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Tiens, le manuel de sabotage contre le fascisme redevient tendance

Étonnant, n'est-ce pas ?

Par
Louise Pierga
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Un guide de sabotage contre le fascisme écrit durant la Seconde Guerre mondiale connaît un étrange retour de succès sur le Projet Gutenberg. On se demande bien pourquoi, tout va bien dans le monde, non ? NON ?

Dommage que Noël soit déjà passé parce que le Manuel de sabotage simple sur le terrain (Simple Sabotage Field Manual) ferait un super cadeau, gratuit de surcroît, il a été mis à disposition sur le site du Projet Gutenberg, une bibliothèque numérique qui procure des dizaines de milliers d’œuvres tombées dans le domaine public. En effet, ce petit manuel produit par William Donovan, alors directeur de l’OSS (Office of Strategic Service, ex-CIA) et publié pour la première fois en 1944 a été déclassifié par la CIA en 2008 et connaît depuis quelques semaines un succès inattendu.

Le site 404 Media révèle que l’ouvrage est de loin le plus téléchargé sur le site du Projet Gutenberg (il dépasse les 230 000 téléchargements sur les 30 derniers jours, de quoi faire pâlir l’éditeur de Marc Levy). Est-ce que cela aurait quoique ce soit à voir avec le fait que Elon Musk fasse des saluts nazis OKLM ou que Trump fasse une adaptation IRL de Handmaid’s Tale ? MEUH NAAAAAAAN.

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En effet, même si ça pique le palais de reconnaître que le fascisme progresse gentiment partout dans le monde, de peur d’en faire vérité performative (un peu comme quand tous les médias disaient que Zemmour allait se présenter à la présidentielle et que du coup bah il l’a fait ce con), il y a quelques raisons de flipper et de se procurer ce précieux manuel AU KAZOU.

Et que trouve-t-on dans ce petit ouvrage de sabotage DIY ? Des méthodes pour foutre le bordel en devenant un petit caillou dans les rouages bien huilés de la productivité nazie. Un ensemble de conseils pratiques pour un sabotage discret, irritant et durable qui rendent cet ouvrage plutôt truculent et pas si éloigné de mouvances contemporaines telles que le quiet quitting (qui consiste à ne faire que les missions indiquées dans sa fiche de poste sans s’investir davantage) ; bien que cette dernière ne reflète pas un désir de sabotage anti-fasciste mais plutôt une marque de désintérêt pour son travail. Elle pourrait toutefois trouver sa place dans ce manuel qui s’avère utile depuis l’investiture de Trump (date à partir de laquelle le document est devenu viral). D’ailleurs comme le raconte cet article de l’ADN, de nombreux tiktokeurs adoptent déjà des messages codés sur le réseau chinois pour lutter contre la censure trumpiste.

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“Crever des pneus, vider des réservoirs de carburant, déclencher des incendies, déclencher des disputes, agir stupidement, court-circuiter des systèmes électriques, abîmer des pièces de machines” Autant de conseils à mettre en application dans son travail (il faut bien sûr se remettre dans le contexte guerrier des années 40). On incite les citoyens comme vous et moi à prendre innocemment de mauvaises décisions, à agir stupidement de son plein gré, à susciter des conflits pour entraver la communication interne.

Dans une société fasciste, il y a tout à gagner à devenir un employé raté, maladroit et nul car “tout cela gaspille du matériel, de la main-d’œuvre et du temps”. Si tout le monde s’y met, ce sabotage insidieux pourrait nuire au bon fonctionnement du régime en place et constituer un effort de guerre contre l’ennemi.

Après les écogestes pour lutter contre le réchauffement climatique, y-aurait-il des “antifa-gestes” pour résister sans éveiller de soupçons ? Personnellement, ça me donne envie de mettre mon incompétence au service de CNews pour faire des bourrages papier dans toutes les imprimantes de la rédaction et mettre les rouleaux de PQ dans le mauvais sens afin de rendre maboule Pascal Praud.

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