.jpg)
Tout savoir sur le renne, symbole de Noël à travers le monde
Pour certain.e.s, c’est un animal qu’on peut voir voler dans le ciel la veille de Noël, tirant un traîneau derrière lui. Pour d’autres, il fait partie des symboles emblématiques du Canada. Enfin, pour les scientifiques, c’est un mammifère dont certaines sous-espèces sont fortement menacées… Et qu’il faut donc absolument protéger.
À l’approche de Noël, on vous dresse le portrait du caribou, aussi communément appelé renne, cervidé sacré de la Belle Province et d’ailleurs.
De la menace à la disparition
Premièrement, il est important de comprendre qu’il n’y a bien qu’une seule espèce de caribou au monde. Ce qui le différencie, c’est sa sous-espèce d’abord et son écotype ensuite, selon l’environnement dans lequel il vit.
Du Grand Nord canadien à la Sibérie en passant par la Finlande, la Norvège et la Suède, il existait jadis 12 sous-espèces de caribou. Aujourd’hui, il n’en reste que 11, le caribou de Dawson ayant disparu au début du 20e siècle. Trois sous-espèces sont présentes au Canada : le caribou des bois (dans les forêts boréales de la plupart des provinces), le caribou de Peary (dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut) et le caribou de la toundra (dans le territoire du Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut, en Saskatchewan et au Manitoba).
Parmi eux, de nombreux écotypes existent, dont trois distincts au Québec : le migrateur du Nord, le forestier et, enfin, le montagnard de Gaspésie. Ce dernier est malheureusement considéré depuis l’année 2000 comme espèce en voie de disparition. Alors que ces caribous étaient environ 150 il y a dix ans, les plus récents inventaires du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs n’en comptent aujourd’hui plus que 50 dans le parc national de la Gaspésie, peut-on lire dans un article du Devoir.
Le caribou de forêt est quant à lui menacé. « Passer du statut d’espèce menacée à celui d’espèce en voie de disparition, ça peut aller très vite », commente Martin-Hugues St-Laurent, professeur en gestion de la faune terrestre.
Pour le spécialiste, c’est la coupe forestière – qui a lieu tant dans les montagnes de la Gaspésie que dans nos forêts boréales – qui menace ces cervidés. « Tout d’abord, cette pratique de sylviculture permet de rajeunir les forêts, ce qui peut attirer les principaux prédateurs du caribou : l’ours et le loups gris, explique Martin-Hugues St-Laurent. Par ailleurs, l’augmentation de densité des chemins forestiers qui découle forcément de l’aménagement forestier permet d’accroître l’efficacité des prédateurs à patrouiller un territoire aménagé en quête de leur proie. » Il devient dès lors de plus en plus facile pour les loups et les ours de chasser le caribou.
Enfin, couplée à tous ces facteurs, la faible reproduction des caribous vient accentuer son déclin. Les femelles ne se reproduisent qu’à partir de deux ans et demi et, contrairement à d’autres cervidés comme le cerf de Virginie ou l’orignal, elles ne donnent naissance qu’à un seul faon à la fois.
C’est pour toutes ces raisons que la population des caribous se trouve menacée sur le territoire québécois. Véritable symbole du Canada, ce cervidé se retrouve dès lors souvent au cœur des débats à propos de la conservation de la faune. On pense notamment à la récente décision du gouvernement Legault de capturer temporairement les derniers caribous de Gaspésie afin de les préserver des prédateurs. À l’instar de la harde capturée dans la région de Val-d’Or l’année passée, cette décision fait couler beaucoup d’encre parmi les protecteurs et protectrices de la faune.
Entre le renne et le caribou, il n’y a qu’un océan!
Si la situation est préoccupante sur notre territoire, elle ne l’est pas moins ailleurs. Appelé « renne » sur le vieux continent, ce cervidé présent aussi dans le nord de l’Europe vit la plupart du temps en troupeaux. En Laponie, région des pays scandinaves, et en Russie, ce sont les peuples autochtones, aussi appelés les Samis, qui les regroupent.
D’après le Fonds mondial pour la nature (WWF), la population mondiale de ces cervidés continue de diminuer drastiquement, jusqu’à plus de 90 % pour certaines hardes. « Les populations de caribous fluctuent considérablement sous des conditions naturelles, peut-on lire sur le site de l’organisme. Lorsqu’ils font face à des menaces extérieures, leur nombre peut diminuer jusqu’à des niveaux dangereusement bas, et le rétablissement naturel de la population à partir de ce creux devient trop difficile à atteindre. Les dérèglements climatiques modifient l’habitat du caribou arctique. Il y a davantage de mouches en été et une formation irrégulière des glaces en hiver, ce qui empêche les caribous d’atteindre leur nourriture. »
Au début du 21e siècle, un million de rennes sauvages foulaient par exemple la péninsule de la région du Taïmyr, en Sibérie. En 2020, on en comptait déjà plus que 400 000, peut-on lire dans un article du National Geographic. Un phénomène qui s’explique notamment par la chasse et le braconnage, encore très présents en Russie. Au Canada, par contre, la chasse au caribou est interdite depuis 2005. Abattre un caribou forestier expose donc tout chasseur à une amende allant jusqu’à 20 000 $ pour une première infraction, et jusqu’à 40 000 $ en cas de récidive.
Rodolphe et ses huit collègues
On l’aura compris, la situation des caribous ou des rennes fait partie de nombreux débats à travers le globe. Heureusement, il y a bien une histoire qui met tout le monde d’accord : sans lui, le père Noël ne pourrait pas disperser ses cadeaux dans le monde entier.
En plus de se trouver sur nos pièces de 25 cennes, le caribou est depuis des années le symbole le plus universel du père Noël. La légende raconte que neuf rennes tirent chaque année son célèbre traîneau pour l’emmener en haut des cheminées du monde entier. Et s’il perd son chemin dans le brouillard d’hiver, pas de panique : Rudolphe, le renne au nez rouge, sera toujours là pour le guider !
Et si on suit la légende à la lettre, cette dernière dit que le père Noël réside au Pôle Nord : c’est d’ailleurs là qu’il fabrique tous les jouets. Ainsi, ses compagnons de traîneau seraient vraisemblablement des caribous de Peary… au Canada ! Il s’agit en effet de la sous-espèce la plus au nord.
En poussant encore plus loin, on pourrait aussi déduire que les rennes de Noël, qui portent tous des noms de mâles, sont peut-être plutôt des femelles, puisque sur toutes les représentations, les caribous qui tirent le traîneau ont des bois. Or, contrairement à la plupart des cervidés, les deux sexes portent des bois chez le caribou : la femelle toute l’année, et le mâle uniquement de mars à novembre.
Mais au fond, pourquoi des rennes pour tirer le traîneau ? Cette légende date de 1823 et s’inspire d’un poème américain intitulé « Une visite de Saint-Nicolas » ou « La nuit avant Noël », composé par Clément C. Moore. L’histoire débute avec huit rennes qui tirent le traîneau du père Noël. Avec le temps, le récit évoluera, voyant par exemple arriver le fameux Rudolphe au nez rouge en 1949.
Alors, si après toutes ces jolies anecdotes, vous tombez sur quelqu’un de trop cartésien pour accepter que vous pouvez observer neuf caribous femelles de Peary voler le soir de Noël, surtout, ne l’écoutez pas. Parce qu’en plus d’être vraie, elle est quand même cool, cette histoire !