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The Office a 20 ans : itinéraire d’une série adorée
Retour en 2005. Dunder Mifflin, ses locaux chiants tapissés de moquette, sa lumière agressive et son manager aussi border qu’attendrissant débarquent sur NBC. L’adaptation US devient rapidement plus populaire que sa version originale britannique, avant d’être bingée à l’infini sur Netflix une quinzaine d’années plus tard. Retour sur l’histoire de la sitcom qui a fait de Scranton, petite ville paumée de Pennsylvanie, une attraction pour des fans du monde entier.
Avant Michael Scott, la matrice de David Brent
L’histoire de The Office (US) commence par celle de The Office (UK). En 2001, Ricky Gervais et Stephen Merchant créent une série de bureau sous la forme d’un mockumentaire – un faux documentaire – à destination de la BBC. En deux saisons, ils nous invitent dans les bureaux de Wernham Hogg, une médiocre entreprise de papier. La boîte est managée par David Brent, un boss puéril et populaire auprès de son équipe seulement dans sa tête. La série, bercée d’un humour incisif qui surfe sur le malaise et le politiquement incorrect, trouve son public au Royaume-Uni avant de se conclure par un épisode spécial de Noël en deux parties, diffusées en décembre 2003.
Deux ans plus tard, le scénariste, producteur et réalisateur américain Greg Daniels s’empare de The Office et de son humour british pour en proposer une version adaptée à la télé américaine. Porté par Steve Carell dans le rôle-titre, mais aussi par Rainn Wilson, Jenna Fischer ou encore John Krasinski, The Office (US) arrive sur la NBC. C’est cette fois la petite compagnie de Dunder Mifflin qui est au centre d’un supposé documentaire reprenant les mêmes codes que la version UK : interviews, caméra à l’épaule et plans non stabilisés. L’humour se niche dans les silences, le comique de répétition, l’absurde et des regards caméra exaspérés par Michael Scott. Sous le costume sérieux du boss d’entreprise, ce dernier a la maturité d’un gosse de dix ans – il a des jouets dans son bureau – dont les frasques viennent secouer un quotidien morne et routinier.
Des audiences pas convaincantes
La première saison américaine reprend de très près son œuvre originale, humour acide compris. Avec seulement six épisodes, Greg Daniels avance prudemment et les audiences lui donnent raison. Le pilote réunit 11 millions de téléspectateurs mais les audiences dégringolent à 6 millions de téléspectateurs pour le sixième épisode. On reproche au pilote d’être un copier-coller de la version UK et les blagues cruelles de Michael n’amusent pas toujours. L’adaptation américaine pourrait bien s’arrêter là, mais Kevin Reilly, le directeur du divertissement de la NBC, milite pour que la série ne soit pas annulée. La même année, Steve Carell tient le rôle principal de 40 ans toujours puceau qui engrange près de 180 millions de dollars au box-office. Il excelle tant dans l’incarnation du mec ringard et affectueux que Michael Scott est réécrit : version adoucie de David Brent, il devient ce boss immature, maladroit et attaché à ses collaborateur·ices.
Tous les ingrédients sont réunis pour que le manager de la filiale de Scranton déclenche rires et larmes, entre caprices de gosse et attentions envers des collègues qu’il considère comme sa famille – comme quand Michael est le seul à soutenir Pam lorsqu’elle expose ses œuvres. Le public suit aussi le lèche-bottes psychorigide le plus iconique du petit écran alias Dwight Schrut, et une romance entre Pam et Jim qui tient en haleine sur plusieurs saisons. Les audiences remontent dès le début de la deuxième saison et l’Amérique s’entiche de ce huis clos en open space. Plantée dans un bureau banal, dans une ville banale avec des personnages en apparence banals, The Office distille un savoureux mélange de comique cringe et attachant.
Une série prête à binger
Déjà culte outre-Atlantique, la série se termine après 9 saisons. Jusqu’à ce qu’une quinzaine d’années plus tard, Netflix rachète les droits de diffusion et lui offre un second souffle. Le confinement de 2020 est le moment idéal pour binger les 192 épisodes au point que cette année-là, The Office est la série la plus regardée sur Netflix aux États-Unis. “Netflix a aidé à rendre The Office extraordinairement populaire, plus populaire qu’il ne l’était quand il était diffusé sur notre chaîne” admet Bob Greenblatt, le président de NBC Entertainment.
Steve Carell, lui, réalise le succès massif de la série auprès de la gen Z après son arrivée sur la plateforme de streaming, en faisant le tour des facs avec sa fille : “Je n’avais aucune idée que c’était devenu aussi populaire sur les campus universitaires, et ça a un peu effrayé ma fille parce que c’était devenu quelque chose. Elle allait bien, mais je pense que c’est la première fois que j’ai senti un changement de température”, raconte-t-il au micro de Brian Baumgartner qui prête ses traits au personnage de Kevin. Depuis 2020, plusieurs podcasts dévoilent les coulisses de la série : The Office Deep Dive et An Oral History of The Office tenus par Brian Baumgartner ou encore Office Ladies de Jenna Fischer (Pam) et Angela Kinsey (Angela). Une manière de repousser, encore un peu, ses adieux à Dunder Mifflin.