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Vasectomie : comment savoir si c’est le bon moment ?

To chop or not to chop?

Par
Gabrielle Tremblay-Baillargeon
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Selon les chiffres de l’Assurance maladie, le nombre de vasectomies remboursées en France est passé de 1 908 en 2010 à 23 306 en 2021. L’opération séduit de plus en plus, pourtant, de nombreux hommes hésitent encore à faire le saut. Trois mecs qui sont passé à l’acte récemment nous racontent comment ils l’ont vécu.

Mathieu, 38 ans : « Ç’aurait été pas cool de ma part de ne pas faire l’opération »

« J’ai un fils de 4 ans. Je me demandais si je voulais deux enfants, mais ma compagne et moi, on avait trouvé un équilibre à trois qui était intéressant. On est arrivés un peu plus tard à l’idée de la vasectomie, parce qu’un moment donné, on était assez lassés de la contraception. Ma meuf, la pilule, c’est difficile pour elle, et moi, les préservatifs, j’en avais marre. Quand mon fils a eu 3 ans, on s’est dit que c’était la meilleure solution.

Pour moi, la décision a été facile.

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J’ai appelé une clinique et un mois plus tard, j’avais mon rendez-vous.

Quand tu arrives là-bas, c’est juste des gars dans la salle d’attente. L’opération dure cinq, dix minutes. Tu baisses ton pantalon, le médecin te couche sur une table, il fait deux piqûres au niveau du scrotum, puis une petite incision. Il sort le canal, il le coupe, met des pinces en titanium, un plâtre et tu repars chez toi.

Avant l’opération, j’étais vraiment sûr de moi, mais c’est après que je me suis dit : “OK, maintenant que c’est fait, est-ce que je suis certain de mon affaire ?” Je me suis demandé si j’avais réfléchi comme il faut, mais j’en suis venu à la conclusion que oui. C’est cette finalité-là qui fait peur aux gens. On vit tellement dans une société où on aime se garder une porte ouverte que peut-être que ça freine certaines personnes, mais si c’est le cas, ça veut dire que tu n’es pas prêt.

On est habitués de dire aux filles de prendre la pilule, mais les gars, on pourrait peut-être se regarder un peu puis dire : “Est-ce que moi, je pourrais faire ma part ?” La vasectomie, dans notre cas, c’était la meilleure solution. Ç’aurait été pas cool de ma part de ne pas faire l’opération juste parce que je ne veux pas mettre une poche de glace pendant une semaine. »

Alexandre, 30 ans : « une semaine de désagréments pour un avenir sans inquiétude »

« Ma meuf et moi, on s’est dit qu’on allait poursuivre la contraception jusqu’à qu’on atteigne la trentaine, et que si, rendu-là, on décidait qu’on ne voulait pas d’enfants, on ferait le move.

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C’est sûr que ça cause une certaine nervosité, parce que c’est un changement permanent. J’ai reporté ça un peu, puis un moment donné, j’ai décidé que c’était la bonne chose à faire si on ne voulait pas que ce soit quelque chose à laquelle penser pour le reste de notre relation.

Quelques collègues m’ont recommandé une clinique. C’est allé assez vite, j’aurais même pu avoir l’opération le lendemain de mon examen préliminaire si j’avais voulu ! Du docteur qui rentre dans la salle à sa sortie, ça a pris 15 minutes en tout. Après, tu restes assis 30 minutes pour être sûr que tu n’as pas d’effets secondaires, puis tu t’en vas chez toi.

Côté rémission, les premières journées ont été difficiles. C’est sensible, tu ne peux pas faire de mouvement brusque, mais après, si tu suis les instructions que le docteur te donne, ça se passe bien.

Ça fait toujours un peu peur, même si c’est pour le meilleur, de perdre une partie de soi-même.

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C’est peut-être ridicule, mais je pense que beaucoup de gens ont un certain attachement à leur intégrité sexuelle. Beaucoup de gens ont peur que ça atteigne leur masculinité.

Moi, au contraire, ça me permet de ne pas avoir à m’inquiéter pour ma sexualité. Je ne veux pas avoir à penser à créer un enfant pendant que j’ai des relations sexuelles. Maintenant, je vais pouvoir me mettre dedans à 100 % sans avoir peur.

Ça prend 15 minutes et une semaine de désagréments pour un avenir sans inquiétude. Pour moi, ça vaut la peine. »

Jean-Philippe, 34 ans : « Pour beaucoup de mecs, la contraception, c’est pas leur job »

« Je pense que c’était à mon tour de prendre le relais côté contraception. On savait qu’on voulait juste un enfant, mais j’ai quand même attendu pour être certain. Est-ce vraiment ce que je veux ? Est-ce que je vais regretter ?

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Quand j’ai fait l’opération, j’étais prêt. J’ai googlé les cliniques dans mon coin. La proximité a joué pour beaucoup dans le choix. C’était près de chez moi, je leur faisais confiance.

J’ai écrit un mail, mon rendez-vous était un mois plus tard. J’avais un formulaire à remplir d’avance et des vidéos préparatoires à regarder : comment se préparer à l’opération, comment ça se passe, la rémission. Je me suis présenté là, ma meuf m’attendait dehors. Trente minutes après, j’étais parti.

J’ai eu mon enfant jeune, donc j’étais le premier de mon groupe d’amis à passer par là. Depuis, je leur communique des adresses et je leur donne des conseils ! J’en parle ouvertement, je ne suis pas gêné de ça.

Mon sentiment de masculinité ne repose pas sur la fertilité de mes organes génitaux.

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Je ne me suis pas du tout senti émasculé parce que je ne peux plus procréer.

Pour beaucoup de mecs, la contraception, c’est pas leur job. Il n’y a pas d’impact pour eux au quotidien si leur meuf a un stérilet ou si elle prend la pilule. Sérieusement, la vasectomie, c’est rien à craindre quand on compare ça à tous les effets secondaires de la contraception pour les filles. Pour moi, ça n’a pas été grand-chose. J’aimerais bien avoir une grosse histoire à raconter, mais j’en ai pas.

Beaucoup de gens pensent qu’une vasectomie, ça va être gros dans leur vie, mais c’est plus long d’aller se faire arracher une dent de sagesse. C’est juste une petite opération où quelqu’un doit venir te chercher parce que tu ne peux pas conduire après. C’est tout. »