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Tinder : plus jamais deux sans trois

Deux + une.

Par
Inès Barry
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Même si certains résistent encore et toujours à l’envahisseur, une majorité a froissé et jeté à la poubelle sa promesse de ne jamais télécharger Tinder. « Ben ouais mais en même temps avec le confinement… » Tatata, reconnaître c’est un pas vers le pardon et donc vers la rédemption. Et même s’il a fallu glisser quelques principes sous le tapis, on a fini par se prendre au jeu de la swipe (c’est pas de notre faute mais celle de notre addiction à l’algorithme). Alors c’est simple : si vous êtes une femme ayant coché la catégorie femmes, vous n’avez pas dû vous promener longtemps avant de tomber sur « Eux » : le couple hétéro qui cherche à pimenter sa relation. Alors bien sûr, on aimerait bien savoir si se joindre à Elle & Il s’apparente de près ou de loin à la scène dans Love de Gaspard Noé. Toujours est-il que pour Vénus*, c’était Berlin, shoot d’hormones et histoire que tu racontes le lendemain à tous tes BFF pour les rendre jaloux. Elle nous raconte.

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J’ai décidé de télécharger Tinder pendant le confinement. Je n’avais jamais essayé avant. Je ne pensais pas que c’était mon truc. J’avais raison, ça l’était vraiment pas. Parmi la panoplie de rencontres gênantes, décevantes ou même problématiques que j’ai pu avoir, le plan à trois a été de loin ma meilleure expérience. J’ai matché avec un couple trop canon. Lola* et Eliot* : une Suédoise et un Australien. J’te fais pas un dessin. J’y croyais pas trop au début, un catfish peut-être. Mais ma coloc, très expérimentée en plans à trois spontanés avec des couples, m’a poussée à le faire. La dernière fois que j’avais baisé, c’était avec un sugar daddy que j’avais rencontré sur une appli aussi. C’était elle qui m’avait motivée à le voir.

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Bref, j’avais 21 ans, en plein confinement, avec une soif de nouvelles expériences.

On n’a pas beaucoup discuté sur l’appli. Ils m’ont dit très clairement qu’ils voulaient juste un coup d’un soir. Lui, hétéro; elle, bi. On n’a pas essayé d’apprendre à se connaître sur la plateforme, ce qui m’a rassurée parce que j’ai horreur de ça. Il n’y a rien de pire que le small talk digital.

Je n’avais aucune expérience avec des couples et je n’avais jamais fait de plan à trois.

Le jour J, j’ai regardé The Dreamers de Bertolucci dans mon bain. Comme une ado. J’avais peur de ne pas être assez excitée. Peut-être que je cherchais de l’inspi aussi. On s’est donné rendez-vous chez eux. Ils habitaient à une vingtaine de minutes de chez moi. C’est sur le chemin que j’ai le plus paniqué. J’ai perdu toute confiance en moi et me demandais pourquoi j’avais décidé de me mettre dans une situation dont je n’étais clairement pas à la hauteur. Je n’avais aucune expérience avec des couples et je n’avais jamais fait de plan à trois.

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Bref, c’était con d’abandonner maintenant, si proche du but. Donc j’y suis allée.

Arrivée à l’appart, j’étais choquée. Ils étaient encore plus frais que sur leurs photos. En plus, ils étaient ultra amoureux (ce qui m’intimidait vraiment). On a discuté pendant quatre heures sur le canapé.

Lui me parlait de bitcoin. Moi je ne captais rien mais je souriais parce qu’il était trop beau. Sa copine me regardait le regarder et souriait.

C’était super chill. Limite trop chill parce qu’on ne bougeait pas du canapé. Mais j’avais peur de faire le premier pas. Du coup, j’allais souvent aux toilettes pour qu’ils discutent tous les deux.

Ils ont joui en même temps. Ils étaient beaux et amoureux. J’ai encore des flashs de cette nuit-là.

Au bout d’un moment, Eliot me dit : « On t’aime bien ». Là je bégaie un « moi aussi ».

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Puis Lola nous propose d’aller dans la chambre. Une fois sur le lit, Eliot nous demande si on connait le téléphone arabe. Mais il avait un peu modifié les règles du jeu: le premier doit embrasser un autre, puis l’autre doit reproduire le baiser avec la même passion au troisième. J’ai beaucoup ri. Je trouvais que c’était un moyen créatif de briser la glace.

Les bisous ont duré plus longtemps et on a fini par oublier qu’on jouait à un jeu. Lola et moi on a commencé à baiser. C’était ma troisième fois avec une fille. C’était très doux. Puis Eliot a fini par nous rejoindre et on a fait l’amour à trois. Ils m’ont vraiment mise à l’aise.

Bizarrement, le plus intense c’était quand je regardais Lola et Eliot. Je me sentais un peu voyeuriste au début mais j’ai vite compris que ça faisait partie de la baise. Ils ont joui en même temps. Ils étaient beaux et amoureux. J’ai encore des flashs de cette nuit-là.

Après la baise, on s’est fait des caresses dans le lit et on discutait.

Je leur posais plein de questions sur leurs expériences à trois. Eux aussi me posaient beaucoup de questions. Ils m’ont proposé de dormir à la maison. Je ne voulais pas. J’avais besoin de digérer cette expérience de dingue.

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Je leur ai dit que j’avais une dissert’ à rendre très tôt le lendemain matin. C’était carrément faux. Ils ont insisté pour me payer un Uber. J’ai refusé, « Je peux rentrer en métro ». Ça doit être mon seul regret. Il était 4h et il n’y avait plus de métros. J’ai mis une heure pour rentrer.

Sans vouloir être cliché, je recommande fortement les plans à trois à Berlin. Le rush de dopamine a duré une semaine, au moins.