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Tom Cruise ou l’art de courir avec intensité au grand écran

C'est un train ? Un avion ? Forrest Gump ? Non, c'est le sexagénaire le plus en forme d'Hollywood !

Par
Benoît Lelièvre
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Aussi incroyable que ça puisse paraître, Tom Cruise a eu 60 ans dimanche dernier. Il semble que c’était hier à peine qu’il jouait les jeunes freluquets dans Cocktail et Days of Thunder et le voilà rendu à l’âge où c’est socialement acceptable de faire une p’tite sieste de deux heures chaque après-midi. J’avais trois ans et demi quand Top Gun est sorti et Cruise a l’air à peine plus vieux que moi aujourd’hui :

Le secret de la longévité de la carrière de Tom Cruise, c’est sa simplicité et son minimalisme. Après avoir passé le cap de la quarantaine et perdu toute crédibilité en tant qu’être humain lorsqu’il est très publiquement devenu scientologue, Cruise s’est recyclé dans un rôle de spécialiste de films d’action. Minority Report, The Last Samurai, Oblivion, Edge of Tomorrow et, bien sûr, la série Mission Impossible, devenue au fil des années une véritable carte de visite pour le sexagénaire le plus sexy d’Hollywood.

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Tom Cruise n’est pas un grand acteur dans le sens conventionnel du terme, mais c’est un acteur qui se connaît merveilleusement bien. Un professionnel qui exploite ses forces et minimise ses faiblesses.

Quelle est sa plus grande force au juste ? Courir ! Depuis ses débuts en 1981, Tom Cruise tire son épingle du jeu à l’aide de ses capacités de sprinteur au grand écran et depuis environ 20 ans, c’est pas mal l’essentiel de son jeu dramatique. Regardez par vous-même :

Pourquoi aimons-nous autant regarder Tom Cruise faire son cardio ? Qu’est-ce que ses petites jambes et son visage tendu ont de si magnétique ? Enquête sur un phénomène hollywoodien des plus uniques.

La poésie du coureur

Tom Cruise court depuis sa toute première performance dans Endless Love en 1981. Selon le blogue de course The Harrier, on le verrait courir dans 44 de ses 51 films. Ce ne sera pas avant Far and Away en 1992 et surtout The Firm en 1993 qu’il ne développera son style particulier, de profil avec la mâchoire tendue et le regard fixé sur l’objectif comme un prédateur du royaume animal. Ce style-là :

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L’émotion primaire que la course de Tom Cruise communique, c’est l’urgence. Une espèce d’entre-deux entre la panique et l’envie de ne pas être en retard. C’est un sentiment crucial au succès d’un bon film d’action. Ça peut avoir l’air évident comme ça, mais le ticking clock est une technique de base dans l’écriture de tout bon suspens. Donner une contrainte de temps déraisonnable à un personnage, c’est une méthode infaillible pour créer de la tension dans une histoire, et les courses inspirées de Tom Cruise sont en quelque sorte l’incarnation même de ce principe.

Voir Ethan Hunt courir pendant une période de temps démesurée, ça souligne implicitement que la mission est impossible, mais que quelqu’un est sur le coup quand même. Quand Cruise prend ses jambes à son cou, c’est sa manière à lui de nous montrer que son personnage fait son possible et essaie vraiment de se sortir du pétrin, sans jamais avoir à verser dans les gros plans et le jeu sophistiqué. Tom Cruise connaît ses forces et ses faiblesses et il exploite la gamme d’émotions à sa portée avec une confiance bâtie par le succès et la répétition.

Quand Cruise prend ses jambes à son coup, c’est sa manière à lui de nous montrer que son personnage fait son possible et essaie vraiment de se sortir du pétrin, sans jamais avoir à verser dans les gros plans et le jeu sophistiqué

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La foulée démentielle du Benjamin Button de Syracuse est aussi une façon de mettre de l’avant son diminutif physique. Mesurant à peine 1,70 m, Cruise est passé maître dans l’art d’avoir l’air d’un underdog. D’un gars pas du tout prêt à affronter l’adversité, mais qui le fait quand même parce qu’il a le sens des responsabilités et SURTOUT parce que tout le monde le sous-estime. Bref, ce qu’il faut comprendre à propos de la course iconique de Tom Cruise, c’est que c’est pour lui une manière de rendre ses personnages attachants sans vraiment verser dans les complexités du travail d’acteur, et ça fonctionne à tout coup.

Est-ce que Tom Cruise est bon coureur ?

La question qui demeure, c’est : nous ment-il ? Est-ce que Tom Cruise cache habilement un pied bot à l’aide d’angles de caméra ? Est-il capable de battre votre grand-mère au 100 m ?

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C’est une question que s’est posée le site sportif américain ESPN à la sortie de Tom Gun : Maverick. Selon l’entraîneure universitaire Caryl Gilbert Smith, la technique de course de Cruise s’améliore d’année en année et même de film en film. Elle évalue qu’il aurait atteint un niveau très avancé en matière d’accélération et de foulée vers 2004, pour le film Collateral.

« C’est à partir de ce moment-là qu’on peut y observer une vraie technique. Il a clairement été suivi par un professionnel », explique-t-elle au journaliste Ryan Hockensmith. « J’ai aussi l’impression qu’il fait ça dans ses temps libres. Ça expliquerait une courbe d’amélioration aussi systématique. »

S’il y a quelque chose à retenir de l’excellence dramatico-dynamique de Tom Cruise, c’est que le diable est dans les détails. Pour transcender ses limites et connaître du succès, il faut se concentrer sur ce qu’on sait faire et le faire mieux que quiconque.

Tom Cruise n’a jamais prétendu être Robert de Niro ou même Matthew McConaughey et c’est pour ça qu’on l’aime. Il sait qui il est.

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Le légendaire consultant et théoricien de la gestion Peter Drucker disait dans son ouvrage Managing Oneself qu’une personne qui utilise ses forces peut aspirer à exceller, alors qu’une personne qui met l’emphase sur ses faiblesses n’aspire qu’à la médiocrité. Tom Cruise n’a jamais prétendu être Robert de Niro ou même Matthew McConaughey et c’est pour ça qu’on l’aime. Il sait qui il est à l’écran. Il sait comment se faire aimer.

Bon anniversaire, Tom Cruise ! Je te souhaite de continuer à courir pour notre divertissement le plus profond et complet. Ne te casse pas une hanche, quand même !