine les vieilles publicités peintes sur les murs. On arpente les vieilles rues en se laissant surprendre par des reliques et/ou des statues. On boit un verre sur la place des Cardeurs en profitant des derniers rayons du soleil. Ce dernier, qui en se couchant, laisse apercevoir la silhouette des vieilles cheminées sur les toits. On arrive chez soi, après avoir monté les escaliers d’une cage d’escalier traditionnellement étroite et tordue, le coeur plein d’un sentiment que seule l’atmosphère de la Provence nous fait ressentir. C’est un emprunt à la dolce vita.
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