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Tout le monde veut prendre sa place : mais qui est la fine équipe qui veut déloger Éric Ciotti le forcené ?
C’est la débâcle tragicomique à droite de l’échiquier politique : Marion Maréchal Le Pen vient d’être exclue de Reconquête avec trois autres collaborateurs, parce qu’elle a appelé à soutenir l’alliance RN-Ciotti lors des élections anticipées. Eric Zemmour l’accuse même d’être favorable au “regroupement familial”, puisqu’elle tenterait désormais de se rapprocher du clan Le Pen, après l’avoir boudé pendant des années. De son côté, Eric Ciotti, ex-actuel président des Républicains s’est retranché dans son bureau, et vient de déposer un recours auprès du tribunal administratif pour faire invalider son exclusion.
Dans son bunker du 7ème arrondissement, le chat de Schrodinger du parti (dont on ne sait plus bien s’il occupe encore ou non son mandat de patron derrière sa porte fermée), se met en ordre de bataille et poste des vidéos expliquant qu’il y a du pain sur la planche, pour parvenir à l’union des droites.
Les ténors des LR ont eu beau défiler toute la journée de mercredi devant les caméras pour expliquer leur indignation devant ce putsch lunaire, l’ancien député des Alpes-Maritimes se dit prêt à tenir le siège autant qu’il le faudra. Mais alors qui se cache derrière la fine équipe qui cherche à le déloger ? On passe en revue les 4 petits soldats de la droite, prêts à en découdre avec le Niçois forcené.
XAVIER BERTRAND ALIAS “L’ANGUILLE”
Le loup solitaire des LR, qui a déjà quitté le parti avec pertes et fracas avant d’y revenir la queue entre les jambes, pourrait bien créer la surprise. Ne vous fiez pas à sa bonhomie et à son apparence inoffensive, l’ancien “ami d’Eric Ciotti” change son fusil d’épaule plus vite que son ombre. Au total, sur les 8 dernières années, il aura ainsi tenté deux fois de faire sécession avec sa famille politique, et promis-juré-craché de renoncer à ses ambitions présidentielles après sa défaite aux primaires de la droite, avant de revenir sur ses déclarations cette année et d’annoncer son intention d’être candidat pour l’Elysée. Avec un tel talent pour la trahison et le louvoiement, Xavier est peut-être le négociateur qui parviendra à faire sortir Ciotti de son terrier.
LAURENT WAUQUIEZ ALIAS “TERMINATOR”
Tel le cyborg créé par Skynet, Laurent Wauquiez est increvable, et il entend bien couper l’herbe sous le pied de tous ses adversaires – acteurs du théâtre public en tête – avant qu’ils n’aient le temps de se rebeller. Plus à droite que la droite d’Eric Ciotti, il partage un bon nombre des valeurs du RN, qu’il entend pourtant tenir à distance de sa carrière politique. N’ayant pas hésité à déclarer que “l’homosexualité était contraire à ses valeurs” et réclamé la suppression des menus de substitution sans porc dans les cantines scolaires, ce très proche des cathos-intégristes défend un programme de “rigueur” économique censé combattre “l’assistanat”, tout en organisant en soum-soum de prestigieux dîners, facturés 100 000 euros aux contribuables de sa région. Malgré ses nombreuses casseroles, sa réputation de bulldozer et son inflexibilité représentent le meilleur espoir des LR pour exfiltrer Ciotti le forcené. La preuve, Jean-François Copé a déjà dit de lui qu’il n’hésiterait pas à “tous les poignarder”.
VALÉRIE PÉCRESSE ALIAS “LA GACHETTE”
Passée maître en l’art de dézinguer tout ce qu’elle touche depuis qu’elle a pris la tête de la région Ile-de-France, elle a notamment dégommé : le pass contraception, qui permettait à des lycéen.es francilienn.es de bénéficier anonymement et gratuitement d’une contraception ainsi que d’un test de dépistage via leurs établissements scolaires, les aides au transport pour les étrangers en situation irrégulière qu’elle a tenté de faire supprimer (une décision annulée ensuite par le Conseil d’Etat), l’accessibilité du prix du pass Navigo à laquelle elle avait pourtant assuré qu’elle ne toucherait jamais, et surtout, la crédibilité de son propre parti avec un score historique en dessous des 5% lors des dernières élections présidentielles. Si elle retrousse ses manches de veste quand ça chauffe avec une détermination qui force le respect, son volontarisme pourrait ne pas suffire face à la pugnacité d’Eric Ciotti déterminé à ne rien céder.
FRANÇOIS XAVIER BELLAMY ALIAS “THE BACHELOR”
Nouvelle figure montante des LR et président par intérim depuis mercredi, le gendre idéal de la droite républicaine dispose de sérieux arguments pour attirer Ciotti dans ses filets. En effet, derrière sa belle gueule et son CV de prof de philo bien propret, FX copine lui aussi déjà avec l’extrême droite depuis des années. Préconisant dès 2022 un rapprochement avec le parti d’Eric Zemmour face au “défi de civilisation” qui s’annoncerait, il lui a même donné son parrainage lors des dernières élections présidentielles. Farouchement opposé au mariage pour tous et revendiquant une position conservatrice à propos de l’IVG (il a notamment participé à plusieurs “marches pour la vie”), l’ex petit protégé de Wauquiez n’hésiterait sans doute pas à trahir son ancien mentor pour se rapprocher de Bardella et de son nouvel allié sudiste. D’ailleurs, il n’a pas mis bien longtemps à déclarer qu’il fera barrage au Front populaire en votant pour l’extrême droite s’il le fallait.