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Titanic : j’pensais savoir à quoi m’attendre, mais en fait pas du tout

Personne ne m'avait dit à quel point ce film était dark.

Par
Benoît Lelièvre
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Ma copine et moi, on passe habituellement le temps des Fêtes dans sa famille. On se fait une semaine tous ensemble : ses parents, la famille de son frère, celle de sa soeur et nous. On se fait des grosses bouffes, on veille tard et on passe du bon temps.

Un de mes plaisirs coupables à l’hôtel, c’est de regarder de la télé nulle. C’est comme manger un pot complet de crème glacée menthe & pépites de chocolat pour mon âme.

Bien sûr, on n’a pas été capables de faire ça en 2020. On s’est donc fait un staycation à deux à l’hôtel pendant deux jours, question de sortir de la maison et se faire plaisir. Forfait tout-inclus à la chambre. Confinés, mais juste pas entre les mêmes quatre murs. Un de mes plaisirs coupables à l’hôtel, c’est de regarder de la télé nulle. C’est comme manger un pot complet de crème glacée menthe & pépites de chocolat pour mon âme. En tant que fier cord cutter depuis 2013, je ne m’ennuie pas de la télé, mais je m’ennuie de m’ennuyer devant du contenu insignifiant. Ne cherchez pas à comprendre.

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Cette année, on est tombés sur le film de James Cameron Titanic. Bien qu’il ait fracassé tous les records, j’ai toujours refusé de regarder ce film depuis sa sortie en 1997. Trop long. Le sujet ne m’intéressait pas et à l’âge de 14 ans, je m’en battais profondément les couilles de la gueule d’ange du jeune Leonardo Di Caprio. Je ne suis pas extrêmement fan de James Cameron non plus. Il n’est pas mauvais, mais il semble souvent plus intéressé à faire des choses techniquement compliquées qu’à faire des bons films.

– Ah, tiens. J’ai jamais vu ce film-là, dis-je en conjurant le moins d’intérêt possible dans ma voix.

– J’ai vu ça en salle avec mes parents. Il a fallu que je sorte avant la fin.

– Pourquoi donc ?

– J’ai fait une crise de panique.

Il n’en fallait pas plus pour me convaincre de m’assoir bien sagement sur le lit et d’attendre ma propre crise d’angoisse… et elle est venue ! Alerte aux « divulgâcheurs » / spoilers pour Titanic, pour les huit personnes qui ne l’ont pas encore vu.

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La mort dans le coeur

Depuis maintenant 23 ans, on m’a vendu Titanic comme une belle histoire d’amour shakespearienne, où deux jeunes amants sont séparés par le destin… mais c’est pas ça du tout. C’est surtout l’histoire (réelle) d’un putain de gros bateau qui fait traverser l’Atlantique à des gens de toutes les classes sociales et qui coule dans le coin de Terre-Neuve. C’est une belle chose en théorie, sauf qu’en pratique la fracture entre les classes sociales mine l’expérience pour bien du monde sur le navire, surtout – sans surprise – pour ceux qui ne sont pas riches.

L’idée de James Cameron, qui a fait de Titanic le film romantique le plus populaire de tous les temps, est la suivante : s’il y a une chose que les riches ne peuvent pas se payer, c’est l’amour. L’histoire de Titanic tourne donc autour d’une relation interdite entre la bourgeoise Rose (interprétée par Kate Winslet) et le jeune va-nu-pieds Jack (Leonardo Di Caprio). Ce dernier brise les règles de la microsociété établie sur le Titanic pour conquérir le coeur de sa douce, au grand dam du fiancé de cette dernière (joué par le bêbête Billy Zane). C’est censé être mignon, mais….

Au final, c’est le fiancé de Rose qui gagne. Il réussit presque à séparer Rose et Jack, et garde ce dernier sur le bateau assez longtemps pour qu’il se sacrifie afin d’assurer la survie de sa bien-aimée.

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Rose et Jack ne gagnent pas. Le fait saillant de leur relation est d’avoir consommé leur amour (!) dans une voiture stationnée et d’avoir fait des nudes ensemble. Au final, c’est le fiancé de Rose qui gagne. Il réussit presque à séparer Rose et Jack, et garde ce dernier sur le bateau assez longtemps pour qu’il se sacrifie afin d’assurer la survie de sa bien-aimée. Jamais elle n’aura eu l’occasion de prendre une décision difficile pour affirmer son amour envers lui.

Tout ce qui reste à Rose, c’est le souvenir de son homme qui disparaît dans un océan sombre et froid. De quoi la garder sur le divan du psychanalyste pendant des années.

https://www.youtube.com/watch?v=KrWbRSFiEHM

La mort en mer

Ce qui rend ce film aussi terrifiant que déprimant, c’est sa dernière heure. Parce que oui, le bateau coule pendant presque la moitié du film. Pendant tout ce temps-là, la seule chose qu’on voit, c’est des milliers de personnes qui sombrent vers la mort. Regardez plus haut à quel point le behind-the-scenes est terrifiant.

Oui, le bateau coule pendant presque la moitié du film.

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C’est là que j’ai compris pourquoi ma copine avait fait une crise de panique. Être coincé à des heures de la côte, avec des milliers d’inconnus qui essaient de te passer sur le corps pour survivre, c’est anxiogène à fond. En plus, l’équipage du bateau enferme les désargentés sur les étages inférieurs alors que l’eau monte pour que les riches rejoignent les embarcations de secours de manière ordonnée.

Certains sont coincés sous le pont. D’autres se battent pour une place dans l’embarcation. Mal informés, les membres de l’équipage font partir les rescapés en groupes de 12, alors que les petits bateaux peuvent accueillir une soixantaine de personnes. Une chose devient alors certaine sur le pont du Titanic : plusieurs vont mourir et tout le monde se met à se battre pour sa vie. Aaaaaah!

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Comme si le film n’était pas assez rude sur le système nerveux, James Cameron a pensé faire un clin d’oeil à la fameuse citation du dictateur Joseph Staline : « La mort d’un homme est une tragédie, la mort d’un million d’hommes est une statistique » à la toute fin, en nous montrant directement le fardeau humain du naufrage du Titanic dans une scène digne des plus grands films d’horreur : on y voit des milliers de corps morts gelés qui flottent dans l’océan en silence… PLUSIEURS SECONDES. AAAAAH ! La scène remet en perspective toute la panique vécue dans la dernière heure. Les victimes ne sont pas simplement disparues dans l’océan. On les voit subir cruellement leur destin, poussés par le courant.

Non, Titanic n’est pas un film d’amour. C’est un film sur la futilité de tomber amoureux et le sombre destin qui nous attend tous. Ce n’est pas un mauvais film, mais ce n’est pas un BEAU film. Vous pouvez définitivement faire mieux pour la Saint-Valentin. Massacre à la Tronçonneuse serait un choix plus avisé. C’est plus facile de désarmer un fou avec une tronçonneuse que la mort elle-même.

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La seule raison pour laquelle je regarderais Titanic une nouvelle fois, c’est pour convaincre quelqu’un de ne pas partir en croisière. Quand les voyages reprendront, partez donc faire le tour du monde en vélo, bordel.