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Tour de France des relais routiers : l’interview de Guillaume Blot
Photographe spécialisé dans la France natchure peintchure, Guillaume Blot a fait de nos traditions locales son projet de vie. Après deux séries documentaires sur les friteries des stades (BUVETTES) et les bistrots (RADES) du pays, il nous plonge aujourd’hui dans le quotidien des restos routiers. Au nombre de 4 500 en 1970 contre 700 aujourd’hui, ces icônes de nos routes nationales continuent pourtant d’attirer habitués et touristes, entre le rumsteck-frites du midi et la douche de 7 min montre en main.
Plutôt jambon-cornichon, mosaïque de surimi ou tomates-vinaigrette pour l’entrée ?
Guillaume Blot : C’est kif-kif, mais je dirais quand même avantage à la mosaïque de surimi. Avec un peu de macédoine en dessous comme au Torpédo, à Travecy.
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Entre nous, la tête de veau du vendredi : bonne ou mauvaise idée ?
C’est parfait, il reste tout un week-end pour la digérer ! Je recommande particulièrement celle de Sandrine au Petit-Périchois, à La Brosse-Montceaux, qui la sert avec une sauce gribiche maison incroyable !
Plutôt truck tuné ou camion classique ?
J’avoue avoir un petit faible pour les camions tunés. Je suis tombé sur ceux des transports Rouillon, tous peints avec un univers différent, de Matrix à Belmondo, fou !
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Quel plat t’a le plus fait te sentir comme à la maison ?
L’assiette de jambon fumé et ses petites patates, préparée par Julien à la Clef des Champs – à Petit-Caux et servie par Florence. Le chef a préparé une vinaigrette de dernière minute avec vinaigre de vin rouge et échalotes, c’était dantesque. Sur fond de radio RTL.
Parle-nous des gens que t’as rencontrés : est-ce qu’ils sont tous fans de Johnny comme la star en couverture de ton livre ?
J’ai rencontré des patronnes, patrons, et habitué.es avec une générosité, un dévouement, du courage, et il en faut pour tenir un relais de 4h30 du matin jusqu’à minuit, ou de rouler 9h par jour. Avec des cœurs grands comme ça. Il y a Johnny en couverture bien sûr, je pense aussi à Jean-Luc du Relais 6 à Cussy-les-Forges, autre fan absolu de Johnny Hallyday, son relais est presque entièrement décoré à l’effigie de son idole.
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Pourquoi on croise aussi peu de femmes dans le milieu routier ?
Elles ne seraient que 5% à assurer le transport routier de marchandises, d’après France Travail (2023). C’est un univers encore ultra genré, et il faudra du temps pour espérer tutoyer un jour l’équilibre.
T’as rencontré des tenanciers et employés de tous âges, même des jeunes, ils en pensent quoi de l’avenir des leurs restos ?
Ils tiennent la barre et leur bar comme ils et elles peuvent. C’est évidemment difficile, je pense à Mimi et son relais de Fargues-sur-Ourbise, 71 ans dont 48 de service, qui se sent usée par les longues journées, et qui pense passer le relais – sans mauvais jeu de mot – ou encore Sandrine, qui a grandi dans un routier avec ses parents, et qui maintenant à sa tête, ressent toute la fatigue des années passées à servir, cuisiner, sans jamais vraiment trop s’arrêter. Ce sont des héroïnes et des héros du quotidien, et il faut l’écrire !
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Raconte-nous ta plus belle expérience dans un routier
L’été 2024, je m’arrête manger une assiette chez Fabienne, à Rovon (en Isère). Arrivé au café, je vois le chef du resto qui m’interpelle : “je crois que t’as crevé sur le parking”. Je vais jeter un œil, et effectivement j’entends un bruit sourd et mon pneu arrière gauche qui s’affaisse. Pas de roue de secours, je me retrouve un peu à plat. Mais c’était sans compter sur une tablée de cinq collègues du coin – la bande à Morgan comme je les appelle – qui m’ont trouvé en deux temps trois mouvements un garage à côté où aller, et gérer la tuile. Y’a eu une entraide spontanée que j’ai trouvée aussi simple que géniale. Merci encore à eux !
Pourquoi ils ont tous cette même ambiance “dans leur jus” ces restos ?
Il y a une authenticité, une chaleur humaine, une ambiance “comme à la maison”, sans chichi, qui fait vraiment du bien, où l’on prend le temps de papoter avec sa voisine ou son voisin, en payant un prix juste. Rien n’est marketé, tout est vrai.
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Du coup, quel coin de France a les plus beaux restos routiers ?
Je risque de me mettre les autres régions à dos, mais j’ai eu de jolis coups de cœur en Bretagne en particulier : je pense au Kényah à Plougoumelen et sa carte de viande XXL, au Chaudron Glazik à Briec et sa cuvette des WC chauvine, ou encore à la P’tite Auberge de Saint-Évarzec et son patron Didier haut en couleur !
C’est quoi ton prochain projet ? Les buffets de salles des fêtes ? Les cafèt d’aires d’autoroute ?
Continuer ma série sur les salons de coiffure et les soirées Loto me plairait beaucoup ! C’est déjà prévu cet été avec la Blotmobile, mon van – compagnon de route.
Le travail de Guillaume Blot est à retrouver dans le livre Restos Routiers dispo depuis le 15 mai en librairie.