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Toutes les chansons de Nirvana, classées de la pire à la meilleure

Il y a 30 ans, Kurt Cobain enregistrait ses dernières chansons en studio.

Par
Benoît Lelièvre
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Ce mois-ci, l’album de Nirvana In Utero a célébré son trentième anniversaire. Au-delà d’un enregistrement iconique, il s’agit de la dernière fois où le groupe s’est rassemblé en studio pour écrire et enregistrer de la nouvelle musique. MTV Unplugged in New York ne compte pas. C’était un spectacle et soit les chansons existaient déjà sur des enregistrements antérieurs, soit elles étaient des reprises.

Bref, In Utero marquait la fin officieuse du dernier grand groupe rock. La vraie de vraie fin viendrait le 5 avril 1994, alors que leur chanteur Kurt Cobain s’enlevait la vieou se serait fait assassiner par sa femme Courtney Love, comme le prétend la théorie du complot populaire.

Afin de marquer ce triste anniversaire, je vous ai préparé l’un de mes grands classements beaucoup trop réfléchis et détaillés de toutes les chansons originales du groupe. Par chansons originales, j’entends celles qui se retrouvent sur l’un de leurs quatre albums : Bleach, Nevermind, In Utero et MTV Unplugged in New York. J’ai aussi inclus les tracks cachées parues lors de réimpressions parce qu’elles font partie du folklore du groupe. J’ai laissé de côté les musiques de fond de tiroir sorties lors d’éditions anniversaires.

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Sans plus tarder, je vous offre mon classement hautement non scientifique en espérant que ça vous replonge dans cette époque bénie… ou que ça vous la fasse découvrir. Parce qu’un groupe rock de l’importance culturelle de Nirvana, on ne reverra pas ça de si tôt.

60) Paper Cuts

Un morceau lourd et dissonant qui manque de finition. Kurt Cobain a fondé Nirvana pour faire grincer sa guitare et chanter très fort, mais contrairement au reste du catalogue du groupe, je ne serais pas capable de vous donner une raison de réécouter Paper Cuts.

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59) Scoff

La performance énergique du batteur de l’époque, Chad Channing, ne peut malheureusement pas sauver Scoff de son inévitable destin : être une chanson peu originale et oubliable. Le flair pour les mélodies accrocheuses de Kurt Cobain est ici complètement absent. Cette chanson aurait pu être composée par n’importe quel groupe jouant sur les ondes des radios collégiales en 1993.

58) Beeswax

Nirvana compte techniquement 103 chansons à son catalogue. S’il n’y en a que 60 sur ce palmarès, c’est parce qu’ils ont mis en marché beaucoup de bizarreries qui auraient dû rester au studio. Ils en ont d’ailleurs fait un album complet en 1992, Incesticide. Beeswax aurait peut-être dû rester dans les tiroirs du groupe.

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57) Swap Meet

Un p’tit côté abrasif assumé et pas inintéressant du tout. Nirvana ont toujours eu un penchant noise rock qui les séparaient des autres groupes de Seattle. Swap Meet manque quand même de structure et d’une « carte de visite », si on veut. Elle ressemble beaucoup trop à ses prédécesseurs sur cette liste.

56) Son of a Gun

L’une des deux reprises du groupe punk The Vaselines que le groupe a enregistré lors de son passage aux mythiques Peel Sessions, en 1990. C’est un peu fuck all. Kurt a l’air complètement désintéressé. On n’y retrouve pas du tout l’ambiguïté qui rend ses performances si uniques et puissantes.

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55) Floyd The Barber

Une drôle de chanson à propos d’une agression sexuelle chez le barbier. La légende veut que Kurt Cobain ait été inspiré par un épisode du Andy Griffith Show, une comédie américaine des années 60. Brutale à souhait, mais la composition et la performance n’y sont tout simplement pas.

54) Marigold

Une rare ballade parue sur les éditions spéciales de In Utero, à l’époque. Cet OVNI du catalogue de Nirvana aurait beaucoup mieux vieilli si le groupe n’avait pas démontré son incroyable talent pour l’interprétation de ballades sur MTV Unplugged in New York. Il faut vraiment lire les paroles pour saisir l’intérêt de Marigold parce que l’instrumentation est beaucoup trop discrète, même si ce n’est pas inintéressant.

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53) Big Cheese

Bleach, c’était vraiment un coup de pratique pour Nirvana. À l’époque, le groupe n’avait pas encore complètement défini son identité et les limites de leur batteur Chad Channing les empêchaient d’explorer plusieurs des idées qui les rendront ultérieurement célèbres. Big Cheese, Floyd The Barber et Paper Cuts se ressemblent quand même beaucoup.

52) (New Wave) Polly

Même si je comprends que Polly était une musique révolutionnaire, j’ai quand même un immense malaise à écouter ses paroles d’une noirceur et d’une violence saisissantes. Surtout quand c’est joué sur un air de skate punk comme ici. L’ambiguïté performative de Kurt Cobain ne fonctionne tout simplement pas sur ce morceau.

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51) Very Ape

La moins bonne chanson sur In Utero. C’est pas une immense déclaration parce que toutes les chansons sur l’album sont bonnes jusqu’à une certain degré et ici, les riffs de guitare ont définitivement quelque chose d’accrocheur. Bon, y’a rien d’autre d’accrocheur à propos de ce titre, mais au moins elle dure moins de deux minutes.

50) Blew

Techniquement la toute première chanson de Nirvana. Elle débute par ailleurs avec quelques notes de la basse grasse et sale de Krist Novoselic. Gros refrain. On y sent clairement la sensibilité pop de Kurt Cobain, même si ça sonne un peu comme des ongles sur un tableau noir. C’était très Nirvana. La douleur et la beauté dans la même chanson.

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49) Sifting

Ça prend un p’tit bout de temps avant de devenir intéressant. C’est un peu mou et oubliable dans les couplets. Gros refrain émotif. Le concept de répétition obsessive si intégral à l’appréciation de Nirvana y est présent. Sifting, c’est le genre de musique qu’on chante très fort dans la voiture après une mauvaise journée.

48) Turnaround

Une autre reprise enregistrée lors du passage de Nirvana aux Peel Sessions, mais cette fois-ci du groupe new wave américain Devo. Beaucoup plus intéressant que Son of a Gun, le groupe s’est vraiment réapproprié la froideur du groupe pour créer une atmosphère beaucoup plus étrange et inquiétante. Grosse performance de Kurt.

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47) Molly’s Lips

L’autre reprise de The Vaselines. Quand je parle d’ambiguïté performative dans la musique de Nirvana, Molly’s Lips en est un excellent exemple. La lourdeur et le petit côté acerbe dans la voix de Kurt Cobain transforment une chanson d’amour simple et coquette en un examen de l’innocence des premières relations amoureuses. On vient regarder notre adolescent intérieur d’un nouvel œil.

46) Drain You

Unpopular opinion: aucune idée pourquoi les gens kiffent autant cette chanson. Elle est accrocheuse, mais extrêmement prévisible. Elle aurait pu être écrite par n’importe quel groupe de rock alternatif propret des années 90. Vous savez de quels groupes je parle : ceux avec leur chemise à carreaux rentrée dans leurs pantalons. De loin la pire chanson sur Nevermind. C’est celle aussi qui semble avoir inspiré tous les groupes nuls qui ont existé en 1995 et 1999.

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45) Gallons of Rubbing Alcohol Flow Through the Strip

La track cachée sur In Utero. Après le succès légendaire, voire folklorique, d’Endless, Nameless sur Nevermind, c’était certain que le groupe allait récidiver. Disloquée, mal enregistrée et selon moi interprétée sous l’effet de la drogue, elle est moins mémorable que sa prédécesseure. Saviez-vous même que In Utero avait une musique cachée ?

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44) Lounge Act

Un autre présage de l’ère post-grunge. Je la trouve plus intéressante que Drain You pour une raison très simple : l’interprétation de Kurt Cobain monte en intensité avec les couplets et il la finit en criant à pleins poumons. On dirait le thème d’une émission de télé des années 90 dans l’un de vos pires cauchemars.

43) Mr. Moustache

L’une des chansons les plus accrocheuses et énergiques sur Bleach. L’instrumentation aux accents surf rock et la prestation tourmentée de Kurt Cobain donnent un cachet percutant et unique à Mr. Moustache. On peut y apprécier le vieux Nirvana punk et révolté que tout le monde prétend mieux aimer que celui de l’époque Nevermind au sommet de son art.

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42) Dumb

Une drôle de musique. Même la version originale sur In Utero est extrêmement paisible pour du Nirvana. On a aussi droit à l’intégration d’une mélodie de violoncelle à l’instrumentation. C’est pas mauvais du tout. Une des rares chanson où Kurt Cobain affirme être heureux… mais également qu’il se sent coupable d’être heureux.

41) Big Long Now

Une musique lente et désarticulée. Vaguement menaçante aussi. Grosse performance émotive de Kurt. Elle ne ressemble à aucune autre chanson de leur catalogue, ce qui joue énormément en sa faveur. Les paroles étranges et cryptiques sont une autre de ses cartes de visite. C’est tellement abstrait que tout le monde peut se sentir touché.

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40) Frances Farmer Will Have Her Revenge On Seattle

Une chanson corrosive et difficile, mais avec un historique des plus intéressants. Frances Farmer est une actrice américaine des années 30 et 40 avec une mauvaise réputation à Hollywood, qui s’est vue internée à de multiples reprises en psychiatrie contre son gré. Cobain s’y identifiait énormément, au point de nommer sa propre fille Frances. Un des fuck you musicaux les plus mémorables du XXe siècle.

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39) Stain

Malgré la production on ne peut plus louche, cette chanson ne passe pas inaperçue. Les deux premières lignes du premier couplet parlent énormément à l’adolescent que j’ai été : Well he never bleeds and he never fucks. And he never leaves cuz he’s got bad luck. Confrontant, mais vraiment pas faux !

38) Stay Away

Acérée, mais extrêmement accrocheuse. Un autre bel exemple d’une chanson de Nirvana aux paroles extrêmement simples, mais qui prennent leur sens avec la répétition. On y sent une énergie similaire à celle de Breed, sans peut-être la douce ironie qui rend cette dernière si savoureuse. Une finale musclée et émotive qui donne tout son poids à la chanson.

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37) Mexican Seafood

Ma chanson fuck all préférée de Nirvana. Elle se démarque par ses paroles qui semblent soit improvisées, soit composées à la hâte, et ses riffs de guitare déconstruits. Les gars ont dû passer maximum une grosse heure là-dessus. Je sais pas pourquoi ils ont décidé de l’endisquer. Ça devait être tout un désastre, ces crevettes mexicaines.

Selon quelques cancans de l’époque, ce serait la première chose que le groupe ait enregistrée professionnellement, quelque part en 1988. J’ai pas de difficulté à croire ça.

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36) Oh Me

La moins bonne des trois reprises des Meat Puppets sur MTV Unplugged in New York et quand je dis « moins bonne », on s’entend que Lake of Fire et Plateau sont exceptionnelles. Les accents country et l’instrumentation un peu moins imaginative font peut-être de Oh Me la chanson la moins mémorable sur cet album classique, mais elle mérite quand même votre attention.

À partir d’ici, toutes les chansons sont au minimum « très bonnes ».

35) Downer

Une chanson tellement bizarre et unique. Kurt Cobain chante les couplets accompagné seulement du puissant son de basse de Krist Novoselic. En l’écoutant, j’ai l’impression d’être dans la tête d’une personne qui souffre de paranoïa. C’est rapide, saccadé, imprévisible. Peut-être pas un classique, mais une musique dont on se souvient.

34) Hairspray Queen

On dirait une musique possédée par le démon. Les riffs de guitare surf déconstruits et la performance éreintante de Kurt Cobain laissent croire qu’il s’agit en effet d’une parodie. Encore une fois, je soupçonne du shitposting, mais c’est du bon shitposting. Kurt Cobain était un réel innovateur. La basse vole le spectacle ici aussi.

33) Aero Zeppelin

Je sais ce que vous pensez : est-ce que ça sonne comme du Aerosmith ou du Led Zeppelin ? Ni l’un ni l’autre, mais c’est clairement une chanson qui se fout de la gueule des groupes de rock d’aréna avec leurs formules faciles et leurs égos démesurés. L’enthousiaste de noise rock en moi adore cette chanson.

32) Negative Creep

Un des nombreux hymnes féministes de Kurt Cobain. Le gars aurait clairement voté pour Alice Coffin. Un texte musclé et provocateur interprété du point de vue d’un abuseur. Le ton criard et moqueur de Cobain ne laisse aucun doute. Une chanson difficile, mais à l’énergie contagieuse.

31) On a Plain

Peut-être la chanson la plus positive du répertoire de Nirvana ? Il y affirme s’aimer lui-même, d’ailleurs. Il y affirme aussi être drogué jusqu’aux yeux, mais il y a un je-ne-sais-quoi de paisible à propos de On a Plain qui fait d’elle une excellente musique à écouter dans sa voiture.

30) Jesus Doesn’t Want Me For a Sunbeam

Aussi connue sous le nom de « la musique de Nirvana avec de l’accordéon ». Il s’agit d’une autre reprise de The Vaselines (Kurt Cobain aimait ce groupe plus que le reste du commun des mortels), mais de loin la meilleure du lot. Les paroles ont un petit côté lugubre qui contraste délicieusement avec le côté paisible de l’instrumentation.

29) Tourette’s

Peut-être pas la chanson la plus originale de Nirvana. Elle aurait très bien pu se retrouver sur Bleach, mais ça aurait clairement été la meilleure chanson de l’album. La colère et la puissance y sont dirigées beaucoup plus efficacement et la performance de Cobain est déstabilisante. Pas un classique, mais l’une des meilleures chansons à citer en exemple pour ceux qui affirment en soirée que Nirvana était un groupe punk.

28) Polly

J’aime pas cette chanson, OK ? Je sais qu’elle est importante, voire révolutionnaire pour l’époque, mais j’ai la chair de poule et un vague sentiment de culpabilité à écouter un criminel sexuel lister les besoins de sa victime. C’est une musique efficace, mais je ne sais pas qui pourrait ressentir le besoin de l’écouter plus qu’une fois par année.

27) Been a Son

Un autre hymne féministe de Kurt Cobain où il incarne les critiques injustes d’un parent envers sa fille. Encore une fois, c’est d’une violence et d’une tristesse des plus confrontantes, mais je suis content que cette chanson existe. D’autres chansons difficiles ont d’ailleurs ensuite pu voir le jour parce que Kurt Cobain a été assez courageux pour aborder ces sujets.

26) Territorial Pissings

Une véritable crise de nerfs audio. L’une des chansons les plus agressives et percutantes enregistrées par le groupe. Le refrain simple, mais efficace et obsédant fait de Territorial Pissings un morceau inoubliable : Gotta find a way, find a way, where I’m there. Gotta find a way, a better way, I’d better wait. C’est très abstrait, mais si vous avez jamais ressenti exactement ce que ça voulait dire, vous n’avez probablement jamais face à l’adversité au cours de votre vie.

25) Serve the Servants

L’ouverture chaotique et dissonante de In Utero se démarque par ses paroles lourdes de sens qui caractérisent bien la lassitude et le mépris incarnés par la musique de Nirvana. Musicalement, c’est un peu plus oubliable. La chanson célèbre autant les talents d’interprète que de raconteur de Kurt Cobain.

24) Love Buzz

Une reprise qui saisit parfaitement l’essence de la musique de Nirvana. La performance de Kurt Cobain est teintée d’ironie et de dégoût qui transforment une autre chanson d’amour en une chanson de séparation à la fois venimeuse et mélancolique. À écouter en boucle si vous venez de vous faire sacrer là mais que vous ne l’acceptez pas.

23) Milk It

ÉNORME chanson émotive. On se rappelle que Kurt Cobain voulait initialement intituler l’album In Utero : I Hate Myself and I Want to Die. Cette chanson exprime à la perfection l’énergie négative qui teintait l’enregistrement de l’album. L’instrumentation noise rock écorche les oreilles de manière à transposer adéquatement la douleur à vos oreilles. Peut-être pas une chanson à écouter si vous ne vous sentez pas bien.

22) Lake of Fire

Une autre reprise des Meat Puppets. Celle-ci est beaucoup plus iconique et appréciée maintenant, près de 30 ans après la sortie de MTV Unplugged in New York. Les paroles sont un peu étranges et abstraites, mais l’instrumentation transporte la chanson dans un paradigme créatif unique. J’aime les Meat Puppets, mais cette interprétation est de loin supérieure à l’originale.

21) Pennyroyal Tea

Il y a un je-ne-sais-quoi de mélancolique dans cette chanson qui la rend incroyablement accrocheuse. J’ignore de quoi il s’agit exactement parce qu’on y parle majoritairement de boire du thé en étant triste et fatigué. Une bonne mélodie, ça peut faire des miracles.

20) Endless, Nameless

Pendant des années, j’ai cru que cette chanson s’appelait Noise. Pas vous ? Cette musique cachée, planquée une dizaine de minutes après la fin de Nevermind, était une sorte de légende urbaine dans les années 90. Tout le monde savait qu’elle existait, mais personne ne l’avait jamais écoutée. Enregistrée par leur producteur Butch Vig à l’insu des membres du groupe alors qu’ils faisaient n’importe quoi en studio, on y sent merveilleusement bien leur fatigue et leur frustration. C’est pas mal le top de leur bizarreries.

Ça s’écoute très bien en détruisant quelque chose qu’on n’est pas supposé détruire.

19) Scentless Apprentice

Une tonne de briques en pleine tronche. Inspirée par le roman de Patrick Süskind Le Parfum que tout le monde lit au collège, Scentless Apprentice est une chanson sombre, mais accrocheuse. Une sorte de version suprême des idées qu’on retrouvait quelques années plus tôt sur Bleach. La série Lost en aura fait la chanson de l’alcool au volant par excellence.

18) Radio Friendly Unit Shifter

Une chanson qui n’a jamais été appréciée à sa juste valeur. Émotive, inspirée et tourmentée, je vous défie de rester de glace lorsque Kurt Cobain se met à répéter « what is wrooong with me? » avec le ton las et moribond que lui seul était capable d’aller chercher. Une de leurs meilleures chansons noise rock.

17) Rape Me

Kurt Cobain a défendu cette chanson bec et ongles de son vivant en prétextant que c’était une chanson anti-viol, et non pro-viol. Je n’ai jamais compris où la ligne se trouvait exactement en lisant ses paroles, mais l’existence même de Rape Me a complètement chamboulé le discours culturel autour du viol. De toutes les chansons féministes malaisantes composées par Kurt Cobain, c’est de loin la plus importante.

16) Sliver

L’essence de Nirvana transparaît très bien à travers cette chanson qui moque la pureté et l’innocence des problèmes d’un enfant plongé dans une situation problématique dépassant sa compréhension. Musicalement c’est pas très emballant, mais toute la nuance et la complexité de la plume de Kurt Cobain s’y retrouvent.

15) Plateau

Avant de faire ma recherche pour ce classement, je ne me rappelais plus d’à quel point cette chanson claque. PU-TAIN que c’est bon. Il s’agit de la troisième et dernière reprise des Meat Puppets sur MTV Unplugged in New York. Elle se démarque par ses paroles poétiques, son atmosphère lourde et une performance transcendante de Kurt Cobain. Le gars était vraiment en forme, ce soir-là. Comme Zinedine Zidane en finale de coupe du monde.

14) In Bloom

In Bloom serait (et de loin) la meilleure chanson de 99 % des groupes de musique des années 90. Elle est pesante, poétique et hautement accrocheuse, mais étant donné que Nirvana n’est pas un groupe comme les autres, elle ne perce même pas mon top 10. Leur catalogue est incroyable comme ça.

13) About A Girl

Une demande spéciale de la meuf de Kurt Cobain à l’époque, Tracy Marander. La légende veut que l’idée de la mélodie soit venue à Cobain après avoir passé l’après-midi à écouter des vieux albums des Beatles en boucle. Je me demande comment ce genre de lettre d’amour un brin passive-aggressive et écrite par un gars qui ne veut pas vraiment s’engager a été reçue à l’époque. Cobain et Marander n’ont pas fait long feu, à l’époque.

12) School

Kurt Cobain était un maître de la répétition obsessive. Cette chanson n’a que deux lignes de textes constamment répétées, mais les changements de tonalité et d’émotion dans la voix de ce dernier en modifient la signification à chaque fois. De plus, on a tous des souvenirs dégueulasses liés à l’école. On n’a pas besoin de se faire raconter une histoire pour s’identifier à la rage de Cobain. Le trauma scolaire, ça transcende le langage.

11) All Apologies

Une des plus belles mélodies atmosphériques composées par le groupe. Les paroles ne sont pas piquées des vers non plus. Il s’agit de la lettre d’excuse de Kurt Cobain envers sa femme et sa fille pour son comportement erratique pendant les dernières années de sa vie. Cette chanson a un petit quelque chose de hanté qui en fait tout son charme.

10) Breed

Une de mes compositions préférées du groupe à propos d’un couple marié trop jeune. Au départ, j’avais l’impression qu’il s’agissait d’une chanson sur l’anxiété sociale à cause de la ligne : I don’t mean to stare, we don’t have to breed, que je trouve délicieusement ironique. Entre le texte et la musique, on ne sait pas ce qui est venu en premier, mais les deux s’harmonisent tellement bien; j’ai rarement entendu mieux.

9) The Man Who Sold The World

Une bonne reprise qui donne une deuxième vie à une chanson que tout le monde avait oublié. Qui ici SAVAIT que The Man Who Sold The World était une chanson de David Bowie AVANT d’entendre la version de Nirvana ? J’irais même jusqu’à dire que les angoisses de Kurt Cobain à propos de sa propre intégrité musicale sont très perceptibles dans sa performance et rendent la chanson encore meilleure que l’originale.

8) Something in the Way

Kurt Cobain a affirmé au biographe Michael Azerrad qu’il s’était mis dans la peau d’une personne SDF mourant du sida pendant l’écriture de Something in the Way et… euh, ça se ressent ? Beaucoup ? Une chanson lourde, de laquelle il émane une langueur morbide propre à ceux et celles qui se trouvent physiquement ou spirituellement au bord du gouffre. Une des ballades les plus hard que j’ai eu le privilège d’écouter.

7) Lithium

Quand on dit que Kurt Cobain avait l’oreille pour la pop, Lithium en est l’un des exemples les plus frappants. Portée par des paroles hyper songées sur un gars qui a trouvé un peu de paix à l’idée d’arrêter de chercher le bonheur, elle explose littéralement dans une série de refrains à la fois simples et mystérieux. Kurt se sent-il libéré ? Se moque-t-il de la pop légère et insouciante ? C’est dur à dire, mais YEAAAAEEEYEAAAAAAAAAAAH.

Ça fait du bien là où ça passe en la chantant.

6) Where Did You Sleep Last Night?

S’il y avait un temple de la renommée pour les plus grandes interprétations, celle-ci y aurait sa place. Where Did You Sleep Last Night? est une vieille chanson folk américaine à propos d’un mari jaloux qui commet l’irréparable, mais elle prend un deuxième sens à travers la voix brisée et endolorie de Cobain à travers laquelle on perçoit de l’inquiétude et peut-être même un brin de tendresse. Comme s’il la chantait pour se réconforter.

Je ne m’en lasse simplement pas.

5) Dive

Avis controversé s’il en est un : on peut trouver deux méga hits sur Incesticide. Dive est l’une des chansons les plus accrocheuses et incendiaires du catalogue de Nirvana. À la fois assez simple pour être chantée en chœur et assez complexe pour évoquer des sentiments difficiles, Dive est une chanson idéale à écouter en préparant le dîner après une dispute ou juste parce que ça vous tente. C’est bon à ce point-là.

4) Aneurysm

Je ne sais pas si on peut détacher Aneurysm des performances épiques qu’en faisait Kurt Cobain en spectacle, mais j’ai l’image en tête à chaque fois que je l’écoute et je l’écoute beaucoup depuis 30 ans. C’est l’une des chansons les plus progressives du groupe. Elle compte plusieurs segments et moments forts, malgré sa structure complètement éclatée.

Les paroles sont simples, mais si vous ne comprenez pas l’attrait d’une ligne si simple et efficace comme : beat me out of me, il y a des chances que Nirvana ne soit pas pour vous.

3) Come As You Are

Elle aurait peut-être été placée un rang plus haut si elle n’avait pas été vertement plagiée sur une chanson de Killing Joke. Ceci dit, les génies ont l’habitude de voler et l’idée de ralentir la cadence de la chanson a révélé tout le potentiel lugubre de ce riff de guitare inquiétant. Come As You Are est facilement l’une des meilleures chansons du répertoire de Nirvana. C’est peut-être juste pas la plus originale.

2) Heart-Shaped Box

Par où commencer ? Par ce riff de guitare sinistre qui évoque en quelques notes la dynamique d’une relation abusive ? Par la tristesse et la déception de Kurt Cobain perceptibles à travers la poésie surréaliste des paroles ? À la fois colérique et mélancolique, Heart-Shaped Box est l’une des meilleures évocations de la fatigue et de la frustration qu’on ressent lorsqu’on met fin à une relation toxique. Une chanson superbe, unique et extrême à sa manière.

1) Smells Like Teen Spirit

Un choix un peu convenu, peut-être, mais cette chanson a carrément changé le monde. Du jour au lendemain, Smells Like Teen Spirit a créé une nouvelle époque dans la culture populaire, une mode dans les écoles et le dernier grand mouvement de la musique rock. C’est drôle, parce que c’est une chanson à propos de rien. Kurt Cobain a essayé délibérément de juxtaposer des idées contradictoires dans les paroles.

Je pensais aussi que ça avait causé la faillite des déodorants Teen Spirit, mais pas du tout. On peut encore en acheter sur Amazon. Il faut vraiment que ça sente bon pour avoir survécu à la meilleure musique de pouilleux de l’histoire de la musique contemporaine.