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Travailler les pieds dans le sable ? Le Costa Rica accueille les « nomades numériques » à bras ouverts
Est-ce que la pandémie vous a fait tout remettre en question ? Avez-vous eu l’épiphanie qui vous indiquait que vous seriez bien plus productif ailleurs ? Si vous aimez la plage et la mer, le Costa Rica a peut-être une offre alléchante pour vous.
Le président de la république centraméricaine, Carlos Alvarado, a récemment signé un projet de loi qui permettrait aux travailleurs étrangers qui le désirent de rester dans le pays pendant deux ans, à travers un programme de visa pour « nomades numériques », ou digital nomads. Le Costa Rica rejoindrait ainsi une poignée d’autres pays offrant ce type de visa aux migrants étrangers.
Tirer avantage de la pandémie
« Le Costa Rica est un pionnier mondial dans ce domaine. Même durant la pandémie, on le voit; il y a beaucoup de gens qui sont venus en touristes et qui, après la période de trois mois, ont pétitionné auprès du Gouvernement de la République pour faire prolonger leur séjour, car ils ont préféré leur expérience pandémique ici à celle de leur pays d’origine », rapporte le président Alvarado.
Si votre salaire mensuel est en deçà de 3000$ US, vous pouvez oublier votre rêve.
Avec ce projet, le pays qui accueille déjà bon nombre d’expatriés en télétravail, espère pouvoir diversifier et faire fructifier son économie. Le nouveau visa permettrait aux étrangers de télétravailler en direct du Costa Rica pour des entreprises ou des clients outre-mer, pendant un an, avec la possibilité de le renouveler pour une année additionnelle. Ils seront également exemptés de devoir payer les impôts locaux sur le salaire, et pourront ouvrir un compte en banque et conduire avec le permis de leur pays d’origine.
Renflouer les caisses de l’état
Les télétravailleurs qui visitent en ce moment le pays ne peuvent que rester 90 jours, avec un visa de touriste. Toutefois, comme le rappelle le président Alvarado, un nombre important d’étrangers viennent goûter à la légendaire pura vida du Costa Rica, travaillant sur leur ordi en direct de la beach, entre deux sessions de surf. Pouvoir les garder sur le sol pendant toute une année aurait d’importantes retombées économiques pour le pays, qui connait depuis plusieurs années une croissance économique et une stabilité politique qui en fait un des pays les plus attirants de l’Amérique latine.
« Les touristes qui restent pour de plus longues périodes redistribuent leur argent dans les industries générées par le tourisme »
La pandémie aura aussi eu pour effet de rendre le télétravail possible à la majorité des employés de bureau dans le monde. Maintenant libérés des chaînes du 9 à 5 et de la routine métro/boulot/dodo, plusieurs travailleurs décident de plier bagage et de voyager, leur emploi leur permettant d’effectuer leurs tâches de n’importe où dans le monde, avec seulement un ordi et un téléphone.
Il y a bien entendu des conditions qui viennent avec l’obtention de ce visa. S’ils sont exemptés de payer des impôts locaux ainsi que les taxes sur des produits de première nécessité pour le télétravail (équipement technique, accès à internet, etc.), les télétravailleurs devront tout de même démontrer qu’ils ont de l’argent à dépenser localement.
Les conditions
Si votre salaire mensuel est en deçà de 3000$ US, vous pouvez oublier votre rêve. Si vous êtes un couple, il vous faudra prouver que vos revenus mensuels combinés totalisent au moins 4000$ US, et comptez mille dollars additionnels si vous avez des enfants à charge. De plus, vous devrez avoir des assurances médicales, en plus de payer les frais de traitement pour le visa, dont le prix n’a pas encore été déterminé.
Toutefois, certains Costaricains s’inquiètent d’un tel afflux de (relativement) riches travailleurs étrangers, venus profiter des ressources naturelles, du climat et de leur pouvoir d’achat dans ce pays où 20% de la population vit sous le seuil de la pauvreté, gagnant moins de 155$ par mois. On peut parler d’écotourisme et de nomades numériques, mais d’autres y voient carrément une nouvelle forme de colonialisme.
« Les touristes qui restent pour de plus longues périodes redistribuent leur argent dans les industries générées par le tourisme », argue de son côté le ministre du Tourisme, Gustavo Segura. « Ils font plus d’achats locaux, louent des voitures pour plusieurs semaines ou mois, et ont recourt à des services comme les salons de beauté, les supermarchés (…) et d’autres commerces de la communauté, d’où l’importance de devenir une option pour les télétravailleurs. »
Le projet de loi a été signé par le président Alvarado, mais il faudra encore quelques semaines de négociations et de préparation des détails pour les différents paliers gouvernementaux avant qu’elle puisse entrer en vigueur.